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www.versdemain.orgTiré à part gratuit de la revue Vers Demain
Le gouvernement canadien doit légiférer d’ici
juin 2016 sur la question de l’euthanasie et du sui-
cide assisté, suite au jugement de la Cour suprême
du Canada du 6 février 2015 qui décriminalisait le
suicide assisté. Le 25 février 2016, un comité de
députés du parlement canadien déposait un rap-
port qui allait encore plus loin que ce que la Cour
suprême suggère, soit d’étendre le droit à l’eutha-
nasie à ceux qui ne sont pas en phase terminale, et
même aux enfants.
Bien sûr, personne ne désire souffrir, mais tuer
un malade, ce n’est pas le soigner. En tant que
chrétiens, nous savons que l’unique réponse mo-
rale pour les soins en fin de vie, ce sont les soins
palliatifs, qui soulagent le patient sans lui enlever
la vie. Voici quelques textes qui peuvent nous aider
dans notre réflexion sur ce sujet:
Le Pape François
Dans
un discours aux membres de l’Asso-
ciation des médecins catholiques italiens, réunis
au Vatican le 15 novembre 2014, le pape Fran-
çois rappelait que l’avortement et l’euthanasie,
loin d’être des gestes de «compassion», demeu-
rent des péchés graves contre le Créateur. Voici
des extraits de ce discours:
La pensée dominante propose parfois une
«fausse compassion»: celle qui considère que
c’est aider une femme que de favoriser l’avorte-
ment, un acte de dignité de procurer l’euthanasie,
une conquête scientifique de «produire» un enfant
considéré comme un droit au lieu de l’accueillir
comme un don; ou d’utiliser des vies humaines
comme des cobayes de laboratoire en prétendant
en sauver d’autres. En revanche, la compassion
évangélique est celle qui accompagne au moment
du besoin, c’est-à-dire celle du Bon Samaritain,
qui «voit», qui «a compassion», qui s’approche et
offre une aide concrète (cf. Lc 10, 33)....
Nous savons tous qu’avec autant de person-
nes âgées, dans cette culture du rebut, il existe
cette euthanasie cachée. Mais il existe aussi
l’autre. Et cela signifie dire à Dieu: «Non, la fin de
la vie c’est moi qui la décide, comme je veux».
Un péché contre Dieu créateur. Il faut bien pen-
ser à cela.
Déclaration des évêques canadiens
Le même jour où la Cour suprême rendait son
jugement, Mgr Paul-André Durocher, archevêque
de Gatineau, et alors Président de la Conférence
des évêques catholiques du Canada écrivait:
«Aider une personne à se suicider n’est ni un
acte de justice ou de miséricorde, ni un soin pal-
liatif. La décision prise aujourd’hui par la Cour
suprême du Canada ne change pas l’enseigne-
ment catholique. “Ainsi une action ou une omis-
sion qui, de soi ou dans l’intention, donne la
mort afin de supprimer la douleur, constitue un
meurtre gravement contraire à la dignité de la
personne humaine et au respect du Dieu vivant,
son Créateur.” (
Catéchisme de l’Église catholique,
2277)...
«Mes frères évêques et moi exhortons les
gouvernements et les cours à interpréter la déci-
sion d’aujourd’hui au sens le plus strict du ter-
me, à résister aux pressions d’aller plus loin en
approuvant de prétendus actes d’«homicide par
compassion» et d’euthanasie. Nous faisons de
nouveau appel aux gouvernements provinciaux
et territoriaux pour qu’ils assurent des soins pal-
liatifs de qualité dans toutes leurs juridictions.»
