Page 254 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
P. 254

252        33. Une finance saine et efficace

        D’où ce «crédit financier», ces moyens de paiement tirent-ils leur
            valeur ?
            Le crédit financier tire sa valeur du «crédit réel». C’est-à-dire de
        la capacité de production du pays. Le dollar, de n’importe quelle
        forme, n’a  de valeur  que parce que la production du pays peut
        fournir des produits pour y répondre. On peut bien appeler cette
        capacité de produire «crédit réel», parce que c’est un facteur réel de
        confiance. C’est le crédit réel d’un pays, sa capacité de production,
        qui fait qu’on a confiance de pouvoir vivre dans ce pays.

        A qui appartient ce «crédit réel» ?
            C’est un bien de la société. Sans doute que des capacités indivi-
        duelles et des capacités de groupes de toutes sortes y contribuent.
        Mais sans l’existence de richesses naturelles, qui sont un don de
        la Providence et non pas le résultat d’une compétence individuelle,
        sans l’existence d’une société organisée qui permet la division du
        travail, sans des services publics comme les écoles, les routes, les
        moyens de transport, etc., la capacité globale de production serait
        beaucoup plus faible, très faible même.
            C’est  pourquoi  l’on  parle  de  production  nationale,  d’écono-
        mie nationale, ce qui ne veut nullement dire production étatisée.
        C’est dans cette capacité  globale  de production que le citoyen,
        que  chaque citoyen doit pouvoir trouver une base de confiance
        pour la satisfaction de ses besoins matériels. Pie XII disait dans son
        message de Pentecôte 1941:
            «L’économie  nationale,  fruit  d’activités  d’hommes qui  tra-
        vaillent unis dans la communauté nationale, ne tend pas à autre
        chose  qu’à assurer sans interruption  les conditions matérielles
        dans lesquelles pourra se développer  pleinement la vie indivi-
        duelle des citoyens.»
        A qui appartient le «crédit financier» ?
            A sa source, le crédit financier appartient à la collectivité, au
        même titre que le crédit réel d’où il tire sa valeur. C’est un bien com-
        munautaire dont doivent bénéficier, d’une manière ou de l’autre,
        tous les membres de la communauté. Comme le «crédit réel», le
        crédit financier est par sa nature même un crédit social.
            L’utilisation de ce bien communautaire ne doit pas être sou-
        mise à des conditions qui entravent la capacité de production, ni
   249   250   251   252   253   254   255   256   257   258   259