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Des leaders religieux s’élèvent contre la politique d’Obama

le vendredi, 01 janvier 2010. Dans États-Unis

La «Déclaration de Manhattan»

«Nous rendrons à César ce qui est à César, pleinement et sans rechigner. Mais en aucun cas nous ne rendrons à César ce qui est à Dieu.»

ManhattanLa veille de Noël, le 24 décembre, alors que la population américaine était accaparée par le temps des fêtes, le gouvernement d’Obama a institué, à la sourdine, un système d’assurance-maladie en ouvrant largement la porte à l’avortement, à l’euthanasie et au suicide assistée. Des autorités religieuses des États-Unis s’étaient réunies pour s’opposer à la politique du gouvernement d’Obama avant cette réforme du système de santé. Les leaders religieux ont défendu énergiquement le droit à la vie, les principes chrétiens du mariage, le sens sacré de la famille, la liberté religieuse et l’objection de conscience. Obama a fait la sourde oreille.

Les autorités religieuses qui s’étaient réunies à Manhattan pour préparer une offensive contre ces infâmes projets, ont intitulé le manifeste “Déclaration de Manhattan” qu’ils ont publié ouvertement et présenté au gouvernement d’Obama, le 20 novembre dernier. Mais revenons à la “Déclaration de Manhattan”. Son texte intégral, avec la liste des 152 premiers signataires, se trouve sur la page web: Manhattan Declaration: A Call of Christian Conscience.

Charles de Pechpeyerou a traduit des extraits du rapport de Sandro Magister, publié à Rome, le 25 novembre 2009. Voici de larges extraits de cette traduction du rapport:

vendredi, le 20 novembre, au National Press Club de Washington“Parmi les leaders religieux qui ont présenté l’appel au public, vendredi, le 20 novembre, au National Press Club de Washington, il y avait le cardinal Justin Rigali, archevêque de Philadelphie, Mgr Donald W. Wuerl, archevêque de Washington, et Mgr Charles J. Chaput, évêque de Denver, Colorado.

La «Déclaration de Manhattan» ne tombe pas dans le vide, elle survient à un moment critique pour la société et la vie politique américaines: celui où le gouvernement de Barack Obama est très occupé à faire passer un plan de réforme de l’assurance-maladie aux États-Unis.

En défendant la vie humaine dès la conception et le droit à l’objection de conscience, l’appel conteste deux points mis en danger par le projet de réforme actuellement en discussion au Sénat.

Intervention de l’épiscopat catholique

Au Congrès, à la Maison Blanche de Washington, une vive action de lobbying menée au grand jour par l’épiscopat catholique a contribué à éventer le danger. Le vote final, ayant garanti à la fois le droit à l’objection de conscience et le blocage de tout financement public en faveur de l’avortement, la conférence des évêques a présenté ce résultat comme un «succès». Mais maintenant, au Sénat, la bataille repart de zéro, sur un texte initial que l’Église juge à nouveau inacceptable. La conférence des évêques a déjà adressé aux sénateurs une lettre indiquant les modifications qu’elle souhaite voir apporter à tous les points litigieux.

Mais maintenant, il y a, en plus, la «Déclaration de Manhattan», dont le dernier chapitre, intitulé «Lois injustes», s’achève sur cette annonce solennelle :

«Nous ne nous laisserons pas contraindre au silence, à l’acquiescement, à la violation de nos consciences par quelque pouvoir que ce soit, culturel ou politique, quelles que puissent être les conséquences pour nous».

Et tout de suite après: «Nous rendrons à César ce qui est à César, pleinement et sans rechigner. Mais en aucun cas, nous ne rendrons à César ce qui est à Dieu».

Dans un passage au début du texte, l’appel dit aussi:

“Alors que l’opinion publique prend une direction pro-vie, des forces puissantes et déterminées agissent en faveur de l’avortement, de la recherche destructrice d’embryons, du suicide assisté et de l’euthanasie.”

