Page 105 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
P. 105
L’environnement et la question de l’argent 105
acheter les produits qui existent; la population ne peut acheter ce
qu’elle a elle-même produit. Il faut donc créer des besoins inutiles
pour distribuer des salaires pour acheter la production utile déjà
faite. (Voir en pages 88 et suivantes, l’explication du théorème A +
B et le manque de pouvoir d’achat.)
Redéfinir la croissance
De là vous pouvez imaginer tout l’effet que ces politiques éco-
nomiques insensées ont sur l’environnement. Par exemple, on
parle de croissance, de la nécessité pour les pays de produire tou-
jours plus, d’être plus compétitifs. En réalité, un pays devrait être
capable d’augmenter, stabiliser ou diminuer sa production selon
les besoins de sa population, et dans bien des cas, une diminution
de la production pourrait s’avérer le choix le plus approprié.
En effet, si pendant deux années, on a pu fournir à chaque foyer
une machine à laver devant durer 20 ans, il serait tout à fait insensé
de continuer de produire encore plus de machines à laver! L’indus-
triel américain Henry Ford aurait dit que le but d’un bon manufactu-
rier d’automobiles devrait être de fabriquer une voiture familiale de
qualité qui durerait toute la vie. La construction d’une telle voiture
est techniquement possible, mais l’industrie automobile prend une
place tellement considérable dans notre économie, que si de telles
autos étaient construites, cela créerait un véritable chaos économi-
que: que ferait-on de tous ces travailleurs, comment les tiendrait-
on employés, au nom du sacro-saint principe du plein emploi?
Si on ne pense qu’en termes financiers, la croissance semble
une nécessité, mais d’un point de vue réel, en termes de biens phy-
siques, elle est insensée.
Ce thème du «consumérisme» (la création de besoins artificiels
pour faire fonctionner l’économie) a été développé dans un arti-
cle intitulé «Green — Where Money is Concerned» (L’écologie et
la question de l’argent), publié dans le numéro de l’été 1991 de la
publication anglaise The Social Crediter. En voici des extraits:
«Les effets de cette activité économique sur l’environnement
sont énormes. Des milliers d’intrusions nuisibles sur la nature
sont justifiées sous prétexte qu’elles distribuent des revenus dans
les poches des gens. On accepte la production de biens de mau-
vaise qualité et qui, à dessein, deviennent vite démodés, parce
qu’ils garantissent un remplacement rapide des biens, et soutien-
nent l’activité économique, en tenant le plus de monde employé
possible... La production ainsi obtenue est fièrement comptabi-