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L’enseignement
de l’Église sur
le capitalisme
Le capitalisme doit être corrigé 42), le Saint-Père explique ce qui est acceptable et
ce qui ne l’est pas dans le capitalisme :
La doctrine sociale de l’Église se situe au-dessus
des systèmes économiques existants, puisqu’elle se «En revenant
confine au niveau des principes. Un système écono- maintenant à la ques-
mique sera bon ou non dans la mesure où il applique tion initiale, peut-
ces principes de justice enseignés par l’Église. C’est on dire que, après
la raison pour laquelle le Pape Jean-Paul II écrivait l’échec du communis-
en 1987, dans son encyclique Solicitudo rei socialis, me, le capitalisme est
que l’Église «adopte une attitude critique vis-à-vis le système social qui
du capitalisme libéral et du collectivisme marxis- l’emporte et que c’est
te... deux conceptions du développement imparfai- vers lui que s’orien-
tes et ayant besoin d’être radicalement corrigées.» tent les efforts des
Il est facile à comprendre pourquoi l’Église pays qui cherchent à
reconstruire leur éco-
condamne le communisme, ou collectivisme nomie et leur société?
marxiste qui, comme le rappelait le Pape Pie XI, est Est-ce ce modèle qu’il
«intrinsèquement pervers» et anti-chrétien, puisque faut proposer aux
son but avoué est la destruction complète de la pro- pays du Tiers-Monde
priété privée, de la famille, et de la religion. Mais qui cherchent la voie
pourquoi l’Église condamnerait-elle le capitalisme? du vrai progrès de
Le capitalisme ne vaudrait pas mieux que le com- leur économie et de
munisme? leur société civile? Saint Jean-Paul II
Dans le second chapitre de son encyclique Cen- «La réponse est évidemment complexe. Si sous
tesimus annus, Jean-Paul II reconnaît les mérites de le nom de ‘capitalisme’ on désigne un système
la libre entreprise, de l’initiative privée et du profit: économique qui reconnaît le rôle fondamental et
«Il semble que, à l’intérieur de chaque pays comme positif de l’entreprise, du marché, de la propriété
dans les rapports internationaux, le marché libre privée et de la responsabilité qu’elle implique dans
soit l’instrument le plus approprié pour répartir les les moyens de production, de la libre créativité hu-
ressources et répondre efficacement aux besoins. maine dans le secteur économique, la réponse est
Toutefois, cela ne vaut que pour les besoins ‘solva- sûrement positive, même s’il serait peut-être plus
bles’, parce que l’on dispose d’un pouvoir d’achat, approprié de parler ‘d’économie d’entreprise’, ou
et pour les ressources qui sont ‘vendables’, sus- ‘d’économie de marché’, ou simplement ‘d’écono-
ceptibles d’être payées à un juste prix. Mais il y a mie libre’. Mais si par ‘capitalisme’ on entend un
de nombreux besoins humains qui ne peuvent être système où la liberté dans le domaine économi-
satisfaits par le marché. C’est un strict devoir de que n’est pas encadrée par un contexte juridique
justice et de vérité de faire en sorte que les besoins ferme qui la met au service de la liberté humaine
humains fondamentaux ne restent pas insatisfaits intégrale et la considère comme une dimension
et que ne périssent pas les hommes qui souffrent particulière de cette dernière, dont l’axe est d’or-
de ces carences.» dre éthique et religieux, alors la réponse est nette-
Un peu plus loin dans la même encyclique (n. ment négative.»
26 VERS DEMAIN août-septembre 2019 www.versdemain.org