Page 98 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 98
9 Chapitre 22
naturelles de la nation, cette plume-là commande; elle accorde ou
refuse; elle conditionne les permissions qu’elle consent; elle endet-
te ceux, particuliers ou gouvernements, auxquels elle les accorde.
Plume qui a la vertu d’un sceptre, entre les mains d’un super-pou-
voir, du pouvoir monétaire.
Dix années de paralysie économique. Pas un gouvernement
ne se juge capable d’y mettre fin. Une déclaration de guerre: les
permis financiers de produire, de conscrire, de détruire et de tuer
surgissent du jour au lendemain.
Dix sessions parlementaires, de plusieurs mois chacune, à Ot-
tawa, n’ont pu trouver une issue à la crise antinaturelle qui affamait
et priivait des familles entières devant des produits invendus et de-
vant la possibilité d’en offrir beaucoup plus encore.
Mais il a suffi d’une session dite d’urgence, de 6 jours seule-
ment, du 7 au 13 septembre 1939, pour décider d’entrer à plein
collier dans une guerre qui coûterait des milliards. Décision rapide
et unanime. Un ministre du Cabinet de Mackenzie King, J. H. Harris,
y allait de toute son éloquence: «Le Canada, clamait-il, a les yeux
tournés sur cette Chambre. S’il en est ainsi, ne nous appartient-il
pas de voir à ce qu’il y ait dans cette enceinte unité d’action et de
pensée? La raison en est évidente; le christianisme, la démocratie
et la liberté personnelle sont en jeu.»
Le christianisme et la liberté de la personne ne lui avaient pas
paru en jeu, pas plus qu’au gouvernement dont il faisait partie, tou-
tes les années où des familles canadiennes étaient brisées par l’im-
possibilité de fournir du pain à la maisonnée; où des jeunesses se
réfugiaient dans des camps de concentration, dits camps de travail,
pour avoir une maigre ration en retour de leur totale servitude; où
des hommes s’exilaient au fond des bois; où des hommes vali-
des sans ouvrage vagabondaient d’une ville à l’autre, où d’autres
cherchaient abri dans des cabanes qu’ils se construisaient avec des
morceaux de tôle ou de papier goudronné sur les dépotoirs de la
cité de Montréal...
Et qu’est-ce donc que le christianisme et la liberté personnelle
ont gagné d’une guerre qui a morcelé l’Allemagne, en en mettant
une partie ainsi que dix autres pays chrétiens entiers, sous le joug
du communiste et sanguinaire Staline?
Mais Harris et les autres savaient que l’entrée en guerre était
une condition pour ramener dans l’organisme économique le sang
contrôlé par le super-pouvoir, le Pouvoir Monétaire.