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Nos missionnaires viennent nous voir

le lundi, 15 juin 1942. Dans La vie créditiste

La soirée du 26 à l'hôtel-de-ville de Sherbrooke

Par Mlle Gilberte Côté

Mardi, le 26 mai, les quatorze missionnaires du Crédit Social dans la province de Québec, après une longue tournée de trois semaines, venaient à Sherbrooke chercher un autre programme.

Et les créditistes de la ville se rassemblaient pour saluer leurs visiteurs.

Chaque missionnaire exposa un peu, qui ses ex­périences, qui ses émotions, qui ses conclusions.

Amédée Daigle

L'ancien jociste de Québec, connu de tous, Amé­dée Daigle, revient de Val d'Or, Malartic et Rouyn. Il est allé donner de l'espoir aux mineurs et aux colons dont la vie de misère l'a tant impres­sionné. La formation d'Action Catholique a mon­tré sa valeur chez notre jociste. Il a le sens des objectifs, et pour cela, supprime sans regrets tou­tes les paroles et les actes inutiles. Les magnifi­ques résultats qu'a remportés monsieur Daigle en sont une preuve.

Rosaire Côté

De Montréal, Rosaire Côté, le bouillant, le cré­ditiste jusqu'à la mœlle. Il a touché lui aussi du doigt la grande pitié de l'Abitibi, dans la région de la Sarre. Ce qui l'a frappé, c'est la volonté su­perbe et le cœur des pauvres. Le colon Omer Dion, de St-Laurent Gallichand, qui a fait 51 milles à pied pour organiser une assemblée du Crédit Social, et qui a tué un coq pour recevoir dignement le missionnaire : voilà qui est un exem­ple à faire honte aux bourgeois du vieux Québec. Le grand succès de monsieur Côté, dans sa tour­née, montre encore comment les Abitibiens sont généreux, et combien le missionnaire mit d'ardeur et d'application à réaliser son travail.

Gabriel Lacasse

Le Chevalier Gabriel Lacasse, de Granby, est le plus jeune de la communauté, mais... non le moin­dre. En Abitibi, autour d'Amos, notre chevalier a tout vu ce qu'il y avait à voir : le côté tragique de l'esclavage des exploités et le côté comique de la nullité des fonctionnaires payés par les premiers. "Soyez bien tranquilles, chers amis, dit monsieur Lacasse, sur l'argent que vous dépensez pour ad­ministrer le pays ; vos employés savent en profi­ter". En écoutant monsieur Lacasse, on se dit que si le Crédit Social n'avait pas existé, monsieur Lacasse l'aurait inventé pour pouvoir vivre une vie pour laquelle il est fait.

Roland Corbeil

Roland Corbeil, de Granby, aussi, celui-là qui ne peut rien faire s'il ne travaille pas pour un idéal, a organisé le Lac St-Jean, région de Métabet­chouan. Travail méthodique et tenace. Grand suc­cès. Malgré plusieurs "contradictions", comme dit monsieur Corbeil, en parlant des incidents d'as­semblées en plein air faute de salle à Héberville Village, et d'interruptions chous-chous de "parti". Mais, comme les déboires sont choses bien connues des créditistes, notre missionnaire s'en est bien tiré. D'autant mieux qu'il sut y mettre une pointe d'humour. Ce qui lui valut des adeptes parmi les gens qui aiment les mots d'esprit et qui sont frap­pés par la logique et l'aplomb des créditistes.

Léo-Paul Carroll

Et notre Léo-Paul Carroll, de Sherbrooke, le pre­mier banquier du Crédit Social, a passé joyeuse­ment son expérience aux créditistes de la région de Chicoutimi. Du trustard, il en a vu, il en a senti, et il en a eu, des haut-le-cœur. Équipes de jour, équipes de nuit pour les travailleurs. Villes fer­mées. Salles refusées. Tout cela vomit la servitude. Mais en revanche, monsieur Carroll trouve des créditistes décidés et hardis. Il les groupe, les for­me en Association Créditiste, les met sur pied. Monsieur Carroll fit un succès remarquable. Il ne pouvait pas manquer son coup avec l'entrain, la gaieté, le cœur et la vie qu'il met dans ses dis­cours.

René de Blois

Et René de Blois, le Québecois de St-Grégoire, solide, imperturbable comme le Cap Diamant. Il est allé voir ses "frères, les créditistes actuels de Roberval, ses cousins, les futurs créditistes, et ses amis, les adversaires du Crédit Social", comme il le disait avec tant d'esprit à un curieux qui lui demandait s'il avait des connaissances au Lac St-Jean. Le visage très ouvert, radieux, du jeune de Blois a en effet beaucoup de parenté avec les gais et francs Canadiens des bords du magnifique Lac du Saguenay. De Blois a bien réussi dans son tra­vail. Tout le monde s'y attendait.

