Page 129 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Crédit social, démocratie économique  129

        ceux qui réclamaient Paul qui obtiennent le contraire de leur choix.
            Le  vote  économique,  lui,  vous donne  toujours ce  que  vous
        demandez, et il donne à votre voisin ce que votre voisin demande,
        même si tous les deux vous demandez des choses toutes différen-
        tes. Il y a diversité de produits pour diversité de goûts, et satisfac-
        tion possible pour tous.
            Vous sortez des bulletins de vote, des piastres, de votre porte-
        monnaie et vous dites: C’est pour du beurre — le marchand ne
        vous donnera pas des confitures. Votre voisin sortira ses bulletins
        de vote, ses piastres, et dira: C’est pour des confitures — le mar-
        chand ne lui donnera pas du beurre.
            Vous votez ainsi sur toute la ligne: pour des souliers bruns ou
        des souliers noirs; pour une paire de pantalons ou un voyage en
        chemin de fer; pour un appareil de télévision ou un cercueil.
            Vos bulletins de vote économique vous obtiennent ce que vous
        voulez, ce que vous choisissez individuellement. Et ce que vous
        avez choisi, le marchand le renouvelle dans son stock en passant
        une commande au producteur, agricole ou industriel. Et l’industriel
        produira les choses qui s’écoulent ainsi, pas celles pour lesquelles
        personne ne vote.
            C’est ainsi que votre choix détermine les programmes de pro-
        duction, dicte quoi produire, sans dire le moins du monde com-
        ment faire pour le produire. Ce «comment» n’est pas votre affaire,
        c’est l’affaire du producteur, et vous savez que ce n’est pas un pro-
        blème pour la production moderne.
            Il en va ainsi dans la mesure où vous avez les bulletins, les
        piastres. Celui qui n’en a pas ne commande rien. Il ne vote pas. Il
        n’influence en aucune manière la production de son pays. Il n’est
        pas en démocratie économique. Et la démocratie politique, dans
        ces conditions, signifie peu de chose pour lui.
            Cet  homme, cette  femme, ce consommateur dénué de bul-
        letins de vote économique, à la merci de la pitié des autres, ça
        se trouve aujourd’hui, sous notre système de dictature d’argent.
        Mais ça ne se verra plus sous un régime de véritable démocratie
        économique, sous un régime de Crédit Social.
                                                                                       Louis Even
            Question: Dans vos mots, expliquez pourquoi
        le Crédit Social peut être défini comme étant une
        «démocratie économique».
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