Page 43 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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La pauvreté en face de l’abondance  43

        sur les tablettes, par manque d’argent.»
            Conclusion: de grâce, soyons plus intelligents que les singes,
        et concevons un système d’argent qui nous permettra de manger
        les bananes et tous les autres produits qui sont donnés en abon-
        dance par Dieu à tous ses enfants de la terre. Un tel système d’ar-
        gent existe, c’est le Crédit Social.
                             Argent et richesse

            Nous venons de voir que ce qui manque, ce ne sont pas les
        produits, mais l’argent. Cela ne veut pas dire que c’est l’argent qui
        est la richesse. L’argent n’est pas le bien terrestre capable de satis-
        faire le besoin temporel.
            On ne se nourrit pas en mangeant de l’argent. Pour s’habiller,
        on ne coud pas ensemble des dollars pour s’en faire une robe ou
        des bas. On ne se repose pas en s’étendant sur de l’argent. On ne
        se guérit pas en plaçant de l’argent sur le siège du mal. On ne s’ins-
        truit pas en se couronnant la tête d’argent.
            L’argent n’est pas la richesse. La richesse, ce sont les choses
        utiles qui correspondent à des besoins humains.
            Le pain, la viande, le poisson, le coton, le bois, le charbon, une
        auto  sur une  bonne  route,  la visite d’un  médecin  au  malade,  la
        science du professeur — voilà des richesses.
            Mais, dans notre monde moderne, chaque personne ne fait pas
        toutes les choses. Il faut acheter les uns des autres. L’argent est le
        signe qu’on reçoit en échange d’une chose qu’on vend; c’est le signe
        qu’il faut passer en échange d’une chose qu’on veut avoir d’un autre.
            La richesse est la chose; l’argent est le signe. Le signe doit
        aller d’après la chose.
            S’il y a beaucoup de choses à vendre dans un pays, il y faut
        beaucoup d’argent pour en disposer. Plus il y a de monde et de
        choses, plus il faut d’argent en circulation, ou bien tout arrête.
            C’est cet équilibre-là qui fait défaut aujourd’hui. Les choses, on
        en a à peu près autant qu’on veut en faire, grâce à la science appli-
        quée, aux découvertes, aux machines perfectionnées. On a même
        un tas de monde à ne rien faire, ce qui représente des choses pos-
        sibles. On a un tas d’occupations inutiles, nuisibles même. On a des
        activités employées à la destruction.
            Pourquoi l’argent, établi pour écouler les produits, ne se trou-
        ve-t-il pas dans les mains du monde en rapport avec les produits?
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