Page 285 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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33. Une finance saine et efficace               283

        Ce crédit financier serait-il encore, comme aujourd’hui, de l’argent
            temporaire, naissant avec le prêt, disparaissant (annulé) avec

            le remboursement ?
            Non. Le prêt ne ferait pas naître le crédit: ce crédit était déjà là,
        sous la garde de la Banque centrale, attendant utilisation.
            De même, le remboursement n’annulerait pas le crédit finan-
        cier, mais le mettrait dans le canal de retour vers la Banque centrale
        d’où il était sorti.
            Ici encore, cela peut sembler ne pas faire grande différence,
        puisque la banque à charte actuelle peut toujours créer une somme
        nouvelle pour faire un autre prêt. Mais la méthode proposée est
        plus conforme au réel. Le crédit financier doit être le reflet, l’ex-
        pression chiffrée de la capacité de production du pays qui seule
        lui donne de la valeur. Or, la capacité de production du pays ne
        disparaît pas quand un emprunteur, après l’avoir mise en oeuvre,
        rembourse le crédit financier emprunté. Pourquoi, alors, le crédit fi-
        nancier qui représente cette capacité de production serait-il annulé,
        même temporairement ?
        Est-ce que le crédit financier sorti de la Banque centrale, et mis
            en circulation par l’entremise des banques commerciales, de-
            vrait rentrer à sa source dans un temps déterminé d’avance,
            comme cela fait aujourd’hui partie des conditions du prêt ?
            Non. Le crédit servant à financer la production sortirait de sa
        source au rythme de la production, d’ordre privé ou d’ordre public;
        et il retournerait à sa source au rythme seulement de la consomma-
        tion, ou de la dépréciation, d’ordre privé ou d’ordre public.
            Il ne serait pas conforme aux faits d’exiger ce retour plus vite
        que la consommation, comme on le fait aujourd’hui, surtout pour
        les biens publics. On violente le réel quand on fait payer la consom-
        mation, la dépréciation, plus vite qu’elle n’a lieu. On contredit le réel
        quand on ôte de la circulation par les taxes, en vue de rembour-
        sements, deux fois le prix d’un aqueduc, d’un pont, d’un édifice
        scolaire, deux fois avant même qu’il soit complètement déprécié,
        avant qu’il soit «consommé» une fois! (Et vraiment, comment peut-
        on le consommer deux fois?)
        Cela  veut-il dire qu’aujourd’hui il n’y a pas de rapport entre le
            mouvement de l’argent et le mouvement de la richesse réelle ?
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