Page 16 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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        besoins matériels et des besoins spirituels. Comme le dit le pro-
        verbe, «ventre affamé n’a point d’oreille»; même les missionnaires
        dans les pays pauvres doivent tenir compte de ce fait, et ils doivent
        nourrir les affamés avant de leur prêcher la bonne parole. L’hom-
        me a besoin d’un minimum de biens matériels pour accomplir son
        court pèlerinage sur la terre et sauver son âme, mais le manque
        d’argent peut causer des situations inhumaines et catastrophiques.
            C’est ce qui a amené le Pape Benoît XV à écrire que «c’est sur
        le terrain économique que le salut des âmes est en danger».
            Et Pie XI: «Il est exact de dire que telles sont, actuellement,
        les conditions de la vie économique et sociale qu’un nombre très
        considérable  d’hommes y trouvent  les plus grandes difficultés
        pour opérer l’oeuvre, seule nécessaire, de leur salut.» (Encyclique
        Quadragesimo anno.)
            C’est le même Pape qui, dans la même encyclique,  résume
        dans cette phrase la fin sociale et bien humaine de l’ordre écono-
        mique: «L’ordre économique et social sera sainement constitué et
        atteindra sa fin alors seulement qu’il procurera à tous et à chacun
        de ses membres tous les biens que les ressources de la nature et
        de l’industrie, ainsi que l’organisation vraiment sociale de la vie
        économique, ont le moyen de leur procurer.»
            TOUS  et  CHACUN.  TOUS  les  biens  que  peuvent  procurer  la
        nature et l’industrie.
            La fin de l’économique est donc la satisfaction des besoins de
        TOUS les consommateurs. La fin est dans la consommation, la pro-
        duction n’est qu’un moyen.
            Faire  arrêter  l’économique  à  la  production,  c’est  l’estropier.
        L’économique ne doit pas financer seulement la production, elle
        doit financer aussi la consommation. La production est le moyen,
        la consommation est la fin.
            Dans un ordre où la fin gouverne les moyens, c’est l’homme, à
        titre de consommateur, qui préside à toute l’économie. Et comme
        tout homme est consommateur, c’est tout homme qui participe à
        l’orientation de la production et de la distribution des biens.
            C’est pour l’homme consommateur qu’existent toutes les acti-
        vités économiques. Il faut donc que l’homme consommateur or-
        donne lui-même la production. C’est lui, le consommateur, qui doit
        passer ses commandes à la production.
            Une économie véritablement humaine est sociale, avons-nous
        dit: elle doit satisfaire TOUS les hommes. Il faut donc que tous les
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