Page 96 - Sous le Signe de l'Abondance
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96 Chapitre 22
(ou le crédit) est indispensable pour maintenir en activité la produc-
tion multi-source réclamée par les besoins, privés ou publics, de la
population. Indispensable aussi pour permettre à cette production
d’atteindre les besoins qu’elle doit satisfaire.
Sans argent pour payer matériaux et main-d’oeuvre, le meilleur
entrepreneur doit renoncer à produire, et le fournisseur de maté-
riaux devra réduire d’autant sa propre production. Les employés
de l’un et l’autre en pâtiront, restant avec leurs besoins et laissant
d’autres producteurs rester avec des produits invendus. La chaîne
continue. C’est connu, des populations entières en ont souffert.
C’est la même chose pour ce qui est des entreprises publiques.
Les besoins publics peuvent être pressants, bien sentis, bien expri-
més et bien compris des corps publics. Mais si ces corps publics
sont sans argent, ou avec une insuffisance d’argent, les projets doi-
vent attendre.
Qu’est-ce qui manque dans ces conditions-là? Matériaux?
Main-d’oeuvre? Compétence? Rien de cela. Il ne manque que l’ar-
gent, le crédit financier le «sang de l’organisme économique». Que
le sang revienne, l’organisme économique se remettra en fonc-
tionnement. S’il tarde à revenir, des entrepreneurs perdront leur
entreprise; des propriétaires, leur propriété; des familles, le pain
quotidien, la santé ou même la vie des enfants, et souvent la paix
domestique.
Mais qu’y faire? N’est-ce pas une situation inévitable qu’il faut
fatalement endurer? — Pas du tout. Si le sang manque dans l’or-
ganisme économique, c’est parce qu’il en a été soustrait. Et s’il re-
vient, c’est parce qu’il y est réinfusé.
Une extraction de sang et une infusion de sang ne sont point
des opérations spontanées. Et ce sont les contrôleurs, les contrô-
leurs de l’argent et du crédit, qui peuvent «restreindre ou dispenser
le crédit selon leur bon plaisir», et «ils tiennent ainsi entre leurs
mains la vie de l’organisme économique». Il faut leur consentement
pour vivre: Pie XI disait juste.
Dans son Encyclique, le Pape n’a pas expliqué le mécanisme
de l’extraction et de l’infusion de ce sang, ni défini des moyens
concrets pour soustraire l’organisme économique au contrôle de
ces mauvais chirurgiens. Ce n’était pas son rôle. Son rôle était de
dénoncer et flétrir une dictature, source de maux incalculables pour
la société, pour les familles, pour les personnes, non seulement au
point de vue matériel, mais créant des difficultés indues dans la