Alphonse Robert

Alphonse Robert, de Montréal. Il revient du Kamouraska. Il en a vu de toutes les couleurs. Des curés créditistes qui font taire des malotrus, ou, comme à St-Pacôme, des gérants de banque qui font du zèle pour leurs bourreaux. Monsieur Robert a bien été ému par ces chocs contradictoi­res, surtout dans ce pays où la propagande crédi­tiste commence à peine de se faire. Mais notre missionnaire a du breton, semble-t-il. Il tire des résultats là où ce pourrait être le plus désespé­rant parfois. Il sait apprécier les réconforts qu'il rencontre, et s'en sert pour se fortifier le moral. Ce fut le cas de son séjour chez les créditistes de St-Pascal. Alphonse Robert fait son travail avec in­telligence, application et conviction. Il n'en faut pas plus pour qu'il soit un grand espoir pour le mouvement créditiste.

Germain Bégin

Puis, Germain Bégin, de Magog. Ah ! celui-là aussi, il a du breton, et du pur. Rien ne l'arrête. La Beauce, son champ de travail, est un pays plein de créditistes, mais des créditistes endormis. Monsieur Bégin le sait. Et il s'y rend avec la dé­termination de faire bouger les Beaucerons coûte que coûte. Et il réussit. Non seulement, il les fait bouger, mais il s'éprend des Beaucerons. Si bien qu'il est enchanté de savoir que son prochain pro­gramme est une autre tournée dans la Beauce. Cette fois, je les aurai tout à fait, dit-il. Beauce­rons, prenez garde, vous ne pourrez pas résister ! Il est intelligent et ardent ce jeune Magogois ! Il y a de l'étoffe chez lui. Et il vous adopte comme ses concitoyens !'

Arthur Raymond

Un autre Magogois, en mission dans la Beauce, Arthur Raymond. Un autre qui transpire le Cré­dit Social par tous les pores de la peau. L'homme qui dit lui-même qu'il n'a que deux préoccupa­tions : se tenir en état de grâce et répandre le Cré­dit Social. Consolations, déconvenues, monsieur Raymond prend tout pour la cause, comme un es­clave qu'il en est et qu'il sera toujours. Les sacri­fices à faire sont énormes, et toujours à recom­mencer. Monsieur Raymond, quand même, garde sa sérénité et son entrain. Il luttera "jusqu'à la mort", comme il dit. Alertes, adversaires, êtes-vous prêts à en faire autant ? Sinon, renoncez donc à nous battre, vous ne réussirez pas contre des créditistes comme Raymond. Et il y en a plus d'un, vous le savez.

Antonio Lemaire

De Drummondville maintenant, Antonio Le­maire, qui a fondé l'Association Créditiste autour de chez lui, autour de Victoriaville, et dans Lotbi­nière. Monsieur Lemaire a été frappé de la grande différence qu'il y a entre les régions bourgeoises qu'il faut secouer avec force, et les pays de colons qui sont capables de secouer les autres. Civilisées depuis longtemps les villes du Sud, mais juste­ment ankylosées dans leur comfort. Décrépitude néfaste et honteuse. Mais, Joly, la petite paroisse de colonisation, quel réconfort que d'y travailler ! Quarante associés en une seule soirée ! Et on com­prend le Crédit Social à Joly, et on y a du sens social. La Caisse Populaire de Joly, paroisse pau­vre, fait honte à toutes les Caisses Populaires des environs. L'Association Créditiste de Joly fera honte peut-être aussi aux voisines. Réveillez-vous donc, engourdis supplie monsieur Lemaire. Ce qui prouve que les échecs comme les succès sont des sources de vie chez nos missionnaires. Monsieur Lemaire a du ressort. Il fait tout profiter à la cause.

Laurent Faucher

Laurent Faucher, un Sherbrookois, a fait quel­ques petites randonnées auprès de Lac Mégantic, puis est revenu à Sherbrooke, stimuler les associés de la première heure. Sherbrooke s'enlise dans les honneurs qui la gonflent. Monsieur Faucher rend visite à chacun. Il recommence chaque matin le même travail avec acharnement. Un jour, ça va mal. Le lendemain, ça va bien. La victoire n'est pas à ceux qui réussissent toujours, mais aux te­naces. Et monsieur Faucher est un tenace. Et il s'applique. Et il est créditiste. C'est tout dire, n'est-ce pas ?

