Page 23 - HD_VD_aout_sept_2019
P. 23
population et que 95 pour cent ne vivent qu’avec la dende social à tous et à chacun veulent pour tous
permission ou la grâce de ces 5 pour cent. Le système une économie de liberté, un droit de vivre lié à la per-
n’est alors que 5 pour cent du capitalisme et 95 pour sonne elle-même et non pas uniquement à sa parti-
cent de la servitude. Système qui s’approche de plus cipation personnelle à la production. Ce dividende
en plus du communisme, à mesure que se concentre social, qui irait à tous, employés ou non, n’empêche-
entre quelques mains le pouvoir de dominer la vie des rait nullement, en plus, une rémunération appropriée
autres. à ceux qui contribuent à la production.
Ce n’est donc pas l’économie capitaliste comme
telle qu’il faut blâmer; et ce n’est pas sa disparition, Tous capitalistes
mais au contraire, son extension, qu’il faut souhaiter. Mais sur quoi se base le Crédit Social pour décla-
Si, dans un pays, il n’y a plus que 5 pour cent des rer toute personne capitaliste de droit? Nous l’avons
citoyens à jouir d’un statut de capitaliste, au lieu de expliqué maintes fois dans nos articles sur le sujet.
désirer voir cette proportion fondre à zéro pour cent, Résumons-le seulement ici:
il faut plutôt tendre à la monter à 100 pour cent. La production moderne résulte de plusieurs fac-
Par le Crédit Social teurs: tout d’abord de l’existence de matière premiè-
re, de richesses naturelles qui sont l’oeuvre du Créa-
C’est cela que ferait la substitution d’une finance teur et sans lesquelles rien ne serait possible; puis de
créditiste au système financier actuel qui parasite, savoir-faire acquis, accumulé et transmis d’une géné-
puis domine, intoxique et tue graduellement le véri- ration à l’autre, inventions, découvertes de sources
table capitalisme. nouvelles d’énergie, perfectionnement de procédés
Le Crédit Social ferait de chaque citoyen un capi- de production; puis, dans une proportion décrois-
taliste de fait comme il l’est déjà de droit. Ce serait, en sante, de labeur humain; aussi d’investissements, de
matière économique, rétablir la personne dans ses capital financier, simples signes chiffrés permettant
droits; lui reconnaître pratiquement le droit d’organi- de mobiliser des matériaux et de la main-d’oeuvre.
ser sa vie selon son propre choix, à la seule condition De ces quatre facteurs, les plus importants sont
de respecter ce même droit chez les autres. bien les deux premiers. D’abord, les ressources na-
En matière économique toujours, la plus grande turelles, gagnées par personne, mais don de Dieu,
richesse du capitaliste, s’il sait mettre une borne à capital réel créé pour tous les hommes de toutes les
la poursuite de richesses matérielles toujours plus générations, à utiliser selon leurs besoins normaux,
considérables, c’est sa liberté de choix. Dans la me- à entretenir s’il s’agit de biens se reproduisant com-
sure où son revenu de capitaliste lui permet une vie me la forêt, à exploiter sagement s’il s’agit de biens
convenable, il est libre de dire oui ou non à tout projet inertes comme les minerais, et non pas à gaspiller
qui le courtise. Son revenu n’étant pas conditionné follement comme on le fait aujourd’hui à un rythme
par une participation personnelle à la production, il accéléré et à l’échelle planétaire. Puis, il y a le pro-
est libre de son temps et peut l’employer à son gré. Il grès croissant dans les moyens et les méthodes de
peut certainement encore accepter de l’emploi dans production; progrès réalisé par les générations qui
des entreprises conduites par d’autres, mais il peut se sont succédé, pas seulement par la nôtre; progrès
aussi préférer se livrer à des activités de son choix dont l’accroissement et la transmission sont dus à
— activités qui peuvent très bien concourir à enrichir la vie en société, et dont aucun individu ni aucun
la société tout entière de richesses qui ne sont pas groupe ne peut se prétendre l’héritier exclusif. C’est
nécessairement matérielles. Le travail libre est géné- cet héritage commun, capital réel de grande valeur,
ralement plus créateur et plus fécond que le travail qui permet de produire davantage, même avec une
forcé. diminution de labeur humain.
Le revenu du capitaliste s’appelle dividende. Le Supprimez cet héritage de nature communau-
dividende est facteur d’une sécurité économique taire, la production ne sera pas le centième de ce
inconditionnée, une «sécurité économique absolue», qu’elle est, même en y employant tous les bras vali-
selon l’expression de Douglas, fondateur de l’école des et en y investissant tous les signes monétaires
créditiste de pensée. Tandis que le salaire, même s’il qu’on voudra.
est suffisant, même s’il est généreux, ne peut donner
qu’une sécurité économique conditionnée, condi- C’est pourquoi nous disons que tous et chacun
tionnée par l’emploi, par l’embauchage, donc par une des membres de la société naissent héritiers et pro-
servitude. priétaires du plus gros capital réel, facteur prépon-
dérant de la production moderne. Donc, tous avec
Ceux qui exaltent le salaire et discréditent le divi- un droit de capitaliste sur une partie croissante des
dende exaltent la servitude et discréditent la liberté. fruits de la production, sans supprimer la rémunéra-
Les syndicats — et d’autres — qui préconisent une tion de ceux qui apportent leur concours personnel à
politique de plein emploi associent le droit de vivre la mise en rendement de ce capital communautaire.
à la servitude. Les créditistes qui préconisent un divi- u
www.versdemain.org VERS DEMAIN août-septembre 2019 23