PROGRAMME LIBÉRAL
(offert dans tout le Canada)
Formule spéciale pour 1940 :
L'unité nationale pour la conduite efficace de la guerre.
Programme réel :
Vanter le grand parti libéral
Dénoncer le parti conservateur
Conserver le pouvoir
Favoriser des amis, et soi-même le premier
Oublier les électeurs et marcher sous le fouet du parti
Grossir la dette et augmenter les taxes
Faire des lois pour la guerre d'Europe
Oublier les familles canadiennes qui souffrent
Répondre aux plaintes par des exhortations à la patience
Fuir le peuple, sauf en temps d'élection
Entretenir l'ignorance pour protéger l'exploitation
Garantie :
Le passé en fait foi, il n'y a qu'à continuer.
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PROGRAMME CONSERVATEUR
(offert dans tout le Canada)
Formule spéciale pour 1940 :
Un gouvernement national pour la conduite efficace de la guerre
Programme réel :
Vanter le grand parti conservateur
Dénoncer le parti libéral
Acquérir le pouvoir
Favoriser des amis, et soi-même le premier
Oublier les électeurs et marcher sous le fouet du parti
Grossir la dette et augmenter les taxes
Faire des lois pour la guerre d'Europe
Oublier les familles canadiennes qui souffrent
Répondre aux plaintes par des exhortations à la patience
Fuir le peuple, sauf en temps d'élection
Entretenir l'ignorance pour protéger l'exploitation
Garantie :
Le passé en fait foi, il n'y a qu'à continuer.
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PROGRAMME CRÉDITISTE
(exposé dans deux comtés du Québec)
Formule de toujours :
L'argent au service de l'homme.
Programme indéfectible :
L'argent par l'État pour le peuple
Assez d'argent dans le pays pour acheter tous les produits offerts
À chacun une part de l'argent nouveau
Revenu de la famille augmenté avec chaque enfant
Nourriture, vêtements, logements, meubles, soins médicaux, instruction, tant que le Canada peut en fournir. L'argent doit être là pour les faire entrer dans les maisons.
Cessation des emprunts, diminution des taxes.
Instruire les électeurs pour qu'ils surveillent leurs députés.
Garantie :
L'indépendance des créditistes vis-à-vis des partis et des financiers dans le passé en fait foi. Ils ne feront que continuer.
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La majorité énorme accordée au parti libéral est due, sans doute, à l'opinion que le maintien des libéraux au pouvoir était la meilleure garantie contre la guerre à outrance et surtout contre la conscription.
On comprend ce sentiment, surtout si on se rappelle la position des conservateurs et du cabinet d'union au cours de la dernière guerre.
Mais, dans le comté de Lac St-Jean-Roberval et dans le comté de Hull, les électeurs avaient l'avantage de pouvoir choisir un indépendant qui, en outre d'être par principe opposé à toute enrégimentation des individus, surtout par la conscription, réclamait des réformes économiques urgentes, l'argent au service des familles.
Faut-il conclure, du résultat, que les gens de ces deux comtés sont majoritairement contents du régime actuel ? Ou bien n'ont-ils pas été mis à même de connaître mieux ? Est-ce que les créditistes de ces deux comtés sont en nombre inférieur ? Les créditistes de ces deux comtés eux-mêmes ont-ils bien voté pour leur candidat ? Les influences corruptrices, actives en temps d'élection, ont-elles manœuvré là d'une manière spéciale ? L'assurance d'être protégé contre la conscription par le parti libéral a-t-elle fait oublier toutes les trahisons et toutes les inerties passées ?
Impossible de répondre à ces questions en connaissance de cause. Nous ne pouvons qu'exposer des faits dont nous sommes certains. Les voici :
Dans Lac St-Jean-Roberval, c'est sans contredit aux assemblées du Crédit Social qu'on trouvait les plus grosses assistances et le plus d'enthousiasme. On nous écrit la même chose de Hull.
Par suite d'un accident de la route au Manitoba, j'ai été retenu à l'hôpital et absent du comté de Lac St-Jean-Roberval pendant toute la durée de la campagne ; mais MM. J.-E. Grégoire, de Québec, Henri Dubuc, de Sherbrooke, Louis Tardivel, de Portneuf, Jean-Nil Jean, de Saint-Joseph d'Alma, Wilbrod Tremblay, de Saint-Méthode, Mlle Gilberte Côté, de Montréal, étaient continuellement en tournée d'assemblées.
Les créditistes des deux comtés, Hull et Lac St-Jean, ont fait d'immenses sacrifices de temps, d'argent et d'énergie pour le succès de leur cause.
Les adversaires n'ont pas manqué de recourir à toutes sortes de fausses représentations et de subterfuges pour suppléer à l'absence d'arguments.
Pour les électeurs du Lac St-Jean, j'étais un importé ; on m'a fait provenir de tous les pays, même de la Russie. Petit jeu ! Pour le Crédit Social, ils feignaient de concéder qu'il a du bon, mais que son avènement à l'heure actuelle serait prématuré (ce ne sont sans doute pas eux qui souffrent !) La veille de la nomination, ils faisaient annoncer à la radio que je retirais ma candidature. Pour comble, le jour même de la votation, c'était ma mort subite qu'on annonçait à la radio et la Presse Canadienne confirmait la nouvelle. Je ne suis ressuscité que pour les journaux du soir.
Mais tout cela n'explique pas l'échec. Dans des villages comme St-Jérôme, Chambord, Saint-Félicien, les créditistes sont certainement en grande majorité, et pourtant, le vote nous a été adverse. Par contre, dans Mistassini, par exemple, où notre propagande n'a été faite que le dimanche avant-veille du 26 mars, nous avons recueilli un nombre intéressant de voix. Cela prouve que l'organisation libérale dispose de moyens et de méthodes que je ne puis définir, parce que je ne les connais pas, pour virer l'opinion partout où elle constate à temps qu'il y a un virement à faire.
Notre article La finance derrière l'autel en page 4 du présent numéro, donne une idée des méthodes sales et hypocrites auxquelles les libéraux ont recouru dans le comté de Hull. Les créditistes n'auraient pas fait le quart de cela sans s'attirer les foudres des autorités et les dénonciations d'une presse plus pharisienne que catholique.
Conclusion : suspendre toute activité créditiste ? Jamais. Nous avons aujourd'hui exactement la même valeur de doctrine qu'avant l'élection et plus d'adhérents qu'il y a deux mois — quoi qu'en disent certains journaux.
Mais l'abîme de notre esclavage est très profond, les chaînes qui nous lient sont fortes et de plus en plus nombreuses. Qu'on se rappelle seulement que sur six millions d'électeurs, plus de deux millions dépendent du gouvernement soit pour leur salaire, soit pour leur allocation !
Nous ne sortirons pas de là par des assauts irréguliers ni avec des moitiés de sacrifices. Il faut mener la lutte avec force et persévérance, 365 jours par année. Contre la presse de partis et la presse mercantile à la solde de la Finance, il nous faut édifier notre presse créditiste. C'est autour de notre journal VERS DEMAIN qu'il nous faudra former une élite suffisamment nombreuse et profondément renseignée.
Le Crédit social ne peut être imposé à la multitude ; mais la multitude, instruite par l'élite que nous formerons, réclamera spontanément et avec une force irrésistible une chose qui lui appartient.
Travail long peut-être que cette éducation, mais travail possible et travail nécessaire si l'on veut éviter le chaos. Notre mot d'ordre aux créditistes est : Plus fort que jamais — tout de suite — sans arrêter ! Un abonné par deux familles !