"Le progrès contrarié de l'humanité va dans le sens de l'émancipation humaine, non seulement dans l'ordre politique, mais aussi dans l'ordre économique et social ; en telle sorte que les diverses formes de servitude, par lesquelles un homme est au service d'un autre homme pour le bien particulier de celui-ci, soient peu à peu abolies a mesure que l'histoire humaine approche de son terme. Ce qui suppose, non seulement le passage à des états d'organisation meilleurs, mais aussi le passage à une conscience meilleure de la dignité de la personne humaine en chacun de nous et de la primauté de l'amour fraternel parmi toutes les valeurs de notre vie. Ainsi avançons-nous vers la conquête de la liberté." (Jacques Maritain, Les droits de l'homme et la liberté naturelle).
Le progrès contrarié de l'humanité : qu'est-ce qui contrarie surtout ce progrès dans l'ordre économique ? Et quelle n'est pas la répercussion, sur l'ordre politique et social, de l'entrave au progrès ainsi placée dans l'ordre économique ?
Le progrès mécanique, qui place des esclaves d'acier et des formules chimiques au service de la production, devrait contribuer pour sa part à l'abolition graduelle de la servitude qui place un homme au service d'un autre homme. Le dividende national, fruit légitime de ce progrès, remplacerait graduellement les salaires, à mesure que la machine remplace le labeur humain. Quel règlement empêche cette émancipation, cette conquête de la liberté, en tant au moins que l'ordre économique est concerné ? Qui a intérêt à maintenir l'obligation de la servitude, et pourquoi tant d'influences alignées pour protéger ces intérêts égoïstes ?