Page 32 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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30    2. La monopolisation de l’argent

        bien montrer comment la simple monnaie scripturale, qui prend
        naissance dans la banque et qui tendait déjà à devenir l’instrument
        monétaire courant du commerce et de l’industrie, n’était en somme
        qu’une monétisation de la capacité de production de toute la com-
        munauté. L’argent nouveau ainsi créé ne peut donc bien être que
        social et nullement propriété de la banque. Social, par la base com-
        munautaire qui lui confère sa valeur.

                        Un pouvoir discrétionnaire

            C’est en effet la production de toute la communauté dans son
        ensemble qui confère de la valeur à l’argent.  Social aussi  par la
        vertu qu’a cet argent de commander n’importe quel service et n’im-
        porte quel produit, d’où qu’ils viennent. Le contrôle de cette source
        d’argent place donc entre les mains de ceux qui l’exercent un pou-
        voir discrétionnaire sur toute la vie économique.
            Puis, la banque qui prête, non pas l’argent de ses déposants,
        mais des dépôts qu’elle crée elle-même de toute pièce, par de sim-
        ples inscriptions de chiffres, ne se départit de rien. L’emprunteur
        peut sortir de la banque avec un prêt de cent milles, deux cents
        milles dollars ou davantage, la banque n’a pas sorti un sou de ses
        coffres, ni diminué d’un sou les dépôts de ses clients.
            C’est de l’argent nouveau sous forme de crédit financier ayant
        toutes les vertus de l’argent de métal ou de papier. Argent nouveau
        créé d’un trait de plume dans les livres de la banque. L’intérêt qu’el-
        le en exige peut bien être taxé d’usure; quel qu’en soit le taux, c’est
        plus que du 100 pour cent, puisque c’est de l’intérêt sur un capital
        zéro de la part du prêteur.

                         Accumulation de dettes

            Usure, aussi, qui peut bien s’appeler dévorante. En effet, l’em-
        prunteur n’est pas capable de tirer de la communauté plus d’argent
        qu’il n’y a été mis en circulation. Pour pouvoir servir l’intérêt, il faut
        qu’il y ait d’autres prêts venant par derrière et servant de nouvel
        argent  en circulation. Autres prêts, exigeant,  eux  aussi, d’autres
        intérêts. D’où une accumulation de dettes, les unes de caractère
        privé, les autres de caractère public, quand il s’agit d’emprunts par
        le gouvernement ou par des corps publics, mais toutes collective-
        ment impayables.
            Que fut exactement la rédaction de ce texte relatif au monopole
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