Page 127 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Crédit social, démocratie économique 127
ces bulletins qui lui permettent de voter pour tels et tels produits
de son choix.
C’est ce que ferait le Crédit Social en attachant un revenu ba-
sique à chaque personne, quels que soient son âge, son sexe, son
occupation, la couleur de sa peau ou ses croyances politiques ou
religieuses.
Ce revenu basique, ce premier droit sur la capacité de pro-
duction du pays, devrait être au moins suffisant pour procurer le
nécessaire. Il n’est pas admissible qu’un seul citoyen manque du
nécessaire dans un pays de production possible excédentaire.
En style créditiste, ce revenu basique, reçu à seul titre de
membre de la société, s’appelle «dividende social», soit national
soit provincial, selon que le régime est institué nationalement ou
provincialement. Le dividende est le véritable instrument de la
franchise économique universelle.
Les piastres gagnées en salaires, en traitements, en honorai-
res, en profits, en dividendes industriels, sont aussi des bulletins de
vote économique; mais des bulletins conditionnés par telle ou telle
situation de celui qui les reçoit. Le salaire est lié à l’embauchage.
Tout le monde ne peut pas être embauché. Les enfants ne peuvent
pas l’être, ni les malades, ni les vieillards, ni les mères de famille qui
accomplissent leur fonction propre, ni bien des personnes valides
déplacées par des machines qui produisent plus et mieux qu’elles.
Le dividende à tous est le seul bulletin de vote économique
vraiment démocratique. Le Crédit Social est la formule la plus
avancée de démocratie économique.
Et cela n’enlève rien à l’initiative privée, à l’entreprise privée. Le
bulletin de vote économique demande des résultats — des biens
répondant aux besoins. Il laisse le système producteur voir aux
moyens de fournir ces biens. Le mécanisme actuel de production
le fait efficacement; et s’il n’y avait pas d’entraves financières, il
le ferait encore mieux. Surtout, s’il n’y avait pas insuffisance de
bulletins de vote économique, insuffisance de piastres chez les
consommateurs, les produits iraient aux besoins. La distribution
serait aussi efficace que la production. N’est-ce pas ce que veulent
les producteurs, aussi bien que les consommateurs?
Il est faux de blâmer l’entreprise privée pour un mal qui est
d’ordre financier, et non pas d’ordre producteur. Au lieu de vouloir
changer le statut du producteur, c’est le statut du financier qu’il faut
réviser. C’est le système financier, et non pas le système produc-