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www.versdemain.orgTiré à part gratuit de la revue Vers Demain
En décembre 1984, le Pape Jean-Paul II pu-
bliait l’exhortation apostolique Réconciliation et
Pénitence, faisant suite au Synode des évêques
réunis à Rome en 1983 sur le thème «La Récon-
ciliation et la Pénitence dans la Mission de l’Égli-
se», tous ayant constaté un abandon presque
total de ce sacrement de la part des fidèles. Et
pourtant, nous sommes tous pécheurs, et avons
tous besoin du pardon de Dieu.
La miséricorde de Dieu dépasse infiniment
tous les péchés que tous les hommes et fem-
mes ont commis, commettent et commettront
dans toute l’histoire humaine; tout comme le
père dans la parabole de l’enfant prodigue (Lc
15, 1-32), Dieu est toujours prêt à nous pardon-
ner, mais il ne peut le faire sans notre consen-
tement, sans qu’on lui demande, sans qu’on re-
grette véritablement nos péchés. Et cela ne peut
se faire, comme l’enseigne l’Église, que par le
sacrement de la Confession, aussi appelé sacre-
ment de la Pénitence et de la Réconciliation, en
confessant ses péchés à un prêtre.
Que dirait-on de l’état d’une personne qui
ne s’est pas lavée depuis 40 ans, 50 ans? Elle
dégagerait une odeur nauséabonde, à coup sûr.
Eh bien, on peut dire la même chose du point
de vue spirituel, au sujet d’une personne qui ne
s’est pas confessée depuis 40 ou 50 ans: cette
âme a grand besoin d’être lavée et purifiée par
le sang de Jésus, dans le sacrement du pardon.
Pour cette Année sainte extraordinaire de la
Miséricorde, le Pape François demande à tous
de retourner à la fréquentation du sacrement de
la confession, ce qui changera la face du mon-
de. Nous citons ici des extraits de l’exhortation
apostolique de saint Jean-Paul II (num.ros 28 à
31), qui nous rappelle les principaux éléments
de ce sacrement:
par
Jean-Paul II
Le sacrement de Pénitence
traverse une
crise
, et le Synode en a pris acte. Il a recom-
mandé une catéchèse approfondie, mais éga-
lement une analyse non moins approfondie de
caractère théologique, historique, psychologi-
que, sociologique et juridique sur la pénitence
en général et sur le sacrement de Pénitence en
particulier. Il a cherché ainsi à éclaircir les cau-
ses de la crise et à ouvrir la voie à une solution
positive pour le plus grand bien de l’humanité.
En même temps, du Synode lui-même l’Eglise a
reçu une claire confirmation de sa foi en ce qui
concerne le sacrement qui donne à tout chrétien
et à la communauté entière des croyants la cer-
titude du pardon grâce à la puissance du sang
rédempteur du Christ.
Il est bon de
renouveler et de réaffirmer cet-
te foi
à une époque où elle pourrait s’affaiblir,
perdre quelque chose de son intégrité ou entrer
dans une zone d’ombre et de silence, menacée
comme elle l’est par la crise déjà mentionnée
en ce qu’elle a de négatif. En effet, le sacre-
ment de la confession est en butte à de nom-
breuses menaces: d’un côté, l’obscurcissement
de la conscience morale et religieuse, la dimi-
nution du sens du péché, la déformation de la
notion de repentir, l’élan insuffisant vers une vie
authentiquement chrétienne; d’un autre côté, la
mentalité répandue ici ou là selon laquelle on
pourrait obtenir le pardon directement de Dieu,
même de façon ordinaire, sans s’approcher du
sacrement de la Réconciliation, et aussi la
rou-
tine
d’une pratique sacramentelle qui manque
parfois de ferveur et de spontanéité spirituelle,
cette routine étant due peut-être à une concep-
tion erronée et détournée de son vrai sens en ce
qui concerne les effets du sacrement.
Il convient donc de rappeler les principaux
aspects de ce
grand
sacrement
.
Le sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation
Saint Jean-Paul II en explique l’importance vitale
«Ceux à qui vous les remettrez»
A la plénitude des temps, le Fils de Dieu,
venant comme l’Agneau qui
enlève
et
porte sur
lui
le péché du monde, apparaît comme celui qui
possède le pouvoir aussi bien de juger que de
pardonner les péchés; et il est venu non pour
condamner mais pour pardonner et sauver.
Or, ce pouvoir de remettre les péchés, Jésus
l’a conféré, par l’Esprit Saint, à de simples hom-
mes, eux-mêmes sujets aux assauts du péché,
à savoir à ses Apôtres: «Recevez l’Esprit Saint.
Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur
seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils
leur seront retenus» (Jn 20, 22; Mt 18, 18).
