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L'ordre social temporel chrétien - Personne humaine et ordre économique

Père Thomas M. Landry, o.p. le jeudi, 01 février 1940. Dans L'ordre social temporel chrétien

Un ordre social humainement valable suppose non seulement des personnes humaines en état de société et des institutions sociales appropriées. Il exige encore l’instauration d’un ordre économique et d’un certain ordre politique sans lesquels l’anarchie et le désordre s’établiraient dans la société des hommes pour empêcher l’ordre social lui-même d’y exister et de s’y épanouir.

Il importe d’abord que l’économie soit ordonnée, que la personne humaine, naturellement sociable, se trouve engagée dans un ordre économique vraiment humain et chrétien. C’est ce qu’il faut voir.

On sait que

"la vie économique embrasse les relations humaines qui ont pour fin l’adaptation des ressources terrestres aux besoins humains." (Code Social de Malines, Ed. 1934, no. 69).

On sait en conséquence que

"la science économique observe, décrit et ordonne les relations humaines de collaboration, d’échange et de répartition qui se forment nécessairement dès que l’homme veut dominer la matière et satisfaire à ses besoins". (Ibid. no. 7).

Il y a donc, et il doit y avoir un ordre de choses humaines qu’on appelle l’ordre économique.

1. La personne humaine a besoin pour son épanouissement intégral d’une certaine somme de biens matériels.

a) Ce besoin provient de la nature même de l’homme. Appelé à combler des indigences physiques, il ne peut y parvenir que par l’usage des biens de même ordre qu’on appelle les biens matériels et corporels.

b) Par ailleurs, les êtres qui entourent l’homme, dans un univers ordonné par la sagesse de Dieu, sont faits pour le servir et pour lui permettre d’atteindre, en les utilisant, à sa vraie grandeur de roi et seigneur de la création.

c) De là, l’inéluctable nécessité, pour toute personne humaine, d’obtenir un minimum de biens matériels pour vivre, pour bien vivre, pour exercer son beau métier d’homme qui est de travailler et pour parvenir même à la fonction des dieux qui est de contempler.

"Ces biens doivent être assez abondants pour satisfaire aux besoins d’une honnête subsistance et pour élever les hommes à ce degré d’aisance et de culture qui, pourvu qu’on en use sagement, ne met pas obstacle à la vertu, mais en facilite, au contraire, singulièrement l’exercice." (Pie XI).

2. La personne humaine ne peut user de ces biens matériels nécessaires s’ils n’ont pas été adaptés à ses besoins physiques et spirituels par tout un ensemble d’activités humaines qui constituent une vie et un ordre qu’on appelle la vie et l’ordre économique,

a) Pour que ces biens matériels servent la personne humaine, il faut qu’elle soit capable de les utiliser, d’en user, de les consommer. De là la nécessité où elle se trouve de se les approprier. Mais l’appropriation n’en sera rendue possible que si ces biens ont été au préalable équitablement distribués et répartis. Ceci exige que ces biens aient été d’abord travaillés, faits, produits, car si la nature se montre prodigue pour l’homme en lui fournissant les richesses nécessaires, il n’en reste pas moins que celui-ci, grâce au capital d’énergies spirituelles et corporelles déjà accumulées, doit les transformer pour les adapter immédiatement aux besoins qu’il s’agit de combler.

b) Or, toutes ces opérations humaines que nous venons de signaler sont nécessaires en fin de compte si l’on veut satisfaire aux besoins de l’homme. Il n’y en a pas une qui puisse être éludée ou remplacée par une autre. Elles doivent toutes se coordonner, s’harmoniser, pour qu’on atteigne la fin désirée. Elles forment donc du même coup un ordre distinct de l’activité humaine, qu’on nomme "l’ordre de la vie économique" ou simplement "l’ordre économique".

Enfin, l’ordre économique ainsi constitué ne peut vraiment satisfaire aux besoins humains que s’il accepte les régulations supérieures de l’ordre politique, social et spirituel.

a) Nous sommes en présence de faits humains, et non devant des phénomènes de l’ordre physique et naturel des choses. Ces faits humains constituent un ordre spécial d’activités, destiné à subvenir aux besoins matériels de l’homme.

"L’organisme économique n’est sainement constitué et n’atteint sa fin, que lorsqu’il procure à tous et à chacun de ses membres, tous les biens que les ressources de la nature et de l’industrie... ont le moyen de leur procurer." (Pie XI).

b) Cependant, cette fin de l’ordre économique n’est pas un absolu, ni la plus élevée dans la hiérarchie de celles que la personne humaine doit poursuivre. Elle doit être subordonnée à la fin éternelle, que l’homme obtient par cet ordre d’opérations qu’il réalise dans l’Église. Subordonnée encore à cette fin plus haute et plus compréhensive qu’on appelle le bien commun temporel et que seul un ordre politique et social d’activités humaines peut assurer.

c) De là, la légitimité et la nécessité de l’intervention de l’État en ces matières, pour que soit effectuée "l’organisation vraiment sociale de la vie économique" ; et de l’Église, qui ne peut pas et ne doit pas abdiquer la charge que Dieu lui a confiée et qui lui fait une loi d’intervenir, "non certes dans le domaine technique à l’égard duquel elle est dépourvue de moyens appropriés et de compétence, mais en tout ce qui touche à la loi morale", car la valeur et l’influence de celle-ci se trouvent engagées dans l’ordre économique comme dans tous les autres ordres de l’activité humaine.

Père Thomas-M. LANDRY, o p.

VD 1 fév 1940 p2  1940_02_No 7_P_002.doc

Père Thomas M. Landry, o.p.

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