Opinion publique en faveur de la vie

Et c’est vrai. D’après les plus récentes enquêtes, l’opinion publique américaine est en train de virer sensiblement vers une plus grande défense de la vie de l’enfant conçu…Les leaders religieux qui harcèlent Obama sur les terrains minés de l’avortement, du mariage entre homosexuels, de l’euthanasie, savent donc qu’une partie large et croissante de la société américaine est avec eux.

Le lancement de la «Déclaration de Manhattan » a eu un fort écho dans les médias américains, sans que personne n’ait protesté contre cette «ingérence» politique des Églises.

En Europe le paysage est très différent. (On peut en dire autant de la province de Québec.) Ici, la «laïcité» est pensée et appliquée en conflit, latent ou explicite, avec les Églises…

Même différence de vision, quant au refus de donner la communion eucharistique aux hommes et femmes politiques catholiques favorables à l’avortement. La controverse est très vive aux États-Unis, pas de ce côté-ci de l’Atlantique…

Il faut cependant noter que, sur ce point, quelque chose est en train de changer, même en Europe. Et pas seulement parce qu’il y a un pape comme Benoît XVI qui affirme sa préférence pour le modèle américain de relations entre les Églises et l’Etat.

Il y a quelques jours, un signal est venu d’Espagne, où l’Église catholique est aux prises avec un gouvernement idéologiquement hostile, celui de José Luis Rodríguez Zapatero, et où une loi libéralisant encore davantage l’avortement est en cours d’élaboration.

Communion refusée aux politiciens favorables à l’avortement

Selon des informations reprises par «L’Osservatore Romano», l’évêque Juan Antonio Martínez Camino, secrétaire général de la conférence des évêques d’Espagne, n’a pas hésité à avertir les hommes et femmes politiques catholiques que, s’ils votent cette loi, ils ne pourront être admis à la communion eucharistique, car ils se seront mis en situation objective de “péché public”.

Ce n’est pas tout. Mgr Martínez Camino a ajouté que ceux qui disent qu’il est moralement légitime de tuer un enfant à naître, se mettent en contradiction avec la foi catholique et risquent donc de tomber dans l’hérésie et d’être excommuniés “latae sententiae”, c’est-à-dire automatiquement.

C’est la première fois qu’en Europe un dirigeant de conférence d’évêques tient des propos aussi «américains».

Mais revenons à la «Déclaration de Manhattan», présentée le 20 novembre 2009. Et voici ci-dessous la traduction du texte abrégé qui a été diffusé avec le texte intégral de la «Déclaration:

Les chrétiens, quand ils ont vécu conformément aux idéaux les plus élevés de leur foi, ont défendu les faibles et les vulnérables et travaillé inlassablement pour protéger et renforcer les institutions vitales de la société civile, à commencer par la famille.

Nous sommes… unis en ce moment pour réaffirmer les vérités fondamentales de la justice et du bien commun et lancer un appel à nos concitoyens, croyants ou non, pour qu’ils s’unissent à nous afin de les défendre. Ces vérités sont le caractère sacré de la vie humaine, la dignité du mariage comme union conjugale entre mari et femme, et les droits de la conscience et de la liberté religieuse.

Ces vérités, dans la mesure où elles (engendrent) la dignité de l’homme et le bien-être de la société, sont inviolables et non négociables. Comme elles sont de plus en plus attaquées par des forces puissantes dans notre culture, nous sommes obligés, aujourd’hui, de parler fort pour les défendre et de nous engager à les honorer pleinement, quelles que soient les pressions exercées sur nous et sur nos institutions pour qu’elles soient abandonnées ou fassent l’objet de compromis. Nous prenons cet engagement, non comme partisans d’un groupe politique, mais comme disciples de Jésus-Christ, le Seigneur crucifié et ressuscité, qui est la Voie, la Vérité et la Vie.

Recherche destructrice d’embryons

La vie des enfants à naître, des handicapés et des personnes âgées est de plus en plus menacée. Alors que l’opinion publique prend une direction pro-vie, des forces puissantes et déterminées agissent en faveur de l’avortement, de la recherche destructrice d’embryons, du suicide assisté et de l’euthanasie. Bien que la protection des faibles et des personnes vulnérables soit le premier devoir d’un gouvernement, aujourd’hui le pouvoir du gouvernement est souvent appelé à faire la promotion de ce que Jean-Paul II appelait «la culture de la mort».