Le 26 févirer 2016, Mgr Douglas Crosby, OMI,
évêque de Hamilton et Président actuel de la
Conférence des évêques catholiques du Canada,
écrivait le texte suivant:
Le 25 février dernier, le Comité mixte spécial
du gouvernement du Canada sur « l’aide médi-
La fausse compassion de l’euthanasie
La seule solution morale: les soins palliatifs
cale à mourir» a publié son rapport intitulé L’aide
médicale à mourir: une approche centrée sur le
patient. Le rapport recommande notamment:
– Que le suicide assisté soit accessible aux
personnes atteintes d’une maladie psychiatrique;
– Que les souffrances psychologiques soient
au nombre des critères ouvrant droit au suicide
assisté;
– Que d’ici environ trois ans le suicide assisté
soit accessible aux adolescents et peut-être éga-
lement aux enfants qui pourraient être considérés
comme des «personnes mineures matures»;
– Que tous les professionnels de la santé
soient tenus à tout le moins d’«aiguiller correcte-
ment» les patients qui demandent le suicide assis-
té (Recommandation 10)
– Que tous les établissements de santé sub-
ventionnés par l’État au Canada offrent le suicide
assisté;
Par ailleurs, le rapport n’indique pas comment
les soins palliatifs et les soins à domicile peuvent
offrir de véritables options aux personnes qui
sont tentées par le suicide, et il ne demande pas
de plan national pour prévenir les suicides...
L’enseignement de l’Église catholique et la
position des évêques catholiques du Canada
sont clairs. Le suicide n’est pas un soin de santé.
Tuer les personnes souffrant de maladies phy-
siques ou mentales, qu’elles soient jeunes ou
âgées, est contraire à la sollicitude et à l’amour
pour nos frères et sœurs. La dignité de la per-
sonne humaine et l’épanouissement de la com-
munauté humaine exigent : 1) la protection et le
respect de chaque vie humaine de la conception
à la mort naturelle; et 2) la liberté de conscience
et de religion pour chaque personne et pour
chaque établissement. Le bien-être social, la
sécurité personnelle et le bien commun – accom-
pagnés de la foi religieuse – signifient protéger
la vie de ceux et celles qui souffrent et non de la
menacer.
Les recommandations qui précèdent et l’idée
maîtresse du rapport ne sont absolument pas
«centrées sur le patient»; elles ne soutiennent et
n’aident en aucun point les mourants et les per-
sonnes vulnérables. Pour reprendre les mots du
pape François, les recommandations du rapport
suivent l’approche d’une société du «jetable».
Elles ne révèlent pas le visage de la miséricorde
de Dieu.
Avec mes frères évêques, catholiques et or-
thodoxes, et avec les dirigeants des communau-
tés religieuses protestantes évangéliques, juives
et musulmanes, et plusieurs autres croyants et
non-croyants, je vous exhorte de faire savoir à
vos représentants élus pourquoi l’euthanasie, le
suicide assisté et les recommandations susmen-
tionnées sont complètement inacceptables.
Déclaration des évêques du Québec
Le 8 décembre 2015, Mgr Paul Lortie, évêque
de Mont-Laurier et président de l’Assemblée des
évêques catholiques du Québec, écrivait une
lettre pastorale intitulée «Approcher de la mort
avec le Christ», dont voici des extraits:
Aider les mourants, c’est d’abord en prendre
soin. C’est les accompagner, les soulager, les
consoler, les soutenir moralement et spirituelle-
ment, en leur offrant tous les soins médicalement
et humainement possibles, y compris, le temps
venu, les soins palliatifs, qui doivent absolument
être accessibles à tous.
C’est aussi savoir renoncer à l’acharnement
thérapeutique, c’est-à-dire cesser des traitements
inutiles, disproportionnés, périlleux ou trop pé-
nibles qui sont une sorte de refus de la mort qui
doit venir en son temps. Cet arrêt de traitement
est une décision tout à fait légitime qu’il ne faut
surtout pas confondre avec l’«aide médicale à
mourir». Cesser un traitement qui ne sert à rien
ou «débrancher» quelqu’un qui ne pourra jamais
recouvrer la santé et qui est maintenu en vie arti-
ficiellement n’est pas de l’euthanasie; c’est tout
simplement laisser mourir quand le temps est
venu. Comme le dit le Catéchisme de l’Église ca-
tholique (n. 2278), «on ne veut pas ainsi donner la
mort; on accepte de ne pas pouvoir l’empêcher.»
Aider les mourants, c’est également les aider
à se préparer à la mort et au passage dans la vie
éternelle, en particulier par la prière pour eux et,
s’ils le souhaitent, par les sacrements et la prière
avec eux.
Aider les mourants, c’est les aider à bien mou-
rir, en prenant bien soin d’eux, et non pas les faire
mourir.
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