(Cet article et les neuf qui suivront, dans les prochains numéros, ne sont que le résumé des causeries données par le R. P. Thomas-M. Landry, dominicain, à l’institut Pie XI de la faculté de Théologie de l’Université de Montréal.)
L’ordre social temporel ne se constitue que s’il y a d’abord des personnes humaines qui doivent vivre en communauté.
1. Cette idée est fondamentale en sociologie chrétienne.
a) Elle domine toutes les encycliques à portée sociale écrites par les Papes depuis soixante ans.
b) Elle inspire l’attitude prise par l’Église devant tous les mouvements politiques et sociaux à tendance totalitaire de l’heure actuelle.
c) Elle inspire aussi l’étude et l’action sociales de toute une pléiade de penseurs contemporains, en France notamment, où le "personnalisme chrétien" est de plus en plus mis en valeur. La dernière Semaine Sociale de France étudie "La personne humaine"...
2. La société se compose donc, selon l’Église, de personnes.
a) Pas de choses, ni de purs animaux.
b) Mais d’êtres intelligents et libres, doués de la vie propre aux esprits. Bref, de sujets dont la nature est "intellectuelle" et qu’on appelle "personnes". Des personnes dans la société, les pauvres comme les riches, les malades comme les bien-portants, les ignorants comme les gens instruits, les femmes comme les hommes, les noirs comme les blancs, les enfants, même ceux qui ne sont pas encore venus au monde, comme les adultes.
3. La société terrestre se compose cependant de personnes humaines :
a) Pas de personnes parfaites comme les Personnes divines.
b) Ni de personnes fixées en leur fin comme les personnes angéliques.
c) Mais de personnes douées de cette nature spéciale qu’on appelle la nature humaine. Personnes qui font subsister une âme et un corps, un esprit et une chair ; personnes incarnées et soumises au temps. Personnes déficientes parce que créées, personnes indigentes par nature dans leur âme et leur corps et qui cherchent, par leur libre activité, à satisfaire la multitude de leurs besoins spirituels et matériels.
4. Enfin, la société terrestre se compose de personnes humaines, déchues par suite d’un péché de nature, mais sauvées par la grâce du Christ-Jésus.
a) Le péché originel est un fait qui affecte toute la vie morale de l’homme.
b) Ses conséquences se font sentir jusque dans l’organisation de la vie temporelle des hommes.
c) De sorte que les ressources de l’Ordre de la grâce seront nécessaires pour sauver l’ordre de la nature elle-même.
Père Thomas-M. LANDRY, o. p.