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Même si le marxisme s’est écroulé, cela ne si- vie décente, et que même dans les pays les plus
gnifie pas pour autant le triomphe du capitalisme, avancés, il existe des milliers de personnes qui ne
car même après la chute du communisme, il existe mangent pas à leur faim. C’est le principe de la des-
encore des millions de pauvres et de situations d’in- tination universelle des biens qui n’est pas atteint:
justice sur la planète. Jean-Paul II écrit: la production existe en abondance, mais c’est la
«La solution marxiste a échoué, mais des distribution qui est défectueuse.
phénomènes de marginalisation et d’exploitation Et dans le système actuel, l’instrument qui per-
demeurent dans le monde, spécialement dans met la distribution des biens et des services, le si-
le Tiers-Monde, de même que des phénomènes gne qui permet d’obtenir les produits, c’est l’argent.
d’aliénation humaine, spécialement dans les pays C’est donc le système d’argent, le système financier
les plus avancés, contre lesquels la voix de l’Égli- qui fait défaut dans le capitalisme.
se s’élève avec fermeté. Des foules importantes Les maux du système capitaliste ne provien-
vivent encore dans des conditions de profonde nent donc pas de sa nature (propriété privée, libre
misère matérielle et morale. Certes, la chute du entreprise), mais du système financier qu’il utilise,
système communiste élimine dans de nombreux un système financier qui domine au lieu de servir,
pays un obstacle pour le traitement approprié et qui vicie le capitalisme. Le Pape Pie XI écrivait dans
réaliste de ces problèmes, mais cela ne suffit pas à son encyclique Quadragesimo anno, en 1931: «Le
les résoudre.» (Centesimus annus, 42.) capitalisme n’est pas à condamner en lui-même,
Ce que l’Église reproche au capitalisme actuel ce n’est pas sa constitution qui est mauvaise, mais
n’est donc pas la propriété privée ni la libre entre- il a été vicié.»
prise. Au contraire, loin de souhaiter la disparition Ce que l’Église condamne, ce n’est pas le capi-
de la propriété privée, l’Eglise souhaite plutôt sa talisme en tant que système producteur, mais, se-
diffusion la plus large possible pour tous, que tous lon les mots du Pape Paul VI, le «néfaste système
soient propriétaires d’un capital, soient réellement qui l’accompagne», le système financier:
«capitalistes»: «Ce libéralisme sans frein conduit à la dictatu-
«La dignité de la re à bon droit dénoncée par Pie XI comme généra-
personne humaine exige trice de ‘l’impérialisme de l’argent’. On ne saurait
normalement, comme trop réprouver de tels abus, en rappelant encore
fondement naturel pour une fois solennellement que l’économie est au ser-
vivre, le droit à l’usage vice de l’homme. Mais s’il est vrai qu’un certain
des biens de la terre; à ce capitalisme a été la source de trop de souffrances,
droit correspond l’obliga- d’injustices et de luttes fratricides aux effets dura-
tion fondamentale d’ac- bles, c’est à tort qu’on attribuerait à l’industrialisa-
corder une propriété pri- tion elle-même des maux qui sont dus au néfaste
vée autant que possible à système qui l’accompagnait. Il faut au contraire en
tous.... (Il faut) mettre en toute justice reconnaître l’apport irremplaçable de
branle une politique éco- l’organisation du travail et du progrès industriel à
nomique qui encourage l’oeuvre du développement.» (Encyclique Populo-
et facilite une plus ample Saint Jean XXIII rum progressio, sur le développement des peuples,
accession à la propriété privée des biens durables: n. 26.)
une maison, une terre, un outillage artisanal, l’équi-
pement d’une ferme familiale, quelques actions Le vice du système: l’argent est créé par
d’entreprises moyennes ou grandes.» (Jean XXIII, les banques sous forme de dette
encyclique Mater et Magistra, nn. 114-115.) C’est le système financier qui n’accomplit pas
Le Crédit Social, avec son dividende à chaque son rôle, il a été détourné de sa fin. (Faire les biens
individu, reconnaîtrait chaque être humain comme joindre les besoins.) L’argent ne devrait être qu’un
étant un véritable capitaliste, propriétaire d’un capi- instrument de distribution, un signe qui donne droit
tal, cohéritier des richesses naturelles et du progrès aux produits, une simple comptabilité.
(les inventions humaines, la technologie). L’argent devrait être un instrument de service,
Le capitalisme a été vicié mais les banquiers, en se réservant le contrôle de
par le système financier la création de l’argent, en ont fait un instrument de
domination: Puisque le monde ne peut vivre sans
Ce que l’Église reproche au système capita- argent, tous — gouvernements, compagnies, indi-
liste, c’est que, précisément, tous et chacun des vidus — doivent se soumettre aux conditions impo-
êtres humains vivant sur la planète n’ont pas accès sées par les banquiers pour obtenir de l’argent, qui u
à un minimum de biens matériels, permettant une

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