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u ce (cf. Dt 25, 13-16); payer d’injustes salaires (cf. Dt La doctrine sociale de l’Église propose des prin-
24, 14-15; Jc 5, 4) ; hausser les prix en spéculant sur cipes de réflexion; elle dégage des critères de juge-
l’ignorance ou la détresse d’autrui (cf. Am 8, 4-6). ment; elle donne des orientations pour l’action:
Sont encore moralement illicites: la spéculation Tout système suivant lequel les rapports sociaux
par laquelle on agit pour faire varier artificiellement seraient entièrement déterminés par les facteurs éco-
l’estimation des biens, en vue d’en tirer un avantage nomiques est contraire à la nature de la personne hu-
au détriment d’autrui; la corruption par laquelle on maine et de ses actes (cf. Centesimus annus 24).
détourne le jugement de ceux qui doivent prendre Une théorie qui fait du profit la règle exclusive
des décisions selon le droit; l’appropriation et l’usage et la fin ultime de l’activité économique est morale-
privés des biens sociaux d’une entreprise; les travaux ment inacceptable. L’appétit désordonné de l’argent
mal faits, la fraude fiscale, la contrefaçon des chèques ne manque pas de produire ses effets pervers. Il est
et des factures, les dépenses excessives, le gaspillage. une des causes des nombreux conflits qui perturbent
Infliger volontairement un dommage aux propriétés l’ordre social (cf. Gaudium et apes 63, § 3; Laborem
privées ou publiques est contraire à la loi morale et exercens 7; Centesimus annus 35).
demande réparation. Un système qui «sacrifie les droits fondamentaux
Le respect de l’intégrité de la création des personnes et des groupes à l’organisation collecti-
Le septième commandement demande le respect ve de la production» est contraire à la dignité de l’hom-
de l’intégrité de la création. Les animaux, comme les me (Gaudium et spes 65). Toute pratique qui réduit
plantes et les êtres inanimés, sont naturellement des- les personnes à n’être que de purs moyens en vue du
tinés au bien commun de l’humanité passée, présen- profit, asservit l’homme, conduit à l’idolâtrie de l’argent
te et future (cf. Gn 1, 28-31). L’usage des ressources et contribue à répandre l’athéisme. « Vous ne pouvez
minérales, végétales et animales de l’univers, ne peut servir à la fois Dieu et Mammon» (Mt 6, 24; Lc 16, 13).
être détaché du respect des exigences morales. La L’Église a rejeté les idéologies totalitaires et
domination accordée par le Créateur à l’homme sur athées associées, dans les temps modernes, au
les êtres inanimés et les autres vivants n’est pas abso- «communisme» ou au «socialisme». Par ailleurs, elle
lue; elle est mesurée par le souci de la qualité de la vie a récusé dans la pratique du «capitalisme» l’indivi-
du prochain, y compris des générations à venir; elle dualisme et le primat absolu de la loi du marché sur
exige un respect religieux de l’intégrité de la création le travail humain (cf. Centesimus annus 10; 13 ; 44).
(cf. Centesimus annus 37-38). La régulation de l’économie par la seule planification
Dieu a confiés les animaux à la gérance de celui centralisée pervertit à la base les liens sociaux; sa ré-
qu’Il a créé à son image (cf. Gn 2, 19-20; 9, 1-4). Il est gulation par la seule loi du marché manque à la justice
donc légitime de se servir des animaux pour la nour- sociale «car il y a de nombreux besoins humains qui
riture et la confection des vêtements. On peut les ne peuvent être satisfaits par le marché» (Centesimus
domestiquer pour qu’ils assistent l’homme dans ses Annus 34). Il faut préconiser une régulation raisonna-
travaux et dans ses loisirs. Les expérimentations mé- ble du marché et des initiatives économiques, selon
dicales et scientifiques sur les animaux sont des prati- une juste hiérarchie des valeurs et en vue du bien
ques moralement acceptables, pourvu qu’elles restent commun.
dans des limites raisonnables et contribuent à soigner L’activité économique et la justice sociale
ou sauver des vies humaines.
Le développement des activités économiques et
Il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir la croissance de la production sont destinés à subve-
inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies. Il est nir aux besoins des êtres humains. La vie économique
également indigne de dépenser pour eux des sommes ne vise pas seulement à multiplier les biens produits et
qui devraient en priorité soulager la misère des hom- à augmenter le profit ou la puissance; elle est d’abord
mes. On peut aimer les animaux; on ne saurait détour- ordonnée au service des personnes, de l’homme tout
ner vers eux l’affection due aux seules personnes. entier et de toute la communauté humaine. Conduite
La doctrine sociale de l’Église selon ses méthodes propres, l’activité économique
L’Église porte un jugement moral, en matière éco- doit s’exercer dans les limites de l’ordre moral, suivant
nomique et sociale, «quand les droits fondamentaux la justice sociale, afin de répondre au dessein de Dieu
sur l’homme (cf. Gaudium et spes 64).
de la personne ou le salut des âmes l’exigent» (Gau-
dium et spes 76, § 5). Dans l’ordre de la moralité elle Justice et solidarité entre les nations
relève d’une mission distincte de celle des autorités Au plan international, l’inégalité des ressources et
politiques: l’Église se soucie des aspects temporels du des moyens économiques est telle qu’elle provoque
bien commun en raison de leur ordination au souve- entre les nations un véritable «fossé» (Sollicitudo rei
rain Bien, notre fin ultime. Elle s’efforce d’inspirer les socialis 14). Il y a d’un côté ceux qui détiennent et dé-
attitudes justes dans le rapport aux biens terrestres et veloppent les moyens de la croissance et, de l’autre,
dans les relations socio-économiques. ceux qui accumulent les dettes.
8 VERS DEMAIN août-septembre 2019 www.versdemain.org