Page 134 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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vol du crédit de la nation et de création d’argent avec intérêt. Ils
mirent donc tout en oeuvre pour saboter l’oeuvre de Lincoln. Lord
Goschen, porte-parole des Financiers, écrivit dans le London Times
(citation tirée de Who Rules America, par C. K. Howe, et reproduite
dans Lincoln Money Martyred, par R. E. Search):
«Si cette malveillante politique financière provenant de la Ré-
publique nord-américaine devait s’installer pour de bon, alors, ce
gouvernement fournira sa propre monnaie sans frais. Il s’acquit-
tera de ses dettes et sera sans aucune dette. Il aura tout l’argent
nécessaire pour mener son commerce. Il deviendra prospère à un
niveau sans précédent dans toute l’histoire de la civilisation. Ce
gouvernement doit être détruit, ou il détruira toute monarchie sur
ce globe.» (La monarchie des contrôleurs du crédit.)
Tout d’abord, dans le but de discréditer les greenbacks, les
banquiers persuadèrent le Congrès de voter , en février 1862, la
«Clause d’Exception», qui stipulait que les greenbacks ne pou-
vaient être utilisés pour payer l’intérêt sur la dette nationale. Ensui-
te, ayant financé l’élection d’assez de sénateurs et de députés, les
banquiers firent voter par le Congrès en 1863 le retrait de la loi des
Greenbacks et son remplacement par le National Banking Act (Loi
des Banques Nationales, où l’argent serait créé avec intérêt par des
compagnies privées).
Cette loi stipulait aussi que les greenbacks seraient immédia-
tement retirés de la circulation aussitôt leur retour au Trésor pour
paiement des taxes. Lincoln protesta énergiquement, mais son ob-
jectif le plus pressant était de gagner la guerre et de sauver l’Union,
ce qui l’obligea à remettre après la guerre le veto qu’il projetait
contre cette loi et l’action qu’il entendait prendre contre les ban-
quiers. Lincoln déclara tout de même: «J’ai deux grands ennemis:
l’armée du Sud en face et les banquiers en arrière. Et des deux, ce
sont les banquiers qui sont mes pires ennemis.»
Lincoln fut réélu Président en 1864 et fit clairement savoir qu’il
s’attaquerait au pouvoir des banquiers une fois la guerre terminée.
La guerre se termina le 9 avril 1865, mais Lincoln fut assassiné cinq
jours plus tard, le 14 avril. Une formidable restriction du crédit s’en-
suivit, organisée par les banques. L’argent en circulation dans le
pays, qui était de 1907 millions $ en 1866, soit 50,46 $ pour chaque
Américain, tomba à 605 millions $ en 1876, soit 14,60 $ par Amé-
ricain. Résultat: en dix ans, 54 446 faillites, pertes de 2 milliards $.
Cela ne suffisant pas, on alla jusqu’à réduire la circulation d’argent
à 6,67 $ par tête en 1867!