Page 13 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Le but de l’économie 13
Une autre question qui sera le sujet d’une longue étude dans
ce volume: puisque l’argent a été établi pour faciliter la produc-
tion et la distribution, faut-il limiter la production et la distribution
à l’argent, ou mettre l’argent en rapport avec la production et la
distribution?
D’où l’on voit que l’erreur de prendre la fin pour les moyens,
les moyens pour des fins, ou de soumettre les fins aux moyens,
est une erreur grossière, très répandue, qui cause beaucoup de
désordre.
La fin de l’économique
Le mot économie provient de deux racines grecques: Oikia,
maison; nomos, règle. Il s’agit donc de la bonne réglementation
d’une maison, de l’ordre dans l’emploi des biens de la maison.
Economie domestique: bonne conduite des affaires dans le
foyer domestique. Economie politique: bonne conduite des affai-
res de la grande maison commune, de la nation.
Mais pourquoi «bonne conduite»? Quand est-ce que la condui-
te des affaires de la petite ou de la grande maison, de la famille ou
de la nation, peut être appelée bonne? Lorsqu’elle atteint sa fin.
Une chose est bonne lorsqu’elle donne les résultats pour les-
quels elle fut instituée.
L’homme se livre à diverses activités et poursuit diverses fins,
dans divers ordres, dans divers domaines.
Il y a, par exemple, les activités morales de l’homme, qui
concernent ses rapports avec sa fin dernière. Les activités culturel-
les concernent son développement intellectuel, l’ornementation de
son esprit, la formation de son caractère. Dans ses rapports avec le
bien général de la société, l’homme se livre à des activités sociales.
Les activités économiques ont rapport avec la richesse tempo-
relle. Dans ses activités économiques, l’homme poursuit la satis-
faction de ses besoins temporels.
Le but, la fin des activités économiques, c’est donc l’adapta-
tion des biens terrestres à la satisfaction des besoins temporels
de l’homme. Et l’économique atteint sa fin lorsqu’elle place les
biens terrestres au service des besoins humains.
Les besoins temporels de l’homme sont ceux qui l’accompa-
gnent du berceau à la tombe. Il y en a d’essentiels, il y en a de
moins nécessaires.