C’est là une des nouveautés évangéliques
les plus formidables ! En conférant ce pouvoir
aux Apôtres, Jésus leur donne la faculté de le
transmettre, comme l’Eglise l’a compris dès
l’aube de son existence, à leurs successeurs, in-
vestis par les Apôtres eux-mêmes de la mission
et de la responsabilité de continuer leur œuvre
d’annonciateurs de l’Evangile et de ministres de
la Rédemption du Christ.
Ici apparaît dans toute sa grandeur la figure
du ministre du sacrement de Pénitence, appelé
confesseur selon une coutume très ancienne.
Comme à l’autel où il célèbre l’Eucharistie,
et comme en chacun des sacrements, le prê-
tre, ministre de la Pénitence, agit «in persona
Christi». Le Christ, qui est rendu présent par
le prêtre et qui accomplit par lui le mystère de
la rémission des péchés, apparaît bien com-
me frère de l’homme, pontife miséricordieux,
fidèle et compatissant, pasteur toujours à la re-
cherche de la brebis perdue, médecin qui gué-
rit et réconforte, maître unique qui enseigne la
vérité et montre les chemins de Dieu, juge des
vivants et des morts, qui juge selon la vérité et
non d’après les apparences. (...)
Je ne puis manquer d’évoquer, avec une
respectueuse admiration, les figures de certains
apôtres extraordinaires du confessionnal, tels
que saint Jean Népomucène, saint Jean-Ma-
rie Vianney, saint Joseph Cafasso et saint Léo-
pold de Castelnuovo, pour ne parler que des
plus connus, inscrits par l’Eglise au nombre des
saints. Mais je désire rendre hommage égale-
ment à l’innombrable foule de saints confes-
seurs, presque toujours anonymes, auxquels
est dû le salut de tant d’âmes qu’ils ont aidées à
se convertir, à lutter contre le péché et les tenta-
tions, à progresser spirituellement et, en défini-
tive, à se sanctifier.
Je n’hésite pas à dire que les grands saints
canonisés sont généralement eux aussi issus de
cette pratique de la confession, et, avec eux, le
patrimoine spirituel de l’Eglise et l’épanouisse-
ment d’une civilisation imprégnée d’esprit chré-
tien. Honneur soit donc rendu à cette cohorte
silencieuse de nos confrères qui ont bien servi et
servent chaque jour la cause de la réconciliation
par le ministère de la Pénitence sacramentelle !
Le sacrement du Pardon
La révélation de la valeur de ce ministère, et
du pouvoir de remettre les péchés conféré aux
Apôtres et à leurs successeurs par le Christ, a
fait se développer dans l’Eglise la conscience
du
signe du
pardon
donné par le sacrement
de Pénitence. Il s’agit de la certitude que le
Seigneur Jésus lui-même a institué et confié
à l’Eglise – comme don de sa bienveillance et
de son «amour pour les hommes» à proposer
à tous – un sacrement spécial pour la rémission
des péchés commis après le baptême.
On doit réaffirmer comme une
donnée es-
sentielle de la foi
sur la valeur et le but de la Pé-
nitence, que notre Sauveur Jésus Christ institua
dans son Eglise le sacrement de Pénitence, afin
que les fidèles tombés dans le péché après leur
baptême puissent recevoir la grâce et se récon-
cilier avec Dieu.
Quelques convictions fondamentales
Les vérités susdites, rappelées avec force et
clarté par le Synode et incluses dans les
Propo-
sitions
, peuvent se synthétiser dans les convic-
tions de foi suivantes, auxquelles se rattachent
toutes les autres affirmations de la doctrine ca-
tholique sur le sacrement de Pénitence.
I. La première conviction est que, pour un
chrétien, le sacrement de Pénitence est la voie
ordinaire pour obtenir le pardon et la rémission
des péchés graves commis après le baptême.
Assurément, le Sauveur et son œuvre salvifique
ne sont pas liés à quelque signe sacramentel au
point de ne pouvoir, en n’importe quel moment
et domaine de l’histoire du salut, agir en dehors
et au-dessus des sacrements.
Mais à l’école de la foi, nous apprenons que
le même Sauveur a voulu et disposé que les
humbles et précieux sacrements de la foi soient
ordinairement les moyens efficaces par lesquels
passe et agit sa puissance rédemptrice. Il serait
donc insensé et pas seulement présomptueux
de vouloir laisser arbitrairement de côté des ins-
truments de grâce et de salut que le Seigneur a
institués et, en l’occurrence, de prétendre rece-
voir le pardon sans recourir au sacrement insti-
tué par le Christ précisément en vue du pardon.
II. La seconde conviction concerne la fonc-
tion du sacrement de Pénitence pour celui qui y
recourt.
Selon la conception la plus ancienne de
la Tradition, ce sacrement est une sorte
d’action
judiciaire
; mais celle-ci se déroule auprès d’un
tribunal de miséricorde, plus que d’étroite et
rigoureuse justice, ce tribunal n’étant donc com-
Par l’intermédiaire du prêtre, c’est vraiment Jésus Lui-même qui pardonne nos péchés au confessional.