Le cancer et les vitamines (suite)
Je commence par répéter ce que je disais à la fin de la dernière chronique : Le cancer est curable dans la grande majorité des cas, et même on peut se préserver du cancer. Si je n'hésite pas à faire ces affirmations, c'est que j'ai vu plusieurs guérisons étonnantes de cancers dûment constatées par la Faculté, et plusieurs cas de survie avec atténuation marquée des souffrances et autres symptômes.
Depuis plus de vingt ans, je me suis intéressé spécialement aux recherches sur toutes formes de cancer ; j'ai lu, médité et comparé tout ce que j'ai pu atteindre dans les publications au sujet du cancer. J'ai même traduit de l'anglais au français les théories du Dr Koch de Détroit (Institut contre le cancer) afin de mieux les comparer aux travaux d'Auguste Lumière sur la composition et l'évolution des cellules vivantes.
En même temps, j'étudiais aussi les vitamines, et j'ai été peut-être un pionnier dans leur emploi et dans la vulgarisation de l'huile de foie de morue sous toute forme acceptable. Je n'ai pas inventé l'emploi de la poudre d'herbes dans les aliments, une des dernières sensations américaines, mais dans une conférence faite en 1925 à l'institut Canadien d'Ottawa, j'ai recommandé l'usage fréquent de la bonne soupe canadienne aux fines herbes. "La bonne soupe faite avec des produits frais est une décoction de vitamines".
Au cours de plus d'une heure de discussion après la conférence, j'ai conseillé à un agronome (M. Pépin, de l'institut d'Oka) de viser à l'amélioration des produits alimentaires provenant d'animaux par l'emploi des vitamines, et surtout par des rations quotidiennes d'huile de foie de morue. Car la cellule animale ne peut élaborer les vitamines, travail qui revient exclusivement à la cellule végétale. Cette idée a depuis été vulgarisée, et l'emploi de l'huile de foie de morue et autres complexes vitaminiques est devenu général. J'ai plus tard appelé ce procédé : "Le cycle biologique", et j'ai publié sous ce titre dans "Le Droit" d'Ottawa le résultat de mes expériences sur des poules nourries en cages. Je reviendrai sur ces points lorsque nous ferons la revue des vitamines et de leurs principales propriétés.
Puis, voici qu'en 1938 un ami me demande de faire une enquête sur les effets d'une simple potion pour le rhume préparée suivant les conseils bénévoles d'un pharmacien. Mon ami prétendait que cette potion, après avoir guéri des rhumes, guérissait aussi des cas de cancer, de tuberculose, de diabète, etc. Je me suis rendu à sa demande, et j'ai fait une revue spéciale de plusieurs cas de cancer.
Je me suis attaché d'abord à vérifier les effets du remède, puis son mode d'action. La potion elle-même m'intéressait peu, car l'expérience m'a appris, en médecine comme en pharmacie, qu'il faut adapter la forme pharmaceutique aux besoins du malade, du moment que l'on connaît les principes actifs des remèdes.
Les résultats de mon enquête m'ont d'abord stupéfié, et vu le caractère polyvalent de la potion, j'ai dû conclure qu'elle agissait surtout par ses vitamines. En effet, cette potion contenait deux complexes vitaminiques provenant directement de plantes aromatiques, et deux composés riches en vitamines ayant subi le "cycle biologique", c'est-à-dire ayant passé dans un animal après avoir été élaborées par des plantes. Étais-je en présence de vitamines inconnues, ou simplement des vitamines connues jusqu'à présent, je n'ai pu rien conclure à ce sujet. Mais ce qui est certain, c'est que cette préparation empirique s'est avérée efficace.
Il me restait ensuite à adapter les théories aux faits constatés, à trouver parmi les causes auxquelles on attribue le développement des cancers et autres tumeurs, quelle est la version la plus plausible, d'après les travaux les plus récents, toujours en suivant le fil conducteur résultant des faits constatés durant mon enquête. C'est ce que nous verrons dans les prochaines chroniques.
Dr Jos.-Elie Bélanger, B.A., M.D., L.C.M.C.
(À suivre)
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