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Dieu, le mal, le coronavirus, et après?
par l’abbé Guy Pagès mal. Qui n’entend les sarcasmes du Diable crachés au
visage de Dieu: «C’est ta faute! Si tu n’avais pas créé le
La pandémie aux dimensions mondiales du co- monde, ces enfants ne naîtraient pas infirmes, ne mour-
vid-19 a ceci de bon qu’elle permet à beaucoup de raient pas de faim! Ces innocents ne seraient pas violés,
se poser enfin de bonnes questions. Confiné dans sa condamnés! Si Tu n’avais pas créé le monde, toutes ces
retraite, en ce temps de carême, chacun fait face, com- horreurs n’existeraient pas! C’est ta faute! Honte à Toi!».
me un bon moine, à sa mort, peut-être très prochaine.
S’en suit la recherche du sens de la vie, de sa vie: Mais qui ne voit aussi se dessiner déjà les traits
de la Passion du Seigneur venant rache-
Quel sens aura ma vie lorsque je ter l’humanité… Les athées ne se ren-
mourrai? Aucun? Mais si c’est le cas, dent pas compte qu’en postulant le mal
pourquoi vouloir vivre? Si je ne connais incompatible avec la notion de Dieu, ils
pas le but de ma vie, pourquoi ferais-je témoignent contre eux-mêmes qu’ils
un pas dans telle direction plutôt que connaissent quelque chose de Dieu,
dans telle autre? Me voilà cloué sur à savoir que Dieu est nécessairement
place! Et bouger signifierait se condui- bon, en sorte que si le mal existe, c’est
re littéralement en insensé! que Dieu n’existe pas. Et ce faisant, au
Voilà que le confinement physique lieu de prouver l’inexistence de Dieu, ils
qui nous est imposé exprime si bien prouvent le contraire…
l’existence de tous ceux qui n’ont pas De plus, si Dieu, sachant que le
encore découvert leur raison d’être nés, mal allait advenir, aurait dû renoncer à
de souffrir et de mourir; raison sans créer, alors, le Mal aurait été plus puis-
laquelle il est impossible de mener une sant que Dieu, puisqu’il L’aurait empê-
vie humaine. Abbé Guy Pagès ché de créer…
Et devant l’imprévu et l’ampleur des conséquen- Grâce au coronavirus, le projet mondialiste et le
ces induites par la pandémie, surgit l’idée de l’existen- culte de la nature uniquement bonne sont maintenant
ce d’une réalité (la covid-19)… aussi méconnue que beaucoup moins séduisants… Et c’est pourquoi, je le
puissante, capable de faire mordre la poussière à la redis, l’après coronavirus doit comprendre la recon-
société mondialisée, ridiculisant ses prétentions et sa naissance publique de l’existence du Dieu Créateur,
puissance! L’incommensurable disproportion entre le et son adoration, comme première protection des
caractère microscopique du virus et les dégâts qu’il malheurs qu’une gouvernance athée ou païenne du
provoque amplifie l’effroi de cette découverte. monde ne peut qu’engendrer.
L’hypothèse de l’existence de Dieu refait surface. Mais revenons à la question: Si Dieu existe, pour-
Par le coronavirus et l’humiliation qu’Il leur inflige, quoi le mal? Dieu n’est pas l’auteur du mal Il n’est que
Dieu Se rappelle au souvenir des dirigeants du mon- bon, et le mal Lui est donc étranger. C’est ainsi que
de, en particulier de l’Europe et de la France, qui L’ont l’on comprend que le mal n’est pas quelque chose
si bien évacué de leur univers mental et de la société qui est, mais quelque chose qui n’est pas. Le mal est
qu’ils s’efforcent de bâtir sans Lui. le manque, le refus du bien, et par essence le rejet
Comment, après le coronavirus, continuer à vivre de Dieu qui est l’Être et la Source de ce qui est. Tous
comme si Dieu n’existait pas, et ne pas Lui offrir le les maux physiques découlent de ce mal moral appe-
culte auquel Il a droit? En Corée du Nord, il est inter- lé péché. Le premier péché a entraîné la souffrance,
dit de croire en Dieu, mais il est obligatoire de rendre l’ignorance, la concupiscence, la mort… La souffrance
un culte public au dictateur. Est-ce cela que nous vou- est l’absence de bien-être, l’ignorance, l’absence de
lons? Car si Dieu n’est pas Dieu, c’est que l’homme connaissance, la concupiscence, l’absence de chas-
prend Sa place. teté, et la mort, l’absence de vie. (…)
Et ceux qui estiment encore avoir autant de rai- Cette crise du coronavirus fait apparaître le carac-
sons de ne pas croire que de croire en l’existence de tère vital de la solidarité familiale, communale, pro-
Dieu, parce que le verre est à moitié plein, et donc fessionnelle, régionale, nationale, et du principe de
aussi à moitié vide, ne peuvent-ils pas reconnaître en subsidiarité qui doit relier ces différentes réalités. Les
cet infini respect de notre liberté, une preuve supplé- dysfonctionnements criminels dans la gestion de cette
mentaire, et suréminente, de l’infinie sainteté et per- crise, et les grandes misères sociales et économiques
fection de Dieu? qui s’annoncent, remettent en cause les principes
Reste la question du mal: Si Dieu existe, pourquoi directeurs de l’action publique, l’oubli du principe de
le mal? Pour les athées, la preuve que Dieu n’existe réalité, le mépris du bien commun.
pas, c’est justement l’existence du mal. Dieu n’aurait Doivent être définitivement condamnées la franc-
pas dû créer le monde sachant qu’il allait y avoir du maçonnerie et les politiques qu’elle a initiées pour
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