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Le rapport Sirois

Louis Even le mercredi, 01 janvier 1941. Dans Politique

Nous souscrivons évidemment au manifeste de la Société St-Jean-Baptiste, relativement au rapport Sirois. Nos lecteurs savent déjà ce que nous pensons de cette manœuvre centralisatrice, étayée sur l'appauvrissement et les dettes résultant d'un système financier illogique et dont on veut mousser l'adoption à l'occasion de la conduite de la guerre.

Le manifeste dit très bien : "Rédigées en termes nécessairement vagues, les conclusions du rapport laissent percer une volonté centralisatrice. Concrétisée dans les lois, elles porteraient atteinte aux autonomies provinciales."

D'ailleurs, nous l'avons souligné, la finance centralisatrice de Londres (la City) avait décrété le sens des conclusions dès avant le commencement de l'enquête conduite par la commission.

Et les puissances financières tiennent tellement à leur objectif qu'elles recourent au chantage pour faire plier les récalcitrants.

Un communiqué récent — de qui émane-t-il ? — transmis aux journaux de la province de Québec, disait :

"À retenir que, si le plan de la Commission Sirois n'est pas accepté par l'ensemble des provinces, il faudra alors un autre plan, improvisé et non moins radical, qui ne comportera peut-être pas les mêmes garanties." Ce qui veut dire : "Acceptez de bon cœur ce que le rapport propose ; acceptez de vendre votre droit d'aînesse pour un plat de lentilles. Sinon on vous prendra votre droit d'aînesse de force, et il n'est pas sûr que vous ayez même le plat de lentilles."

C'est bien la peine d'appeler les premiers-ministres provinciaux en conférence, puisque la décision est prise d'avance !

Les journaux de partis, les féaux organes du parti au pouvoir, apportent leur appui, malgré la vague grossissante de protestations. Le valet qui s'appelle Le Canada, écrivait le 26 décembre, en titres assez gros pour être lus par dessus l'épaule d'un co-voyageur dans les tramways :

"L'indépendance financière est le meilleur gage de l'autonomie des provinces. Voilà une des vérités de fait signalées dans la lettre de M. King aux premiers-ministres." Tout se juge d'après le critère financier. C'est comme les hommes : vous avez beau être riche de personnalité, de caractère, de science, de vertu ; si vous n'êtes pas financièrement indépendant, votre autonomie est zéro, vous êtes un esclave. Voilà ce que vaut la personne humaine.

Et c'est la même chose pour les institutions, et pour les provinces. On n'a pas besoin de Mackenzie King pour nous l'apprendre. Mais on a besoin de lui, et de toute la valetaille politique pour nous faire avaler l'idée qu'il faut se soumettre à cela.

Resterait à savoir pourquoi les provinces ne sont pas financièrement indépendantes. Et si le fédéral lui-même l'est. Et pourquoi il faut soumettre tous les endettés à un gros endetté central, plus loin du peuple. Cela facilite naturellement la continuation de la domination par la finance centralisée.

On va faire valoir les exigences de l'état de guerre. D'après le communiqué cité, les suggestions de la commission Sirois offraient "une méthode exacte et raisonnée qui nous permettra de faire face à une situation grave que la guerre est en voie de rendre intenable." Alors, prenez ça, ou vous aurez pire !

Ô belle liberté démocratique !

Louis Even

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