Edmond Major

Et monsieur Edmond Major, un Montréalais transplanté à Drummondville par le Crédit Social, et dont le champ d'action s'étend sur la Mauricie. La Mauricie ! Le royaume des trustards par excel­lence ! Il faut purifier cela. Grosse besogne réser­vée à monsieur Major. Mais, ce missionnaire con­naît les tâches ardues, il a dirigé la propagande dans Montréal déjà, la Sodome maudite ! Malgré tout, et comme les autres, monsieur Major ira "jusqu'à la mort". Il le promet, et tous les sacri­fices qu'il a faits jusqu'à présent en sont une ga­rantie.

Roméo Dostie

Roméo Dostie, de Lac Mégantic, le missionnaire d'une heure seulement. Ce ne sont pas les talents ni les goûts qui lui manquent pour continuer la propagande. Il est certainement l'un de ceux qui souffrent plus d'être retirés que de se battre à l'avant-garde. Monsieur Dostie est remplacé par monsieur Henri Fontaine de Malartic, qui promet beaucoup, ayant depuis longtemps fait ses preuves comme organisateur. Monsieur Fontaine assistait à l'assemblée des commissaires le 26 mai.

Gérard Mercier

Enfin, l'aîné de la famille, celui que toute la province connaît maintenant, celui qui, depuis un an la parcourt dans tous les sens, avec un enthou­siasme qui ne se refroidit jamais, Gérard Mercier. C'est lui qui a donné l'exemple à tous les autres. Il a battu la route. En avant les gars ! "Nous l'aurons, le Crédit Social ! Ce ne sera pas long ! Ensemble ! Tous ensemble ! Debout !" Et il l'est toujours, debout, lui, Gérard Mercier. Il fut jocis­te. Il apprit là et dans sa famille à être un homme libre, à se tenir lui-même dans ses mains, à se conduire par la raison et la charité. Le Crédit Social a parfait son éducation. Gérard ne retient rien pour lui-même. Il ne songe plus qu'à la pro­vince à sauver et aux pauvres à soulager. "Du cœur ! créditistes, Voltigeurs, répète-t-il, nous l'aurons !" Et tous sont bien sûrs qu'avec des gars comme cela, nous l'aurons en effet, le Crédit So­cial. Mercier est une volonté vivante. Et il est le frère aîné des autres. Le sud de la province lui a été confié. C'est le plus dur. Si nous disions à Mercier que cette région est entre bonnes mains, il nous répondrait sans doute, comme Madeleine de Verchères, "Meilleures que vous ne croyez !" Et personne n'en douterait. La grande famille cré­ditiste attend beaucoup du grand frère Gérard.

Gréditistes de la province, vous auriez dû être tous là pour voir et entendre nos chevaliers, vos chevaliers. Vous auriez été fiers d'eux. On a rare­ment vu un aussi beau peloton de braves. Ils étaient là sur l'estrade, chacun se levant à son tour pour parler aux amis, les créditistes.

Ils se présentent très simplement, sans phrases, sans fausse éloquence. Leurs discours se tiennent bien. Une idée, plusieurs, développées en ordre et avec goût. Ils montrent ce qu'ils ont vu. Ils disent ce qu'ils ont senti. Les uns font pleurer, les autres font rire, ou les deux à la fois. Tous font briller l'idéal.

L'idéal, le cher Crédit Social, pour quoi nos missionnaires ont fait et feront encore tant de sacrifices. Le Crédit Social, comme ils lui doivent beaucoup, nos missionnaires ! Le Crédit Social, il a fait d'eux des hommes transformés.

Les auditeurs qui sont venus là ce soir ont été frappés par ce je ne sais quoi de fort et de péné­trant qui émane de la personne de nos mission­naires. Chacun d'eux est différent des autres, cha­cun d'eux a son caractère intéressant. Mais tous vivent de la même vie pleine et vibrante. Pour eux, plus rien de difficile, semble-t-il. Pour eux, il n'y a plus d'aimables sottises, plus d'enfantilla­ges. Leur existence est une chose sérieuse. Ils ont une vocation et ils la suivent, voilà tout. Vocation de dévouement, de don de soi, mais vocation de chrétien après tout. La seule vocation qui ait un sens : aimer Dieu, et à cause de lui, aimer la so­ciété.

Voilà pourquoi nos missionnaires sont si diffé­rents des autres hommes. ils ont la vision d'un objectif. Et cette vision éclaire tout leur être.

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