Nous nous engageons à travailler sans cesse pour une égale protection de tout être humain innocent, à tous les stades de son développement et dans toutes les situations. Nous refuserons notre implication ou celle de nos institutions dans la destruction de vies humaines et nous soutiendrons, de toutes les façons possibles, ceux qui, en conscience, feront de même.

Infidélité et divorce

L’institution du mariage, déjà attaquée par la promiscuité, l’infidélité et le divorce, risque d’être redéfinie et donc subvertie. Le mariage est l’institution originelle et la plus importante pour assurer la santé, l’éducation et le bien-être de tous. Là où le mariage se dégrade, les pathologies sociales se développent. La tendance à redéfinir le mariage est un symptôme, plus que la cause, d’une érosion de la culture du mariage. Elle reflète une perte de compréhension du sens du mariage tel qu’il est incorporé dans notre droit civil et dans nos traditions religieuses.

Or il est essentiel de résister à cette tendance, car y céder serait renoncer à la possibilité de recréer une juste conception du mariage et, par là, à l’espoir de reconstruire une saine culture du mariage. Cette résistance bloquerait l’idée fausse et destructrice que ce qui est important, dans le mariage, c’est le romanesque et autres satisfactions pour adultes et non pas, intrinsèquement, le caractère unique et la valeur d’actes et de relations dont le sens est donné par la capacité à créer, promouvoir et protéger la vie. Le mariage n’est pas une «construction sociale», c’est plutôt une réalité objective – l’union scellée par un accord entre un mari et une femme – que la loi a le devoir de reconnaître, d’honorer et de protéger.

Dispositions anti-discrimination

La liberté religieuse et les droits de la conscience sont en grand danger. Ces principes fondamentaux de justice sont menacés de manière évidente par les efforts faits pour affaiblir ou éliminer l’objection de conscience du personnel et des institutions de santé, ainsi que par les dispositions anti-discrimination qui sont utilisées comme armes pour obliger les institutions religieuses, organismes caritatifs, entreprises et prestataires de services à accepter (et même à faciliter) des activités et des rapports qu’ils jugent immoraux, sous peine de perdre (leur emploi ou le droit d’exercer leur oeuvre de charité).

Les attaques contre la liberté religieuse menacent gravement non seulement des individus, mais aussi des institutions de la société civile, notamment des familles, des organismes caritatifs et des communautés religieuses. Le bon état de ces institutions constitue une indispensable protection contre les excès gouvernementaux et il est indispensable au bon fonctionnement de toutes les institutions, gouvernement compris, sur lesquelles s’appuie la société.

En tant que chrétiens, nous croyons aux lois et nous respectons l’autorité des gouvernants terrestres. Nous considérons comme un privilège spécial de vivre dans une société démocratique où le poids moral de la loi sur nous est encore plus fort à cause du droit de tous les citoyens à participer au processus politique. Mais, même dans un régime démocratique, les lois peuvent être injustes.

Des lois gravement injustes

Et dès les origines, notre foi nous a enseigné que la désobéissance civile est un devoir face à des lois gravement injustes ou à des lois qui impliquent que nous fassions ce qui est injuste ou immoral. De telles lois n’ont pas le pouvoir de contraindre en conscience parce qu’elles ne peuvent revendiquer d’autre autorité que celle de la simple volonté humaine.

Nous proclamons donc que nous ne nous soumettrons à aucun texte qui nous forcerait, nous ou les institutions que nous dirigeons, à accomplir ou à faciliter les avortement, des recherches destructrices d’embryons, des suicides assistés, des euthanasies ou tout autre acte violant les principes de la profonde, intrinsèque et égale dignité de tout membre de la famille humaine.

De plus, nous proclamons que nous ne nous laisserons pas contraindre au silence, à l’acquiescement, à la violation de notre conscience par quelque pouvoir que ce soit, culturel ou politique, quelles que puissent être les conséquences pour nous.

Nous rendrons à César ce qui est à César, pleinement et sans rechigner. Mais en aucun cas nous ne rendrons à César ce qui est à Dieu.

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