Le 26 mars, 2000, le Ciel a ravi à l'affection de son époux, de ses douze enfants, et des Pèlerins de saint Michel, madame Polycarpe Roulin, de St-Georges de Beauce. Elle avait 83 ans. Elle était profondément créditiste avant même d'être épouse et mère.
En effet, elle était la fille de M. Eugène Plante, de Şt-Victor de Beauce, gagné à la beauté du Crédit Social dès les premières années de l'Œuvre. Les Pèlerins du porte en porte se rejoignaient chez M. Plante, les fins de semaine, pour organiser les équipes au début de la journée.
Polycarpe Poulin épousa Adrienne Plante en 1942, et c'est ainsi que par elle, sa femme, il est devenu lui aussi un fervent apôtre de Vers Demain. Ils formaient un couple uni sans pareil. Quand M. Polycarpe disait "ma femme" on sentait dans sa voix, toute l'affection et le respect qu'il lui portait. Et cette affection si profonde qu'ils avaient l'un pour l'autre dura 58 ans. Un lien que seule la mort a pu rompre. Quel bel exemple de fidélité. Dieu bénit ce ménage en lui confiant 12 enfants.
Et malgré cette petite marmaille qui augmentait d'année en année, après leur mariage, M. et Mme Poulin ont été parmi les plus dévoués apôtres de Vers Demain de la Beauce. Madame Poulin elle-même a fait le porte en porte. Et leur maison était le foyer des directeurs et des Pèlerins à Plein-Temps, à St-Georges. Les "Bérets Blancs" faisaient partie de la famille, comme des frères et sœurs, oncles et tantes. Quatorze ou vingt convives autour de la table, ne faisaient aucune différence pour Mme Poulin. Notre regretté directeur, Gérard Mercier, ne pouvait passer à St-Georges sans aller se réfugier chez son ami Polycarpe. Que de bons souvenirs on pourrait évoquer.
Un visiteur entrait dans cette maison, il recevait un cours complet du Crédit Social de M. Poulin. Et madame incitait son mari à l'abonner à Vers Demain : "Abonne-le à Vers Demain, abonne-le à Vers Demain," insistait-elle. Elle considérait que le cours ne serait pas complet et n'aurait sans doute pas de suite, si le professeur par excellence "Vers Demain" n'allait pas continuer à donner les leçons du Crédit Social chez le néophyte. Et puis, elle encourageait son mari à aller, plusieurs soirs sur semaine, et chaque samedi et dimanche, tout au long de ses 58 ans de vie de mariage, visiter les familles pour leur porter la lumière de Vers Demain, pendant qu'elle s'occupait des enfants. C'était la femme forte de l'Évangile.
Le drapeau blanc, rouge et or, du Mouvement, flottait incessamment sur cette maison témoignant à tous les passants qu'elle abritait des créditistes convaincus, prêts à tous les dévouements.
Il fallait que l'idéal soit très beau pour susciter tant de sacrifices et d'abnégation de la part de ce couple merveilleux déjà surchargé par les besoins de la grande famille.
Mais Dieu bénissait cette maison, jamais le pain n'a manqué sur la table. Et les enfants ont su apprécier la grandeur d'âme de leurs père et mère. Ils étaient tous là pour fêter le cinquantième anniversaire de mariage de leurs nobles parents, et ils étaient encore tous là autour du tombeau de leur chère maman.
Madame Polycarpe Poulin a été l'exemple de la vraie Canadienne française catholique, modelée sur nos ancêtres, qui a su accepter avec joie les enfants que Dieu lui a confiés. Et elle en fut très heureuse. Terminons par des extraits de l'émouvante prière qu'elle a composée elle-même et qui nous livre un peu son état d'âme :
"Père très saint, donne-moi une source d'inspiration pour que je puisse aimer et pardonner. Je te rends grâce, pour les enfants que tu m'as donnés. Merci pour les enfants que tu m'as donnés. Merci pour les jours de bonheur qu'ils m'ont donnés... Garde mes enfants près de moi, dans ton esprit. Je veux rester leur mère toute ma vie envers et contre tout, je les ai enfantés et j'ai souffert pour eux. Ils t'appartiennent, garde-les, protège-les, je veux qu'ils me ressemblent, je veux qu'ils croient en Toi, Seigneur."
Depuis le décès de son épouse bien-aimée, Polycarpe Poulin s'est remis au porte en porte pour offrir aux familles le journal Vers Demain. Du haut du Paradis, madame Poulin connaît encore mieux la valeur de l'apostolat et elle continue, comme elle le faisait sur la terre, à inciter son mari à se dévouer toujours plus. Quelle épouse ! Quelle bonne maman ! Quelle apôtre, à imiter !
Thérèse Tardif