Pierre est un homme. Voilà une vérité. Elle exprime une chose vraie, une chose qui est.
La vérité est ce qui est.
Je connais Pierre. Et je sais ce que c’est qu’un homme. Je sais donc que Pierre est un homme.
L’idée que mon esprit se fait de Pierre est une idée vraie, elle est conforme à ce qui est, à ce que Pierre est.
Lorsque mes idées sont conformes à la vérité des choses, la vérité est aussi dans mon esprit.
Ce qui est veut dire trois choses :
1° Ce qui arrive dans le temps. Ce sont des faits.
Ex. : Les hommes se battent actuellement en Europe.
2° Ce que c’est que telle chose.
Ex. : Un homme est un animal raisonnable.
Les philosophes appellent cela l’essence. L’essence d’un homme c’est d’être un animal raisonnable.
3° Ce que c’est que posséder l’être, l’existence, ce que c’est que l’être.
Ex. : Pierre existe. Il existe parce qu’il est en dehors du néant, il est une chose concrète, il possède l’existence.
1.) Les vérités de la première espèce. — Les faits sont des vérités qui passent avec le temps, et qui par conséquent n’ont de valeur pour nous que si elles nous permettent de tirer des conclusions.
Ex. : Je sais que les hommes se battent actuellement en Europe. Si de connaître ce fait ne me sert qu’à m’effrayer et à effrayer les autres, que je connaisse cette vérité n’est un bienfait pour personne. Et quand la guerre sera finie, personne n’aura retiré de bénéfice de ce que j’aurai su qu’en Europe une guerre avait commencé le 1er septembre 1939. Mais si du fait que les hommes se battent en Europe en 1939, je tire la conclusion que les rivalités économiques entre les peuples sont des causes de guerre, j’ai acquis alors une certaine connaissance qui peut être profitable pour moi et pour la société.
2.) Les vérités de la deuxième espèce. — Les vérités par lesquelles je connais ce que c’est que telle chose, ces vérités sont la nourriture première de notre intelligence.
Ex. : J’ai l’idée (plus ou moins précise et complète) de ce qu’est un homme, de ce qui fait son essence.
La connaissance des essences des choses sensibles, voilà l’objet propre de notre intelligence, voilà ce de quoi elle se nourrit d’abord, et voilà le chemin qui la mène à la connaissance des vérités de la troisième espèce.
3.) Les vérités de la troisième espèce. — Les vérités par lesquelles on a l’idée de ce que c’est qu’être, exister, voilà le but dernier de toute intelligence.
Tous les hommes ont une idée plus ou moins vague de ce que veut dire être, avoir l’existence en dehors du néant. Il y a des hommes chez qui cette idée se précise avec l’étude et la réflexion.
Les anges ont mieux que nous l’idée de l’être. Dieu seul a la connaissance parfaite de l’être.
Mieux notre intelligence comprend ce que veut dire être, exister, plus elle est parfaite, plus elle a de vigueur, de vie.
Mais l’intelligence est le guide de l’homme tout entier, c’est elle qui éclaire la volonté, maîtresse des facultés de l’âme et du corps.
La connaissance de ce qui fait l’être, voilà donc le commencement, la source où la vie de toute notre personne puise son énergie, son épanouissement, sa joie.
Gilberte CÔTÉ Vd 15 déc 1939 p 2 ; GC 567 mots