Page 29 - Vers Demain Mars 2020
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avec goût un petit oratoire installé dans sa maison: la
        tertiaire franciscaine sait que la beauté de la Création
        est un chemin qui conduit à Dieu.
            Marguerite Bays a un soin particulier des pauvres
        et des malades. Les indigents sont assidus à venir la
        solliciter, et ils ne la quittent jamais les mains vides.
        Elle rend visite aux  pauvres, leur apportant  habits
        neufs et vivres. Gardant en sa mémoire la figure du
        Christ  qui, de  riche  qu'il  était,  s'est  fait pauvre  pour
        nous enrichir de sa pauvreté (cf. 2 Co 8, 9), elle s'appli-
        que à suivre Jésus dans son humilité et sa pauvreté,       L’abbaye cistercienne de la Fille-Dieu
        à vivre du strict nécessaire et à donner aux pauvres le
        meilleur d'elle-même. Elle les aide aussi à se rappro-  pour lui laisser une entière liberté, mais le jour ou Al-
        cher du Seigneur, comme elle fait pour Louise Cosan-  phonsine lui apprend sa décision de devenir moniale,
        dey des Combes, une infirme avec laquelle elle a de   elle ne peut s'empêcher de s'exclamer: «Enfin, filleule!
        nombreux colloques spirituels.                       Je te tiens!»
                      «Allez de l’avant!»                        Devenue sœur Ludgarde, la novice reste très pro-
            Marguerite est spirituellement proche d'un jeune   che de sa marraine, à qui elle confie sa peine d'ignorer
        prêtre  de  Fribourg,  le  chanoine  Joseph  Schorderet,   le sort éternel de sa mère, décédée brutalement cinq
        dont la vocation s'est décidée précisément au cours   ans plus tôt, sans le secours des sacrements. Un jour
        d'une visite à la chapelle Notre -Dame du Bois. Celui-  de novembre 1867, Marguerite se présente à la porte-
        ci  entreprend  un  travail  d'évangélisation,  et  fonde   rie du monastère, demandant  la permission d'entrer
        dans ce but, en 1873, une congrégation religieuse, les   en clôture, pour faire avec sœur Ludgarde un chemin
        Sœurs de Saint-Paul, dont l'apostolat consistera à pu-  de croix dans la salle du chapitre, où se trouvent des
        blier des journaux et des livres catholiques. L'évêque   tableaux représentant les différentes stations. On lui
        de Fribourg, Mgr Marilley, se montre, au début, peu   répond qu'une  autorisation  de l'évêque  est requise.
        favorable à cette initiative, car il se méfie des journaux   Marguerite  s'adresse alors directement  au  prélat  et
        et s'en tient au moyen traditionnel d'enseignement: la   obtient de pouvoir réaliser son dessein. Un soir, elle
        lecture en chaire par les curés des mandements épis-  est admise au chapitre alors que les sœurs sont cou-
        copaux, au cours de la Messe du dimanche. Mais ce    chées, et pendant deux heures elle parcourt avec sa
        moyen n'atteint  pas les personnes qui ne vont plus   filleule les quatorze stations du chemin de croix.
        régulièrement à la Messe, et qui lisent assidûment les   À l'issue de cet exercice, elle assure joyeusement
        journaux anticléricaux.                              à soeur Ludgarde que sa mère est désormais au Ciel.
            Le chanoine consulte Marguerite, qui, après avoir   Marguerite,  en  ef-
        prié,  l'encourage  à  poursuivre  son action:  «Ne  crai-  fet, avait appris par
        gnez rien, allez de I’avant, cette œuvre fera grand bien   révélation  que la
        chez nous et sera particulièrement bénie de Dieu, car   mère d'Alphonsine
        elle correspond à sa volonté.» Le prêtre se rend alors   resterait en pur-
        à Rome où il obtient une audience du Pape Pie IX, qui   gatoire  jusqu'a  ce
        bénit son projet. Indisposé, Mgr Marilley humilie pu-  que celle-ci ait fait
        bliquement Marguerite au cours d'une visite pastorale,   avec sa marraine
        la  laissant  longtemps  debout  devant  lui,  et  finissant   ce chemin de croix
        par lui dire, par allusion à ses trop nombreux visiteurs:   à son intention.
        «L'eau qui coule le plus bas sous terre est la meilleu-  Dès  lors, Margue-
        re.» Ce rappel à l'humilité laisse planer un doute sur la   rite est autorisée
        pureté des intentions de Marguerite qui, grandement   par  Mgr  Marilley  à
        affligée, garde le silence. Plus tard, l'évêque reconnaî-  faire des séjours au
        tra la sainteté de cette humble femme.               milieu  des sœurs:
                                                             elle n'en abuse pas,
            Marguerite  parcourt très souvent à pied les six   mais  en  profite
        kilomètres qui séparent sa maison de l'abbaye cister-  pour participer à
        cienne de la Fille- Dieu, à Romont. Sa filleule, Alphon-  leur retraite annuel-
        sine Menetrey, est entrée dans ce monastère en 1865,   le. Les moniales lui
        apparemment à la suite d'une pieuse inspiration de sa   demandent  parfois
        marraine; celle-ci a fait voeu, le jour du baptême d'Al-  des conseils, ce
        phonsine en 1845, de prier tous les jours pour que sa   qui trouble  beau-
        filleule soit appelée à suivre le Christ de plus près dans   coup  son humi-  Marguerite méditant
        la vie religieuse. Elle n'en a jamais parlé à la jeune fille   lité: éclairée  d'en   le chemin de croix  u


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