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www.versdemain.orgTiré à part gratuit de la revue Vers Demain
endormie face au drame de la pauvreté, et de
pénétrer toujours davantage le coeur de l’Evan-
gile, où les pauvres sont les destinataires privi-
légiés de la miséricorde divine. La prédication
de Jésus nous dresse le tableau de ces oeuvres
de miséricorde, pour que nous puissions com-
prendre si nous vivons, oui ou non, comme ses
disciples.
«Redécouvrons les oeuvres de miséricorde
corporelles: donner à manger aux affamés,
donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux
qui sont nus, accueillir les étrangers, assister
les malades, visiter les prisonniers, ensevelir
les morts.
«Et n’oublions pas les oeuvres de misé-
ricorde spirituelles: conseiller ceux qui sont
dans le doute, enseigner les ignorants, avertir
les pécheurs, consoler les affligés, pardonner
les offenses, supporter patiemment les person-
nes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et
pour les morts.
«Nous ne pouvons pas échapper aux pa-
roles du Seigneur et c’est sur elles que nous
serons jugés: aurons-nous donné à manger à
qui a faim et à boire à qui a soif ? Aurons-nous
accueilli l’étranger et vêtu celui qui était nu?
Aurons-nous pris le temps de demeurer auprès
de celui qui est malade et prisonnier ? (cf. Mt
25, 31-45).
«De même, il nous sera demandé si nous
avons aidé à sortir du doute qui engendre la
peur, et bien souvent la solitude; si nous avons
été capable de vaincre l’ignorance dans laquelle
vivent des millions de personnes, surtout des
enfants privés de l’aide nécessaire pour être
libérés de la pauvreté, si nous nous sommes
faits proches de celui qui est seul et affligé; si
nous avons pardonné à celui qui nous offense,
si nous avons rejeté toute forme de rancoeur et
de haine qui porte à la violence, si nous avons
été patients à l’image de Dieu qui est si patient
envers nous; si enfin, nous avons confié au Sei-
gneur, dans la prière nos frères et soeurs.
«C’est dans chacun de ces “plus petits” que
le Christ est présent. Sa chair devient de nou-
veau visible en tant que corps torturé, blessé,
flagellé, affamé, égaré… pour être reconnu par
nous, touché et assisté avec soin. N’oublions pas
les paroles de saint Jean de la Croix: “Au soir de
notre vie, nous serons jugés sur l’amour”.»
Cette année sainte est aussi, évidemment,
(suite de la première page)
un temps fort pour expérimenter la miséricorde
de Dieu par le sacrement du pardon. Dieu est
toujours prêt à nous pardonner; la seule chose
qu’Il nous demande, c’est la contrition, le regret
de nos péchés. (
Voir pages 4 et 5
.) Le pape Fran-
çois explique:
«Mon appel à la conversion s’adresse avec
plus d’insistance à ceux qui se trouvent éloignés
de la grâce de Dieu en raison de leur conduite
de vie. Je pense en particulier aux hommes et
aux femmes qui font partie d’une organisation
criminelle quelle qu’elle soit. Pour votre bien, je
vous demande de changer de vie. Je vous le de-
mande au nom du Fils de Dieu qui, combattant
le péché, n’a jamais rejeté aucun pécheur. Ne
tombez pas dans le terrible piège qui consiste à
croire que la vie ne dépend que de l’argent, et
qu’à côté, le reste n’aurait ni valeur, ni dignité.
Ce n’est qu’une illusion. Nous n’emportons pas
notre argent dans l’au-delà. L’argent ne donne
pas le vrai bonheur. La violence pour amasser
de l’argent qui fait couler le sang ne rend ni
puissant, ni immortel. Tôt ou tard, le jugement
de Dieu viendra, auquel nul ne pourra échapper.
«Voici le moment favorable pour changer
de vie ! Voici le temps de se laisser toucher au
coeur. Face au mal commis, et même aux cri-
mes graves, voici le moment d’écouter pleurer
les innocents dépouillés de leurs biens, de leur
dignité, de leur affection, de leur vie même.
Rester sur le chemin du mal n’est que source
d’illusion et de tristesse. La vraie vie est bien
autre chose. Dieu ne se lasse pas de tendre
la main. Il est toujours prêt à écouter, et moi
aussi je le suis, comme mes frères évêques et
prêtres. Il suffit d’accueillir l’appel à la conver-
sion et de se soumettre à la justice, tandis que
l’Eglise offre la miséricorde.»
