Notre Mouvement a subi une grande perte par le départ pour le Ciel de notre cher Maurice Arseneault, de Jonquière. Il avait 77 ans. Il est décédé le 2 juillet, fête de la Visitation de Notre-Dame à sa cousine Elisabeth. Un beau jour pour aller frapper à la porte du Ciel. Il savait comment faire, il s'était bien exercé depuis son entrée dans le Mouvement, il y a près de 50 ans. À combien de portes, il est allé frapper avec son ami Gérard Dubé, pour demander gentiment aux gens de s'abonner à son fameux journal Vers Demain ?
Maurice Arseneault était si convaincu lui-même qu'il était convaincant et éloquent ; rares étaient ceux qui pouvaient lui refuser. Sa personnalité si aimable et si charitable de Madelinot (il est né aux Îles de la Madeleine), enrichie de la lumière du Crédit Social, le rendait irrésistible. On l'aimait, on l'appréciait et on l'aidait. Au début de son grand apostolat, il partait avec les équipes de la région d'Arvida dès le samedi matin, pour n'entrer que tard le dimanche soir, allant d'une paroisse à l'autre, annoncer la bonne nouvelle du Crédit Social. Porte en porte toute la journée du samedi, discours aux portes d'une église après les messes, le dimanche matin, et porte en porte de nouveau toute la journée du dimanche, en quêtant ses couchers et repas. Il était de l'étoffe des pionniers.
Je me souviens d'une tournée dans la Matapédia, en 1954, avec Henri-Louis Lapierre, et d'autres, M. Arseneault avait donné ses vacances. Chaque matin, le responsable nous conduisait chacun au fond d'un rang. Nous marchions toute la journée en visitant les fermiers et nous nous rejoignions le soir au village avec des 25, 30 abonnements à Vers Demain en main. M. Arseneault arrivait toujours avec le plus grand nombre d'abonnements.
Sa charmante épouse l'appuyait en tout. Les réunions hebdomadaires du Mouvement se tenaient dans leur salon. Et tous les Pèlerins y étaient reçus avec l'hospitalité proverbiale des Madelinots. M. Arseneault fut fortement éprouvé par le décès de son épouse, mais le bon Dieu a mis sur sa route une autre bonne compagne qui a su elle aussi partager son bel idéal et l'aider dans son grand apostolat. Chère madame Arseneault, nous vous sommes unis dans la douleur et nous prions avec vous, avec l'espérance de le revoir dans la céleste félicité. Non, son décès n'est pas une perte mais plutôt un gain, car M. Arseneault a maintenant des forces multipliées pour mener le combat contre la dictature de l'argent.
Avec la très sainte Vierge Marie, Maurice Arseneault chante au Ciel le beau "Magnificat" de la Visitation : "Mon âme glorifie le Seigneur... Il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante.... Il a fait en moi de grandes choses... il a renversé les puissants de leur trône et il a élevé les humbles. Il a rassasié de biens les affamés, et il a renvoyé les riches les mains vides.... Gloire soit au Père, au Fils et au Saint-Esprit...
Thérèse Tardif
