Page 16 - Du régime de dettes à la prospérité — J-Crate Larkin
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Chapitre 1

                         La situation actuelle

            Depuis  quelques  années  nous  souffrons  d’une  dé-
        pression  universelle  de  l’industrie.  Tous  désirent  la  re-
        prise des affaires. Des millions ont faim, pendant que les
        entrepôts regorgent de blé, ils réclament des vêtements
        et l’on détruit le coton; ils sont sans foyer et des maisons
        restent vacantes. Des foules vivent dans les privations,
        avec une richesse inutilisée à portée de leurs mains. Pau-
        vreté au sein de l’abondance! Quel triste paradoxe pour
        un monde civilisé!
            Mais ce spectacle pitoyable devient encore plus frap-
        pant si l’on compare le Canada producteur avec le Cana-
        da consommateur, le Canada manufacturier avec le Ca-
        nada acheteur. Le manufacturier peut produire presque
        sans limite, mais l’acheteur a des moyens très bornés et
        ne peut acheter. À cause de ce non-sens, les roues de
        l’industrie demeurent en panne.
            La reprise des affaires est d’ordre purement écono-
        mique, puisque les éléments physiques ne font pas dé-
        faut. Il ne faut pas s’effaroucher de ce mot, «économi-
        que.» L’économie domestique est la bonne gouverne de
        la maison ; l’économie politique s’occupe de la gouverne
        des  collectivités.  Les  questions  économiques  sont  du
        domaine de l’intelligence ordinaire ; on peut en parler en
        langage simple et courant. Au lieu d’essayer de saisir un
        amas d’idées abstraites, il est bien plus compréhensible
        et plus utile, de considérer l’économie simplement dans
        son application aux affaires de tous et de chacun.
            Encore faut-il s’entendre sur le sens des termes quand
        on veut traiter un sujet. Nous allons appeler commerce le
        procédé qui consiste à satisfaire les désirs des hommes
        par l’échange entre eux des produits de leur travail, au
        moyen d’un intermédiaire appelé monnaie. S’il n’y avait
        pas d’intermédiaire, ce serait le simple troc, beaucoup
        moins souple et incapable de fonctionner adéquatement
        dans le monde avancé d’aujourd’hui.
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