Cette année sainte de la miséricorde, qui
a débuté le 8 décembre dernier, est un événe-
ment tout à fait exceptionnel dans l’histoire de
l’Église. Depuis l’an 1400, l’année sainte a été
célébrée régulièrement sans interruption tous
les 25 ans, sauf deux exceptions: les papes Pie
XI et Jean-Paul II ont ajouté deux années sain-
tes extraordinaires, célébrées en 1933 et 1983,
pour marquer le 1900e et 1950e anniversaire de
la mort et résurrection de Jésus-Christ, donc la
Rédemption du genre humain. L’année sainte
de la miséricorde est donc la troisième année
sainte extraordinaire, puisqu’autrement, la pro-
chaine année sainte ne devait avoir lieu qu’en
2025.
L’indulgence du Jubilé
Une des grâces qui peuvent être obtenues
durant ce Jubilé est bien entendu l’indulgence
plénière qui, comme durant chaque année sain-
te, peut être obtenue en franchissant la Porte
Sainte, cette fois-ci non seulement à Rome,
mais dans chaque cathédrale du monde entier,
ou les églises établies par l’évêque diocésain.
Le Catéchisme de l’Église catholique définit
ainsi l’indulgence (n. 1471): «L’indulgence est la
rémission devant Dieu de la peine temporelle
due pour les péchés dont la faute est déjà effa-
cée, rémission que le fidèle bien disposé obtient
à certaines conditions déterminées, par l’action
de l’Église, laquelle, en tant que dispensatrice
de la rédemption, distribue et applique par son
autorité le trésor des satisfactions du Christ et
des saints. L’indulgence est partielle ou plénière,
selon qu’elle libère partiellement ou totalement
de la peine temporelle due pour le péché. Tout
fidèle peut gagner des indulgences pour soi-
même ou les appliquer aux défunts.»
Le numéro suivant du même Catéchisme
explique que la peine temporelle du péché est
le purgatoire, où l’âme est purifiée. Une indul-
gence plénière libère totalement du purgatoire.
Les conditions pour obtenir cette indulgence
plénière durant l’année sainte sont, en plus de
franchir la Porte Sainte: se confesser, commu-
nier, et prier pour le Pape et ses intentions.
Dans sa lettre à Mgr Rino Fisichella, prési-
dent du Conseil pontifical pour la promotion de
la nouvelle évangélisation, au sujet de l’indul-
gence du Jubilé de la miséricorde, le pape écrit:
«J’ai demandé que l’Eglise redécouvre en
ce temps jubilaire la richesse contenue dans les
œuvres de miséricorde corporelles et spirituel-
les. L’expérience de la miséricorde, en effet,
devient visible dans le témoignage de signes
concrets comme Jésus lui-même nous l’a en-
seigné. Chaque fois qu’un fidèle vivra person-
nellement l’une ou plusieurs de ces œuvres, il
obtiendra certainement l’indulgence jubilaire.»
Terminons avec cette prière pour l’Année de
la Miséricorde, composée par le Pape François:
Seigneur Jésus-Christ, toi qui nous a appris
à être miséricordieux comme le Père céleste,
et nous a dit que te voir, c’est Le voir, mon-
tre-nous ton visage, et nous serons sauvés.
Ton regard rempli d’amour a libéré Zachée
et Matthieu de l’esclavage de l’argent,
la femme adultère et Madeleine de la quête
du bonheur à travers les seules créatures;
tu as fait pleurer Pierre après son reniement,
et promis le paradis au larron repenti.
Fais que chacun de nous écoute cette parole
dite à la Samaritaine comme s’adressant
à nous: Si tu savais le don de Dieu !
Tu es le visage visible du Père invisible, du
Dieu qui manifesta sa toute-puissance par
le pardon et la miséricorde: fais que l’Église
soit, dans le monde, ton visage visible,
toi son Seigneur ressuscité dans la gloire.
Tu as voulu que tes serviteurs soient eux
aussi habillés de faiblesse pour ressentir une
vraie compassion à l’égard de ceux qui sont
dans l’ignorance et l’erreur: fais que
quiconque s’adresse à l’un d’eux se sente
attendu, aimé, et pardonné par Dieu.
Envoie ton Esprit et consacre-nous tous de
son onction pour que le Jubilé de la
Miséricorde soit une année de grâce du
Seigneur, et qu’avec un enthousiasme
renouvelé, ton Église annonce aux pauvres
la bonne nouvelle, aux prisonniers et aux
opprimés la liberté, et aux aveugles qu’ils
retrouveront la vue. Nous te le demandons
par Marie, Mère de la Miséricorde,
à toi qui vis et règnes avec le Père
et le Saint Esprit, pour les siècles des siècles.
Amen.
Le retour de l’enfant prodigue, par Joseph Kastner, église d’Erloserkirche, Vienne