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Pourquoi travailler ?

Gilberte Côté-Mercier le mardi, 01 octobre 1940. Dans Autres

"L'homme est fait pour travailler", dit-on.

Si on veut dire par là que la fin, la destinée de l'homme est le travail, on ne parle pas en catholique, ni même en philosophe.

Ouvrons notre petit catéchisme, celui que nous avons étudié pour nous préparer à notre première communion. Cherchons-y la question : Pourquoi avons-nous été créés et mis au monde ? Réponse : Nous avons été créés et mis au monde pour aimer Dieu et le servir.

Aimer Dieu et le servir. Voilà donc la destinée de l'homme. Ce sera notre occupation dans le ciel. Ce doit être notre occupation sur la terre.

Aimer et servir Dieu, cela veut-il dire travailler ?

Sans doute, cela veut dire travailler. Travailler sur soi-même pour se former à aimer Dieu. Et travailler pour les autres, les aidant à aimer Dieu.

Voilà en quoi consiste le travail requis de l'homme. Pour le bien comprendre, il ne faut pas perdre de vue l'objectif : l'amour de Dieu.

Mais, on ne peut pas dire que l'homme doit travailler pour travailler.

C'est bien cela pourtant qu'entendent certains qui se piquent de vertu ou de foi. Mais oui, disent-ils, si l'homme ne travaille pas pour gagner son pain quotidien, il va devenir paresseux. Et la paresse est la mère de tous les vices.

Et afin que l'homme ne soit pas paresseux, on le condamne à travailler pour avoir de quoi manger, se loger et s'habiller. Et l'homme, lui, mange et dort pour avoir la force de travailler. Puis, il travaille encore pour avoir de quoi manger. Et, ça recommence.

On a atteint le but qu'on cherchait. Cet homme n'est pas paresseux, mais si on parle franchement on ne peut pas dire que c'est un homme qui travaille, mais une bonne bête de somme puisqu'on ne trouve en lui qu'un être qui sue, mange et dort. On l'a considéré comme tel lorsqu'on l'a fouetté sous la loi morale ( !) : "Sue de ta peau d'animal, ou meurs de ta vie d'animal".

Ces moralistes, que font-ils de la grande vertu d'amour ?    

Croient-ils qu'on aime, parce qu'on ne peut pas faire autrement ? Ce ne serait plus de l'amour, mais de la crainte. La loi de l'Ancien Testament. Quand donc en sortirons-nous avec le Christ ? Quand donc conduirons-nous les hommes, qui ont une volonté, à l'amour fait pour eux ? Et on ne peut aimer que ce que l'on connaît. Et le moyen de connaître Dieu, n'est certes pas de n'avoir pas le temps de penser à Lui.

À la bête faite de chair et de sens, on a besoin de faire sentir le fouet. Mais à l'homme qui possède une âme spirituelle appelée à la vie divine, il semble qu'on doive plutôt faire comprendre.

Gilberte CÔTÉ

On peut se procurer, au bureau de Vers Demain, la plaquette de monsieur Armand Turpin, La crise et son remède, le Crédit Social. Brochure de 64 pages, avec couverture, à 12 sous l'exemplaire, port payé. (Nîotez, en dernière page, l'adresse du bureau après le 15 octobre.)

Gilberte Côté-Mercier

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