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mettant à tout producteur d’offrir ses produits sur le font nécessairement partie.
marché communautaire, et permettant au consomma- C’est le groupe qui existe pour les membres, et
teur muni d’argent de choisir les produits correspon- non pas les membres pour le groupe. La personne
dant à ses besoins. Ainsi utilisé, le système d’argent doit se trouver enrichie, et non pas noyée ou dimi-
oriente les activités de production vers la satisfaction nuée par son appartenance à un groupe. Cette norme,
des besoins que l’ensemble de la population exprime trop souvent violée, a été rappelée par Jean XXIII dans
par ses achats. son encyclique Mater et Magistra, quand il y traite de
Mais le règlement qui exige d’être employé dans la «multiplication progressive des relations dans la vie
la production pour obtenir du pouvoir d’achat, s’il commune» – multiplication de relations de personnes,
pouvait être bon avant l’ère de la mécanisation et de qu’on a traduite faussement, peut-être à dessein, par
la motorisation, est devenu tout à fait inadéquat à me- le terme ambigu, équivoque, tendancieux de «sociali-
sure que la productivité augmente avec relativement sation».
moins de labeur humain. Au Canada, sur une popu- Les associations, les sociétés de toutes sortes ti-
lation de 20 millions (en 1961, lorsque cet article fut rent donc leur valeur du cas qu’elles font de l’homme.
écrit), moins de 8 millions tirent des C’est à ce critère qu’il faut les juger.
revenus de la production. Et pour-
tant les 12 autres millions doivent Puisque c’est l’organisme éco-
aussi obtenir des produits pour nomique qui nous occupe ici, ce
sont les règlements, les lois, le
vivre.
comportement de la société natio-
La déficience de ce mode de fi- nale en rapport avec la production
nancement des consommateurs est et la distribution des richesses
certainement connue des gouver- matérielles qu’il faut considérer. La
nements, puisque, au nom d’une société nationale, la nation, la nôtre
sécurité sociale que l’obligation de — ce qui s’applique d’ailleurs à tou-
l’emploi ne procure pas à tous, ils tes les nations évoluées suivant le
taxent ceux qui ont pu ainsi obtenir même régime économique, soumi-
du pouvoir d’achat pour en distri- ses au même contrôle de l’argent
buer à ceux qui en manquent. Cette et du crédit. Quel cas y fait-on de
intervention vise à atténuer les ef- l’homme?
fets d’un système déficient, mais ne
cherche pas à le corriger. Comme Personnes humaines
si c’était un système échappant au Dans son étude de 1939, déjà
pouvoir des hommes et dont il faut citée plus haut, le Père Thomas
s’accommoder en réparant ses dé- Landry écrivait:
gâts autant que possible, tout com- «La société se compose de
me dans le cas d’intempéries ou de L’être humain a des besoins à la personnes —
catastrophes de la nature. fois matériels et spirituels – du pain
«Non pas de choses, ni de
L’application des propositions et de l’amour. purs animaux.
financières du «Crédit Social», énoncées par C. H.
Douglas il y a plus d’un demi siècle, corrigerait cette «Mais d’êtres intelligents et libres, doués de la
déficience à sa source. Un mode approprié de dis- vie propre aux esprits, de sujets dont la nature est
tribution de pouvoir d’achat, en conjonction avec un “intellectuelle” et qu’on appelle “personnes”...
ajustement scientifique et social des prix, s’adapte- «Personnes non pas divines ni angéliques, mais
rait souplement à toutes les situations de la produc- personnes humaines. Personnes qui font subsister une
tivité, même avec une automatisation réduisant à âme et un corps, un esprit et une chair; personnes in-
l’extrême le pourcentage de la population employé carnées et soumises au temps. Personnes déficientes
lucrativement dans la production. Mais l’application parce que créées; personnes indigentes dans leur âme
de principes aussi sociaux attend encore le feu vert et dans leur corps et qui cherchent, par leur activité, à
des puissants de la finance que n’osent affronter les satisfaire leurs besoins matériels et spirituels...»
gouvernements devenus leurs valets. Pour les besoins spirituels de l’homme, il y a
Société de personnes l’Eglise, il y a tout l’ordre de la grâce, il y a l’économie
Les associations valent dans la mesure où elles du salut, qui traite magnifiquement l’homme comme
servent le bien des membres qui les composent. Cela personne libre et responsable, comme un être person-
nellement appelé à une destinée éternelle, mais être
est vrai de toute association, petite ou grosse. Cela est social, membre de la société Eglise et bénéficiant lar-
vrai des associations formées librement par des indi- gement, sans autres limites que celles qu’il se fixe lui-
vidus pour des fins spécifiées. Et cela est vrai aussi de même, de l’accès aux richesses inépuisables de cette
la grande société, de la nation, dont tous les citoyens u
société établie par Jésus-Christ.
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