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Terrorisme & Révolution — Sous-thèmes

La vie créditiste - X

Louis Even le dimanche, 15 décembre 1940. Dans La vie créditiste

Pour des résultats

Le maréchal Foch se posait fréquemment la question : Qu'est-ce que je veux ? Quel est le but que je poursuis ?

Lorsqu'on veut un résultat, il ne faut pas perdre de vue l'objectif, ou on risque de s'écarter.

Qu'est-ce que je veux ? J'ordonne ensuite les moyens à la fin. Je prends les moyens qui conduisent plus directement au but, dans la mesure où ils sont possibles.

Un obstacle surgit. Se morfondre ou se décourager ne sert à rien. Je renverse où je contourne l'obstacle, et je vais de l'avant.

Que veut le Crédit Social ?

Le Crédit Social veut les institutions au service de l'homme. Que chacun tire avantage de la vie ensemble, de l'association.

L'association pour la production a produit des merveilles.

Il faut maintenant que l'association fasse des merveilles dans la distribution.

L'obstacle est d'ordre financier. Tout est là pour une distribution aussi efficace que la production, tout excepté l'argent.

Le Crédit Social s'en prend donc à l'obstacle. Il faut dompter l'argent et le faire accomplir son rôle.

Attitude nécessaire

Quand réussira-t-on cet objectif ? Que faut-il pour cela ? Que manque-til ?

La difficulté technique n'existe pas. Si l'argent peut aujourd'hui se faire, par de simples écritures, pour le profit de particuliers, l'argent peut certainement se faire, par de simples écritures, pour le service de la collectivité.

Mais cette technique n'est pas connue et comprise de tout le monde ? Non, et ce n'est pas nécessaire.

Est-il nécessaire de connaître la technique de l'électricité pour faire électrifier sa demeure ? La femme a-t-elle besoin de comprendre le chauffage électrique avant d'acheter un fer électrique et de s'en servir ?

Il faut cependant qu'elle sache que ce n'est pas la foudre, que ce n'est pas une machine à électrocuter, que c'est un instrument utile et désirable.

Appliquez au Crédit Social. Pas n'est besoin que le public connaisse toute la technique de l'argent et les propositions de Douglas, ni qu'il puisse réfuter les objections spécieuses généralement hors de sujet, avant que l'inauguration du Crédit Social devienne un fait accompli.

Il suffit d'une attitude d'esprit chez le public. Attitude créée par les notions de la chose, l'appréciation de la chose et l'assurance qu'on peut commander la chose.

La démocratie absente

De ces trois points, l'expérience nous apprend que c'est le dernier qui demande le plus de culture. En effet :

a) Notions du Crédit Social. — Quiconque aborde le sujet sans préjugé et avec un minimum de jugement comprend vite que le gouvernement souverain pourrait reprendre les privilèges qu'il a conférés à des profiteurs ; qu'il pourrait faire l'argent pour le profit du public ; qu'il pourrait distribuer à chaque citoyen, sans nuire à personne, sa quote-part de l'argent nouveau rendu nécessaire.

b) Appréciation du Crédit Social. — Quiconque possède encore une petite dose de sens humain et social ne peut que se réjouir à l'idée de hausser le niveau de vie de chacun sans abaisser celui de personne.

c) Assurance qu'on peut exiger le Crédit Social. — C'est là ce qui demande le plus de préparation des esprits.

Par suite d'une éducation antidémocratique, résultat de la servitude pratique dans laquelle vit la majorité des individus, on en est venu à s'imaginer qu'il faut avoir de la misère pour exercer le droit de vivre. On se représente le gouvernement comme un mécanisme institué pour nous taxer, nous asservir, nous mettre en pénitence, nous imposer des sacrifices en face de l'abondance, pour nous faire respecter des règlements qui travaillent contre nous au bénéfice de quelques potentats sans mandat.

Que de fois n'entend-on pas ces réflexions : À quoi bon ? On perd son temps à s'occuper des questions publiques. Ça ne sert à rien de changer de gouvernement. C'est toujours la même chose.

Plusieurs ne se gênent même pas pour ajouter : La démocratie, c'est de la crasse. On serait aussi bien avec un bon dictateur !

