Un message de grande espérance de Mgr Placide Mukendi, vicaire général du diocèse de Mbuji-Mayi en République démocratique du Congo, durant la semaine d’étude d’août 2009 à Rougemont:
Je tiens à remercier premièrement Son Excellence Mgr Nestor Ngoy, évêque du diocèse de Kolwezi en République démocratique du Congo, qui a été le premier à me parler du Crédit Social. Et c’est encore lui qui a fait en sorte que M. Marcel Lefebvre et l’abbé Albert Kaumba visitent notre diocèse, ce qui n’était peut-être même pas prévu à leur programme !
Mais je voudrais en deuxième lieu remercier madame la directrice et tous les organisateurs de cette semaine d’étude et de ce congrès, de m’avoir permis de voir ce que je vois et d’entendre ce que j’entends. Ce qui m’a frappé, mes frères et soeurs, c’est d’abord cet esprit de famille, que nous sommes en train de vivre. Je vois parmi nous des personnes d’un certain âge, mais je vois aussi des jeunes et même des personnes toutes jeunes, qui ont mordu au Crédit Social et qui se sont faits Pèlerins de saint Michel.
En février 2009, notre diocèse de Mbuji-Mayi a eu l’insigne honneur d’accueillir deux visiteurs de marque, M. Marcel Lefebvre et M. l’abbé Albert Kaumba. Ces deux visiteurs de marque étaient porteurs d’un message, un message de libération, un message de salut, que nous avons intitulé comme ceci: le Crédit Social, une autre alternative et moyen efficace de combattre la pauvreté.
A cet effet, dès leur arrivée à Mbuji-Mayi, nous les avons conduits faire une visite de courtoisie à notre évêque, qui est émérite depuis le 1er août, Son Excellence Mgr Tharcisse Tshibangu. Et le lendemain, nous sommes allés rendre visite à l’évêque auxiliaire, Son Excellence Mgr Bernard Emmanuel Kasanda, qui est devenu l’évêque diocésain. Et je dois dire que les deux évêques se sont bien intéressés au Crédit Social, et l’évêque d’alors, Mgr Tharcisse Tshibangu, a même demandé à son secrétaire chancelier de faire mettre ce thème au programme de la semaine sociale prévue pour l’année 2010.
M. Marcel Lefebvre et M. l’abbé Albert Kaumba ont eu l’occasion de donner six conférences, qui ont été vraiment très appréciées: d’abord trois qui étaient destinées au clergé, aux religieux, à tous les laïcs engagés, ainsi qu’à tout le peuple de Dieu, dans la salle polyvalente du diocèse, et puis ils ont eu à donner encore trois conférences dans des milieux estudiantins, à l’ISP (Institut Supérieur Pédagogique) de Mbuji-Mayi, au Grand Séminaire de Mbuji-Mayi, et à l’université de Mbuji-Mayi. Je dois dire que l’impression que j’ai eue était que tous les auditeurs étaient très attentifs. Ils étaient très intéressés, et ils ont très bien accueilli le message. Après les conférences, la grande question qu’ils posaient, c’était: «Mais quand allons-nous mettre en oeuvre ce Crédit Social, quand allons-nous commencer ?». C’est pour dire que le message avait été bien compris, que le message est vraiment bien passé.
Maintenant, comment le diocèse entend-il faire passer ce message (du Crédit Social) à tous ses destinataires, non seulement de Mbuji-Mayi, mais aussi de toute notre province ecclésiastique ? Le petit comité organisateur qui était chargé d’accueillir nos hôtes s’est transformé en comité de sympathisants des Pèlerins de saint Michel, parce qu’il a compris, qu’il a mordu à la cause. Ce comité a compris que pour faire parvenir ce message à tous ses destinataires, il avait d’abord besoin d’être bien formé, et même très bien formé. C’est ce que nous avons commencé à faire, en commençant par la doctrine sociale de l’Église, qui est le fondement même du Crédit Social tel qu’il nous est proposé. En plus de cela, nous nous sommes dits: «Pour que ce message atteigne toutes les couches de la population de notre diocèse, il faut atteindre les prêtres.» Dans notre diocèse, nous avons un programme de formation permanente pour les prêtres; alors ce thème a été inscrit à ce programme de formation permanente pour les prêtres à partir de cette année pastorale, qui commence bientôt, au mois de septembre.
