Page 242 - Sous le Signe de l'Abondance
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242 Chapitre 4
vous rien à lui opposer que la capitalisme vicié actuel, qui rend les
riches plus riches et les pauvres plus pauvres, qui fait perdre aux
petits possédants le peu qui leur reste encore?
Ah! vous répétez bien vos condamnations de ce capitalisme-là.
Mais que présentez-vous pour l’assainir? Si vous n’avez rien, allez-
vous empêcher les mécontents de se tourner vers le socialisme,
vers le communisme même si cela signifie le sacrifice, brusque
ou graduel, de la liberté de la personne? L’affamé, le dépouillé, le
sans-toit, est avide d’autre chose que de mots de liberté, liberté
d’ailleurs pratiquement perdue pour lui.
Vous, hommes de droite, qu’avez-vous à présenter à l’affamé,
au dépouillé, au sans-toit? Avec quoi voulez-vous arrêtez les ingé-
rences croissantes de l’Etat dans des domaines qui relèvent des in-
dividus, des familles, des corps publics locaux? Ne voyez-vous pas
que toutes ces interventions d’Etat se disent nécessaires, motivées
par l’incapacité financière des individus et des familles à payer les
services municipaux, scolaires, hospitaliers?
Vous la constatez bien, vous aussi, cette incapacité financière.
Mais que proposez-vous pour y remédier? Quelle solution présen-
tez-vous, autre que vos discours, dans lesquels vous êtes trop sou-
vent prompts à attribuer la cause de cette insuffisance financière à
ceux qui en souffrent?
Qu’avez-vous à présenter? Rien. Rien, et alors vous n’arrêterez
ni les nationalisations, ni les plans d’Etat, ni les collectivisations, ni
les technocrates, ni les bureaucrates, ni les spoliations, ni l’enrégi-
mentation, ni l’Etat-tout, ni le communisme ouvertement déclaré,
ou déguisé sous un autre terme.
Votre coeur se fend à voir les ruraux délaissez leur sol pour
l’asphalte des villes. Mais qu’avez-vous à présenter pour empêcher
les taxes et les dettes de ruiner les cultivateurs? Rien? Rien. Alors,
ne soyez pas surpris s’ils décident d’abandonner une terre qui doit
nourrir l’Etat et les financiers avant de nourrir leur famille.
Le progrès veut cela, dit-on. Vraiment? Le progrès? Pourtant,
autrefois, avec un troupeau de 15 à 20 vaches, on faisait vivre une
famille d’une douzaine d’enfants; aujourd’hui, vous ne pouvez éle-
ver quatre enfants, à moins d’avoir une soixantaine de vaches, un
tracteur, de la machinerie et des dettes! (...)
Hommes de droite, qu’avez-vous à proposer pour que le progrès,
la mécanisation de la production, l’automation, fassent des hommes
libérés, au lieu de chômeurs totaux ou partiels, condamnés à vivre