Pourquoi cette attitude de chiens battus ? Parce qu'on n'a encore jamais pratiqué la véritable démocratie. On se choisit un gouvernement — quelques-uns pour s'assurer un distributeur de patronage favorable, la plupart pour confier aveuglément leur sort à la volonté d'un groupe pendant quatre ou cinq ans. Mandat en blanc.

Un gouvernement au service du peuple ; un peuple qui, par ses mandataires, exprime sa volonté et exige des résultats — ce serait démocratique, mais ce n'est pas encore entré dans nos mœurs. En principe, on le proclame ; en pratique, on l'évite.

C'est justement là qu'une grande éducation est à faire. Le peuple doit apprendre à se servir de sa machine démocratique pour dicter, non pas les méthodes, mais l'objectif.

Aujourd'hui, l'objectif est dicté par des puissances qui ne parlent pas publiquement ; l'exécution est faite par le gouvernement en demandant simplement aux députés ministériels d'approuver la méthode et en laissant à l'opposition le plaisir de critiquer la méthode. Quant au peuple, il plie, paie, gémit, se dégoûte, se blase et se détache de plus en plus de la chose publique. Combien en sont venus à considérer la politique comme un terrain déshonorant !

Éducation démocratique

Le major Douglas, dans son discours de Buxton, en 1934, soulignait cette déchéance de l'esprit démocratique et avertissait ses disciples qu'ils auraient plus de travail à faire pour mobiliser la force de l'opinion publique que pour expliquer le mécanisme monétaire.

Il avait parfaitement raison. Nous le constatons nous-mêmes au cours de notre travail pour l'expansion du mouvement créditiste.

C'est pourquoi VERS DEMAIN insiste sur d'autres sujets que l'argent. Il faut que le peuple prenne conscience de ses droits et de sa puissance. Il faut qu'il apprenne à se servir de sa charte politique pour réclamer sa charte économique.

Entreprise d'envergure que cette éducation politique des adultes. Immense, parce qu'on a à faire au nombre et aux distances. C'est parmi la multitude, dans toutes les parties de la province, qu'il faut former une élite assez puissante pour éclairer et conduire la masse.

Nous ne sommes pas de ceux qui croient qu'il vaut mieux concentrer le travail sur l'intelligenzia canadienne. Notre expérience nous apprend, au contraire, que c'est plutôt perdre son temps que s'attarder avec des gens dont l'infatuité est souvent le caractère dominant.

La classe intellectuelle a terriblement failli à son devoir, et c'est pourquoi le peuple est dans le trou aujourd'hui. Cette même classe-là est, en général, trop pétrie d'orgueil et trop figée dans son embourgeoisement commode, pour participer au relèvement de la multitude souffrante. C'était cela au temps du Christ. Saint Paul l'apprit à ses dépens à Athènes. Et c'est encore cela aujourd'hui.

Il y a évidemment des exceptions, comme il y en avait dans ce temps-là, et le Crédit Social est heureux d'en compter dans ses rangs.

Chacun sa part

Il faut donc atteindre le nombre. Le travail sera long et lent si seuls quelques-uns s'en occupent. Il peut aller vite si chaque créditiste fait sa part.

Et c'est pourquoi nous insistons souvent sur ce point. Que chacun de nos lecteurs se fasse un devoir d'en trouver un autre, et tout de suite. Ce n'est pas tant l'avenir du journal qui est en jeu, c'est celui du Crédit Social. Les gens se décourageront si le mouvement ne va pas assez vite. Il n'ira vite que si chacun y met la main.

N'attendons pas que les événements nous rendent le travail plus difficile. Hâtons-nous tant qu'il fait encore jour, parce que la nuit peut nous surprendre.

Cet appel est pressant. Nous connaissons des paroisses où VERS DEMAIN n'a qu'un ou deux lecteurs, et cela depuis un an. Comment l'idée peut-elle faire son chemin dans ces paroisses ? Pourquoi ce lecteur isolé n'en a-t-il pas enrôlé un autre dans un terrain pratiquement vierge ? Cet autre aurait ensuite pu faire sa part. L'addition doit devenir une multiplication. À ce régime seulement réussira-t-on.

Lecteur individuel, as-tu fait ta part ?

Louis Even

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