On ne s’arrêtera pas là ! Il y a également le conseil pastoral, qui regroupe des prêtres et des religieux, mais surtout des laïcs, et le Crédit Social sera mis également au programme de ce conseil pastoral.
En dehors du diocèse, nous allons chercher à atteindre toute la province ecclésiastique de Kananga, c’est-à-dire que le thème sera apporté à l’assemblée provinciale du mois de novembre, pour que tous les évêques soient informés, afin que, avec leur bénédiction, notre petit comité puisse sillonner tous les diocèses du Kasanga.
Qu’est-ce qui a fait que la population du diocèse de Mbuji-Mayi a accepté si facilement le Crédit Social ? Le diocèse de Mbuji-Mayi est au coeur de la République démocratique du Congo. Et c’est aussi une société qui était très prospère dans le temps, avec les mines de diamant, mais à cause de cela, c’est dans notre province que le coût de la vie est le plus cher en RDC. (…)
Pour la ville de Mbuji-Mayi, les salaires, de manière générale, et ça c’est pratiquement pour tout notre pays, ce sont des salaires de misère, des salaires qui ne permettent pas à ceux qui les reçoivent de nouer les deux bouts du mois. Il y en a qui reçoivent des salaires (mensuels) qui ne leur permettent de vivre que pendant une semaine; alors les trois autres semaines du mois, qu’est-ce qu’ils font ? De quoi vivent-ils ?... On voit défiler devant nos cures des gens de toutes sortes, ceux qui travaillaient et qui avaient un salaire et qui ne peuvent plus l’avoir, des enfants chassés de l’école (parce qu’ils ne peuvent plus payer les frais de scolarité), des malades, tout ce monde-là pense trouver une solution auprès des prêtres d’une paroisse qu’ils connaissent, mais malheureusement, la crise financière a atteint même le clergé, parce que nous avons des paroisses dont la collecte dominicale ne dépasse pas dix dollars... Or, pour avoir une bouteille de vin et un sachet de grandes et de petites hosties, il faut plus de dix dollars ! C’est dire, mes frères, qu’il y a des paroisses qui ont même des difficultés et des problèmes pour trouver de quoi célébrer l’Eucharistie le dimanche.
Alors un peuple qui vit cette misère et cette pauvreté, si on lui annonce qu’il y a moyen de s’en sortir, comment voulez-vous qu’il dise non ! Voilà pourquoi le Crédit Social présenté comme une alternative, comme un moyen efficace de combattre la pauvreté a été accueilli à bras ouverts par le diocèse de Mbuji-Mayi.
En guise de conclusion, je rends un hommage très vibrant à M. Louis Even, qui nous a aidés à comprendre qu’il y a un moyen de trouver une solution à ce problème de la pauvreté. Mais c’est une lutte, une lutte acharnée, qui est engagée. Et cette lutte n’est pas engagée contre des petits, mais contre les puissants de ce monde, contre la haute finance, mes frères et sœurs, ce que nous n’avons pas à oublier. Et c’est pour cela qu’à chaque matin, quand j’entends frapper à notre porte, «Ave Maria, debout pour le combat !» Je dis: «Est-ce que nous prenons vraiment conscience que nous sommes vraiment en guerre ?» Alors je vous remercie tous, chacun et chacune, pour cet engagement. Parce qu’en fait, pour que ce monde bouge, il faut qu’il y ait quelqu’un qui bouge; et si vous tous, vous avez bougé, c’est parce que M. Louis Even a bougé, n’est-ce pas ? Alors à partir du moment où nous sommes des gens en train de bouger, je sais que ce monde bougera... La victoire n’est peut-être pas pour aujourd’hui, mais je sais qu’avec Notre-Dame, la victoire nous est assurée. Allons de l’avant, et le Crédit Social, la démocratie économique, finira par l’emporter.
Groupe des Congolais, de gauche à droite: Marie Kalala, Abbé Djim Lumu, Abbé Charles Tshimanga Bakankana, Vasco Kalala, Mgr Placide Mukendi, Felix-Félicien Muambi, Arnaud et Brunel Kalala. |