Page 119 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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L’argent et les prix — L’escompte compensé 119
les travailleurs pour le réaliser?» Si oui, l’Office National de Crédit
créerait automatiquement l’argent nécessaire pour financer cette
production nouvelle.
Supposons, par exemple, que la population désire un nouveau
pont, dont la construction coûte 50 millions $. L’Office National de
Crédit crée donc 50 millions $ pour financer la construction de ce
pont. Et puisque tout argent nouveau doit être retiré de la circula-
tion lors de la consommation, ainsi l’argent créé pour la construc-
tion du pont devra être retiré de la circulation lors de la consomma-
tion de ce pont.
De quelle manière un pont peut-il être «consommé»? Par usure
ou dépréciation. Supposons que les ingénieurs qui ont construit ce
pont prévoient qu’il durera 50 ans; ce pont perdra donc un cinquan-
tième de sa valeur à chaque année. Puisqu’il a coûté 50 millions $ à
construire, il subira donc une dépréciation d’un million $ par année.
C’est donc un million de dollars qui devront être retirés de la circu-
lation à chaque année, pendant 50 ans. Au bout de 50 ans, le pont
sera complètement payé, sans un sou d’intérêt ni de dette.
Est-ce que ce retrait d’argent se fera par les taxes? Non, cela
n’est nullement nécessaire, dit Douglas, le concepteur du système
du Crédit Social. Il existe une autre méthode bien plus simple pour
retirer cet argent de la circulation, celle de l’ajustement des prix
(appelé aussi escompte compensé).
D’ailleurs, sous un système de crédit social, les taxes diminue-
raient de façon drastique, et la plupart disparaîtraient tout simple-
ment. Le juste principe à observer, c’est que les gens ne paient
que pour ce qu’ils consomment. Par contre, il serait injuste de faire
payer à la population de tout le pays des services qui ne sont offerts
que dans une rue ou une municipalité, comme le service d’eau,
d’égout ou de vidange; ce sont ceux qui bénéficient de ces services
qui auraient à payer la municipalité qui les fournit.
De quelle manière cet ajustement des prix fonctionnerait-il?
L’Office National de Crédit serait chargé de tenir une comptabilité
exacte de l’actif et du passif de la nation, ce qui ne nécessiterait que
deux colonnes: d’un côté, on inscrirait tout ce qui est produit dans le
pays durant la période en question (l’actif), et de l’autre, tout ce qui
est consommé (le passif). Le 1 million $ de dépréciation annuelle du
pont, de l’exemple mentionné plus haut, serait donc inscrit dans la
colonne «passif» ou «consommation», et ajouté à toutes les autres
formes de consommation ou disparition de richesse durant l’année.