Page 101 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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15. Qu’est-ce que l’inflation ?   99

        avec les autorités dans les opérations d’austérité qui s’imposent.
            Gérin-Lajoie pense nous consoler en soulignant que l’inflation
        n’est pas un mal limité au Canada. On le sait bien, mais cela ne nous
        empêche pas d’en subir la hausse des prix. Pour faire savant, il nous
        dit que l’inflation est principalement un problème de conjoncture.
        Taisez-vous, profane, devant une conjoncture que vous ne compre-
        nez pas plus qu’une génération spontanée. Vous apprendrez peut-
        être un jour que, s’il y a de la fumée quelque part, ce n’est pas dû à
        l’existence d’un feu, mais à la conjoncture!
            Tout de même, pour ne pas faire trop rire de lui par les créditis-
        tes, Gérin-Lajoie veut bien admettre aussi que l’inflation qui nous
        afflige est en grande partie la résultante d’erreurs passées de la part
        d’autorités monétaire et fiscales du pays. «Erreurs passées», dit-il,
        mais qui continuent, qui continueront, et pour l’expiation desquel-
        les, on continuera aussi d’exhorter les victimes à faire pénitence.
                           Comptabilité erronée

            L’inflation, l’inflation des prix, provient de ce que le présent sys-
        tème financier n’est pas en accord avec les faits réels de la produc-
        tion ou de la consommation. La comptabilité monétaire du système
        est fausse. Et seule une comptabilité intègre corrigerait l’inflation
        sans nuire  aux  intérêts  légitimes  de personne.  Une  comptabilité
        monétaire intègre, une comptabilité conforme aux réalités, comme
        elle le serait par la mise en application des données financières
        exposées par l’ingénieur économiste C. H. Douglas, il y a un demi-
        siècle, et connues sous le nom de Crédit Social. Si elle avait été
        faite, cette réforme aurait évité aux peuples bien des avatars.
            Le seul fait de la hausse des prix est une attestation de la faus-
        seté du système. Si le système financier était conforme au réel, non
        seulement n’aurait-on pas de prix inflationnistes, mais au contraire
        un abaissement graduel des prix, à mesure que le progrès dans les
        techniques et procédés de production augmente et facilite la pro-
        duction. Le coût authentique d’une production doit bien signifier ce
        qu’il faut y consacrer de temps, d’efforts, de dépenses d’énergie et
        ce que réclame la récupération de ces énergies. Si la comptabilité
        des prix à payer pour cette production n’est pas en accord avec ce
        coût réel, elle est faussée et restera faussée tant qu’une rectification
        n’y sera pas apportée.
            Le progrès multiplie le rendement dans tous les domaines de
        la production. Diminue-t-il parallèlement les prix ? La réponse c’est
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