Sous le titre Pétain ou Hitler ?, l'Ordre Social, organe d'action catholique de l'archidiocèse de Moncton, dénonce une source où puisent, peut-être inconsciemment, même des journaux canadiens-français, qui déblatèrent contre le régime le plus constructif de la France moderne :
Certains journaux continuent toujours à affirmer que les "hommes de Vichy", comme ils appellent dédaigneusement le maréchal Pétain et les autres membres de son cabinet, ne font qu'exécuter les ordres d'Hitler. Si cela était vrai, il s'ensuivrait que les chefs allemands ne sont pas si antichrétiens qu'on l'a cru jusqu'aujourd'hui, puisque le gouvernement Pétain est en train de rechristianiser la France. La vérité, c'est que les Allemands ne sont pas satisfaits du gouvernement de Vichy. Un journal de Londres, le Catholic Herald, numéro du 27 septembre, nous apprend sur ce point des choses intéressantes.
Un commentateur du Radio-Vatican, paraît-il, affirme que la propagande allemande en France occupée ridiculise les efforts faits par Pétain pour redonner à la France son ancien idéal chrétien. Ainsi on rapporte que Radio-Paris, qui est aux mains des Allemands, demande au gouvernement de Vichy s'il a l'intention de devenir une théocratie (société gouvernée par les ministres de Dieu). Après avoir énuméré quelques exemples du retour de la religion catholique, le commentateur de Radio-Paris demande : "Est-ce que l'Église se propose d'intervenir dans un domaine où elle n'a rien à voir ?"
Et le journal où nous puisons ces renseignements tire cette conclusion, qui est le bon sens même :
"Ces attaques contre les réformes chrétiennes de Pétain donnent à entendre qu'il est beaucoup moins sous la dépendance allemande que la presse britannique le suppose, et que l'Allemagne n'aime pas ces aspects de la réforme française qui sont agréables aux catholiques du monde entier."
Pour expliquer cette attitude à l'égard du maréchal Pétain on peut donner une raison de caractère politique. La débâcle de la France ne fait pas l'affaire de l'Angleterre et de ses alliés, et comme c'est Pétain qui est responsable de l'armistice franco-allemand on s'en prend à lui.
Mais on peut donner une autre explication. Cette antipathie à l'égard du vieux maréchal n'est-elle pas une suite de la réforme catholique qui s'opère en France et en particulier de la condamnation de la franc-maçonnerie ? On sait que le Canada et les États-Unis ont reçu un certain nombre de "réfugiés" français. Parmi eux se trouvent des francs-maçons dont quelques-uns occupaient de hautes positions gouvernementales et qui ont quitté la France au moment du désastre. Au nombre de ces réfugiés, on remarque M. Pierre Cot, ministre de l'aviation dans le cabinet Blum, et qui passe pour avoir affaibli la force aérienne de France en vendant les meilleurs avions français aux rouges d'Espagne. Et ce M. Cot est l'un de ceux qui dégoisent contre le maréchal Pétain.
Au sujet des réfugiés en sûreté aux États-Unis, un collaborateur régulier du New York American Journal écrivait un article révélateur dans le numéro du 14 octobre. Il affirme que plusieurs d'entre eux ne méritent aucune pitié mais plutôt du mépris, car, lorsque le désastre s'est abattu sur leur pays, ils se sont enfuis avec leur or. Apparemment ils sont bien pourvus des biens de ce monde, puisqu'ils logent aux plus somptueux hôtels de la Cinquième avenue, l'endroit le plus chic de New-York. Quatre fois, l'article les traite de lâches. Parmi ceux dont il donne la description sans les nommer, on distingue facilement l'ancien ministre de l'aviation française. Son témoignage est donc du dernier suspect.
— Ordre Social, Moncton, 29 octobre
