Page 204 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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202 31. Réhabilitation des droits de la personne
choses qui ne sont rien que pour la perdition des âmes et d’autres
choses qui sont du luxe inutile quand il y a deux tiers de l’humanité
qui ne mange pas à sa faim, tous ceux qui fabriquent ces choses-
là, qui travaillent à cela, gaspillent le crédit réel du pays et ils nous
prêchent l’épargne, ils nous prêchent d’épargner alors qu’ils sont
les plus grands gaspilleurs du monde, ceux-là!
En passant, je lisais l’autre jour encore, un discours de monsieur
Raoul Follereau; c’est le grand missionnaire des lépreux, ce n’est
pas un missionnaire avec une soutane, ce n’est pas un homme non
plus qui travaille dans les léproseries, c’est un homme qui parcourt
le monde pour intéresser les gens au sort des lépreux. Il nous dit
qu’il y a dix millions de lépreux dans l’univers. Aujourd’hui, grâce
aux découvertes de certains sulfates, ça ne prend que l’équivalent
de trois dollars de remède pour pouvoir arrêter la lèpre de l’individu
qui en est frappé, rendre sa maladie non plus contagieuse, il peut
vivre avec le reste de la société, il est réhabilité, avec la quantité de
lèpre qu’il a, mais qui n’est pas contagieuse; ça ne prend que trois
dollars par personne.
Des millions de cadavres à la dernière guerre
Pas d’argent pour soigner les lépreux
À la dernière guerre, dit-il, on a calculé que d’après le nombre
de morts, chaque cadavre a coûté $50,000. Avec chaque cadavre
qu’on a fait pendant la dernière guerre, on aurait pu sauver, changer
la vie de seize mille lépreux. Et on a fait des millions de cadavres. Il y
aurait eu de quoi changer bien des fois la vie de tous les lépreux du
monde. Et il disait, quand je pense à cela, et quand je me rappelle
d’avoir vu des bras de lépreux tendus vers moi, avec plus de main,
la main mangée par la lèpre, rien qu’un moignon dont on voyait
encore la peau tendre, j’ai encore cela devant les yeux, et quand je
pense à tout le gaspillage qui se fait dans l’univers pour la guerre,
pour la destruction, et par des chrétiens contre des chrétiens.
Les deux tueries abominables de notre génération ont été
faites par des nations chrétiennes, pas par des nations exploitées
de l’Asie ni de l’Afrique, mais par des nations chrétiennes de
l’Europe et les nations chrétiennes d’Amérique se sont empressées
d’embarquer là-dedans, pour tuer d’autres chrétiens. Et on disait
que c’était pour sauver la civilisation, la chrétienté. On a fait un
carnage épouvantable, pour venir à un désordre effrayant.