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L’argent serviteur

le jeudi, 01 août 1940. Dans Autres

Sous le titre Unorthodox War l'hebdomadaire albertain Today and Tomorrow du 27 juin écrit :

"C'est un fait connu depuis plusieurs années, mais guère publié, que Hitler trouvait de l'argent pour préparer sa guerre de conquête de la manière la plus simple, en créant l'argent qui lui manquait pour placer hommes et machines à l'ouvrage.

"Tant qu'il s'agissait de l'économie interne, les banques n'avaient pas grand'chose à dire. Elles étaient traitées exactement comme les individus — simples agences forcées d'accomplir les ordres du dictateur. Ce n'est que pour l'importation du matériel nécessaire qu'Hitler recourait aux méthodes orthodoxes.

"Autre fait peu publié encore : immédiatement après avoir pris le contrôle d'un pays neutre ou d'un allié vaincu, le chancelier allemand y établit un système monétaire pour répondre à ses desseins. On a bien essayé de tourner ces innovations en ridicule : Il n'a pas d'or pour couvrir ses notes de crédit ; elles n'ont aucune valeur, a-t-on dit et répété. Eh bien, si elles n'ont aucune valeur pour nous, elles sont extrêmement précieuses pour Hitler et ses entreprises. Elles lui permettent de poursuivre la guerre. Ses infractions à l'orthodoxie lui ont rapporté des dividendes jusqu'ici.

"... Puisque c'est notre devoir d'écraser la menace nazie, c'est aussi notre devoir de prendre note de ses méthodes et de les appliquer dans notre propre effort de guerre.

"Notre première attaque devrait être contre l'organisation qui contrôle la ligne de conduite financière et économique du Canada en guerre. Nous devons nous assurer que le gouvernement élu contrôle lui-même la ligne de conduite, l'objectif, et que le volume de production très accru soit soutenu par un volume de monnaie déterminé d'une manière scientifique.

"Il est futile et puérile de s'imaginer qu'on financera la guerre rien que par des taxes ou en se serrant la ceinture. Qu'on examine seulement les chiffres budgétaires. Le dernier budget n'apportera au Trésor qu'une simple fraction de l'argent qu'on se propose de dépenser. On est pourtant supposé "payer la guerre au fur et à mesure."

"D'où viendra donc le reste de l'argent nécessaire ? Le public ne saurait le prêter — il n'en existe pas assez pour cela. Où le prendra-t-on ?

"Les banques le créeront, comme d'habitude. Leurs opérations seront voilées sous un réseau de plans camouflés, de clichés patriotiques, d'annonces enflammées et de simples farces. Les Canadiens paieront pour les privilèges des banquiers.

"À moins qu'il y ait un réveil. Et celui-ci viendra, croyons-nous, à mesure que se succéderont les budgets... Mais le danger, c'est que nos sacrifices soient rendus inefficaces par la croissance d'une domination financière qui, tout comme l'Hitlérisme, doit être renversée."

K. P.

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