Page 112 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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112 Leçon 8
Aussi, une réforme monétaire qui ne voit pas en même temps
à freiner les hausses injustifiables de prix, serait une réforme in-
complète. Elle pourrait devenir une catastrophe en laissant libre
cours à l’inflation.
La fixation arbitraire des prix, un plafonnement général, peut
aussi obtenir un effet préjudiciable en décourageant la produc-
tion. Or la diminution de la production est le moyen le plus sûr de
pousser les prix à monter. Le législateur obtient alors le contraire
de ce qu’il cherchait: il provoque l’inflation en la combattant mala-
droitement; pour échapper aux sanctions, l’inflation se produit par
l’entremise du marché noir.
Le Crédit Social propose une technique pour combattre auto-
matiquement l’inflation: c’est la technique dite du «Prix ajusté»,
ou de l’escompte compensé, qui ferait partie du mode d’émission
d’argent pour établir le pouvoir d’achat global au niveau de la
production globale offerte.
Le juste prix
Puisque les produits sont faits pour le consommateur, il est
clair que, pour atteindre leur fin, les produits doivent être offerts
au consommateur à un prix qui permette au consommateur de les
acquérir.
Autrement dit, en tout temps, il doit y avoir équilibre entre les
prix, dans leur ensemble, et le pouvoir d’achat des consomma-
teurs, dans son ensemble.
Pour compter le prix de vente, les producteurs, ou les mar-
chands, calculent ce que la fabrication du produit a coûté, et ajou-
tent les frais de manipulation, de transport, d’emmagasinage, de
vente et les profits nécessaires aux différents intermédiaires. Mais
rien n’assure que ce prix marqué correspond avec le pouvoir
d’achat du consommateur.
Le prix marqué doit être exigé par le marchand pour ne mettre
personne en faillite entre le producteur et le marchand détaillant;
mais d’autre part le prix à payer par l’acheteur doit être tel qu’il cor-
responde au pouvoir d’achat entre les mains des consommateurs.
Sinon, les produits restent invendus en face de besoins réels.
D’où un ajustement nécessaire des prix. La technique moné-
taire du Crédit Social y pourvoit.
Dans le vocabulaire créditiste, on appelle «juste prix» le prix
qui correspond exactement à la consommation. On le comprendra
mieux tout à l’heure.