Le 12 juin 2013, Véronique Hivon, ministre du Parti québécois, déposait au Parlement de Québec le projet de loi 52 sur les soins de fin de vie, encadrant l’aide médicale à mourir. Ne nous y trompons pas, c’est la légalisation pure et simple de l’euthanasie. Plusieurs groupes ont réagi avec vigueur à cette annonce. Tout d’abord, voici des extraits de la réaction de l’Organisme catholique pour la vie et la famille (créé par les évêques catholiques canadiens):
L’Organisme catholique pour la vie et la famille s’oppose radicalement aux efforts actuels du Gouvernement Marois visant à déguiser l’euthanasie – une offense criminelle qui relève de la juridiction fédérale – en «aide médicale à mourir» dans un projet de loi inique qui engendrera des conséquences dramatiques pour tous les Québécois.
On aura beau jouer avec les mots, il restera toujours que tuer n’est pas un soin. Finissons-en avec la confusion du langage! Comme l’a si bien dit le Dr Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins du Québec: «Appelons un chat un chat. De l’aide médicale à mourir, c’est de l’euthanasie» (L’Actualité médicale, 29 janvier 2013). Or, le Code criminel canadien définit l’euthanasie comme un meurtre. Il n’y a rien d’humain ni de compatissant à tuer une autre personne.
On veut nous faire avaler la pilule en annonçant un « droit aux soins de fin de vie » pour tous. Mais les soins de fin de vie sont ainsi définis (art.3, no 3) par le Projet de loi 52: «soins palliatifs offerts aux personnes en fin de vie, y compris la sédation palliative terminale, de même que l’aide médicale à mourir». Le projet de loi inclut donc l’aide médicale à mourir (euphémisme pour le terme «euthanasie») dans les soins palliatifs. Le «droit aux soins de fin de vie» est donc aussi un droit à l’euthanasie.
Dans les pays qui ont légalisé l’euthanasie et le suicide assisté – malgré les balises et les restrictions qui ont été fixées – on a assisté à une dévalorisation accrue de la vie humaine ; au nom de l’efficacité budgétaire, des personnes particulièrement vulnérables ont été encouragées à demander l’euthanasie ou à se suicider. Ce danger est réel et risque de s’accroître avec le vieillissement de la population, l’augmentation des demandes de services et les coûts correspondants.
Ne donnons à personne – et surtout pas à nos médecins – le pouvoir de tuer. Gardons nos hôpitaux sécuritaires et protégeons les plus faibles et les plus vulnérables. C’est une question de sécurité publique, de dignité, de réelle compassion et de solidarité. Il est essentiel de préserver la confiance mutuelle qui fonde les rapports vrais entre nous. L’unique réponse humaine à la souffrance physique, psychologique et existentielle est celle des soins palliatifs, auxquels ne doit jamais être intégrée l’euthanasie puisqu’il s’agit d’un geste absolument contraire à la philosophie des soins palliatifs.
Quant aux chrétiens, ils ont une raison de plus de défendre la vie des plus faibles et des plus vulnérables. La Parole de Dieu les y invite: «Tu ne tueras pas» (Mt 19,18)… «À chacun je demanderai compte de la vie de son frère» (Gn 9,5)… Et, comme en écho, ces paroles du bienheureux Jean-Paul II: «Je confirme que l’euthanasie est une grave violation de la Loi de Dieu, en tant que meurtre délibéré moralement inacceptable d’une personne humaine» (L’Évangile de la vie, no 65).
Nous encourageons les Québécois et Québécoises opposés à l’élimination de certains de leurs concitoyens par euthanasie à se faire entendre dans les médias et auprès de leurs députés. Cette prise de parole est non seulement un droit, mais aussi un devoir de justice.
Voici maintenant des extraits de la réaction de Mgr Pierre-André Fournier, archevêque de Rimouski et Président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec:
Le Québec est à une croisée des chemins. Le projet de loi 52 du gouvernement québécois, introduisant l’euthanasie comme pouvant devenir un soin de fin de vie, place ce peuple que nous aimons de toutes les fibres de notre être devant un choix crucial.
Le projet de loi tend à assurer le déploiement de soins palliatifs, initiative dont nous nous réjouissons. Toutefois, il y a tout lieu de s’inquiéter lorsqu’une manière de provoquer intentionnellement la mort est considérée comme un soin et lorsqu’elle est revendiquée comme un droit.
Oui, il est légitime de refuser des traitements qui ne font que prolonger la souffrance, de refuser l’acharnement thérapeutique qui ne fait que prolonger le processus de mort, de consentir à la sédation palliative administrée dans le but de soulager la douleur et non de provoquer la mort. Mais nous affirmons aussi qu’il y a des limites à cette autonomie si on l’invoque pour donner ou se donner la mort. Le respect de la dignité humaine implique en premier lieu le respect de la vie humaine...
Il faut surtout et en priorité, comme le reconnaît et le propose le rapport du comité présidé par Me Ménard, étendre les soins palliatifs à l’ensemble du réseau des soins de santé. Une fin de vie dans la dignité passe par des soins palliatifs accessibles à tous, et non par l’euthanasie. Baliser l’euthanasie, c’est la banaliser. Par amour pour la vie, nous nous objectons à ce projet de loi.