Page 5 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 5
Préface de la première édition de 1946
Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme
créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la
civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus,
qu’à l’économique. Nous croyons même, avec Douglas — à qui le
monde doit cette lumineuse doctrine — qu’un redressement éco-
nomique, dans le sens du Crédit Social, est impossible sans un re-
dressement préalable d’ordre politique.
Dans ce volume, cependant, sauf quelques réflexions inciden-
tes aux répercussions sur la politique d’un système financier dé-
traqué et dominateur, nous avons borné notre étude aux objectifs
économiques et aux propositions monétaires du Crédit Social.
Le titre du livre — Sous le signe de l’abondance — exprime as-
sez bien qu’il s’agit d’une économie d’abondance, de l’accès rendu
facile aux immenses possibilités de la production moderne.
L’économie ancienne pouvait être «sous le signe de l’or» ou de
quelque autre objet rare lorsque la production elle-même faisait
souvent défaut. Mais c’est méconnaître le progrès et outrager la
logique que vouloir conserver un instrument lié à la rareté pour
conférer des titres à une production motorisé.
Dans la première partie de ce volume, on rappelle des notions
essentielles et très simples, que tout le monde admet sans peine,
mais qui sont presque totalement ignorées dans l’organisme éco-
nomique actuel. Les fins ne commandent plus les moyens. Une
brève étude du système monétaire démontre que l’argent régit là
où il devrait servir. On présente comme remède les propositions
du Crédit Social, dont on expose les grandes lignes, sans entrer
dans les méthodes d’application. Le problème, croyons-nous, n’est
pas tant de développer une technique de fonctionnement que de
faire accepter des propositions qui semblent à la fois trop simples
et trop audacieuses aux esprits habitués à perdre de vue les fins et
à s’enliser dans la complexité des moyens. Aussi, nombre de cha-
pitres se présentent-ils surtout comme un plaidoyer de justification
de la doctrine créditiste.
La deuxième partie reproduit, sans enchaînement nécessaire
entre eux, certains discours et articles de nature à jeter de la lu-
mière sur divers aspects du Crédit Social. Outre les production de
l’auteur lui-même, on trouvera dans cette partie quelques contri-
butions de Maître J.-Ernest Grégoire, avocat, de Mlle Gilberte Côté
(depuis Mme Gilberte Côté-Mercier) et de M. Edmond Major.
En offrant ce libre au public, nous avons surtout en vue le lec-