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bien d’autres non-sens économiques dont les effets Sur présentation périodique des bordereaux
ont causé, et causent encore, des maux incalculables. de ventes attestant l’escompte accordé aux clients,
En quoi donc consiste cette proposition du Crédit l’organisme créditerait le marchand du montant de
Social, ou Démocratie Économique? Elle consiste à cet escompte. (L’inverse de la taxe de vente, que les
établir deux prix : 1) Le prix comptable, par les mé- marchands doivent collecter de leurs clients et remet-
thodes courantes; 2) Le prix escompté et compensé tre au gouvernement: donc, opération plus agréable,
— l’acheteur ne payant que le second. sans plus de complication.)
L’introduction d’un double prix ne serait pas une Ces crédits octroyés aux marchands, pour com-
innovation. Tout le monde est déjà familier avec la bler un vide monétaire, reposeraient exactement sur
pratique d’un double étiquetage; par exemple: prix la même base que les crédits créés et prêtés par les
régulier, 80 dollars; prix spécial pour cette vente, 64 banques à des emprunteurs sur la capacité de pro-
dollars. Le «prix régulier», 80,00$, c’est le prix comp- duction du pays, qui est un bien national, et non pas
table. Le «prix spécial», 64,00$, c’est le prix escompté. un bien bancaire. Base sans laquelle tout l’argent du
L’escompte, le rabais, est ici de 16 dollars, soit 20% du monde ne vaudrait rien, mais base qui reste inutilisée
prix comptable. quand il n’y a pas de crédit financier pour permettre
Dans ce cas, c’est évidemment le marchand qui sa mise en œuvre. La meilleure preuve de ce fait, c’est
fait les frais de l’escompte. Il le fait pour stimuler la que la restriction du crédit financier diminue les activi-
vente de produits dont l’écoulement languit. Son pro- tés productrices, alors même que la capacité de pro-
fit sera moindre, peut-être minime, mais mieux que duction est toujours là.
rien. Il peut aussi avoir pris des arrangements avec le La base disponible pour des émissions de crédits
grossiste ou avec le producteur pour un partage de ce comprend toute la différence entre la capacité totale
sacrifice de profit. De toute façon, il y a dans ce cas de production du pays et la capacité totale de payer
particulier une véritable déflation du prix à payer par dont dispose la population. Or, les crédits proposés
l’acheteur, une déflation de 20 pour cent. comme compensation d’escomptes sont loin de cou-
Eh bien, la méthode proposée par le Crédit Social vrir tout ce champ, puisqu’ils tiennent compte, non pas
utiliserait, elle aussi, le double prix, mais avec ce per- de toute la capacité de production, mais seulement de
fectionnement que l’escompte serait généralisé, qu’il la production déjà réalisée et offerte aux consomma-
porterait sur tous les produits, serait au même pour- teurs, et seulement si cette production convient aux
centage pour tous, et serait compensé au vendeur. consommateurs puisqu’il faut qu’elle soit vendue pour
Autrement dit, le vendeur toucherait son prix compta- qu’il y ait escompte.
ble, mais l’acheteur ne paierait que le prix escompté. — Mais l’inflation? Ces crédits libérés ne contri-
Cet escompte général, appelé par les créditistes bueraient-ils pas à l’activer au lieu de l’éteindre?
escompte national compensé, pourrait varier d’un — Il ne peut y avoir d’inflation là où il y a défla-
terme à l’autre, selon la situation de l’économie, mais tion. Il ne peut y avoir augmentation de prix quand il
il s’appliquerait à tous les comptoirs de détail, indis- y a diminution de prix.
tinctement. L’erreur commune est d’appeler inflation tout
La question qui se pose est: par qui, et comment accroissement d’argent dans la circulation. Il peut y
l’escompte sera-t-il compensé au vendeur, si le ven- avoir lien à inflation quand l’émission de crédit entraî-
deur doit toucher son plein prix? Réponse: par un ne comme conséquence une augmentation des prix.
organisme monétaire approprié. C’est assez le cas des émissions faites sous forme de
Disons tout de suite que la désignation du taux de prêts bancaires à intérêts: l’intérêt est facteur d’infla-
l’escompte et la compensation au vendeur seraient la tion, puisqu’il faut l’ajouter au prix. Mais une émission
responsabilité d’un organisme monétaire établi par le subordonnée à un abaissement des prix devient fac-
gouvernement, mais indépendant du gouvernement teur de déflation, et non pas d’inflation.
dans l’exercice de ses fonctions, déduisant mathé- Une objection peut demeurer: Le vendeur ne va-t-
matiquement le taux de l’escompte des statistiques il pas grossir son prix comptable, puisqu’il est assuré
périodiques de la production et de la consommation, de récupérer tout ce prix, l’escompte étant lui-même
donc sans la moindre ingérence politique ni influence plus gros quand le prix est plus élevé?
d’intérêts privés. Ce serait quelque chose comme l’or-
ganisme judiciaire, où les juges sont nommés par le Réponse — Premièrement: la concurrence entre
gouvernement, mais rendent leurs jugements d’après vendeurs continuerait de jouer, tant pour les prix que
pour la qualité des produits. Les acheteurs n’iront pas
des lois qu’ils n’ont pas faites et sur la preuve de faits où les prix sont plus élevés. Or, sans vente, le mar-
dont ils ne sont point les auteurs. chand ne touche ni le prix escompté ni l’escompte.
Cet organisme monétaire pourrait être une adap-
tation fonctionnelle de la Banque du Canada, ou être Deuxièmement: Une augmentation de pouvoir
une fonction des banques à charte agissant dans ce d’achat atteignant ainsi les consommateurs, sans pas-
cas comme agences de la société, ou tout autre appa- ser par l’industrie, n’affecte aucunement le coût de
reil approprié à cette fin. revient. Pourquoi donc le prix monterait-il? La diffi- u
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