Voici des extraits des impressions de l’abbé Sylvain Coulon, prêtre du diocèse de Montpellier, qui était présent lors de notre session d’étude à Rougemont sur la démocratie économique en septembre 2019 :
par l’abbé Sylvain Coulon
C’est ma troisième participation à une session d’étude à Rougemont : la première ça été la découverte, la joie. La deuxième, ça été un approfondissement des questions, des choses que je n’avais pas bien comprises, et puis la troisième —cette année — ça été un approfondissement spirituel. Ce que j’ai surtout compris cette fois-ici, c’est qu’on avait là le trésor pour la vie heureuse de tous les peuples et une bonne entente entre les nations et qu’on est face à une impossibilité de l’appliquer, apparemment.
Alors, nous sommes obligés de voir que nous avons un ennemi qui s’oppose, et ça montre que finalement on entre dans un combat spirituel aussi quand on s’engage pour le Crédit Social. Donc, c’est la prière, c’est l’oraison, c’est la méditation, c’est aussi la pénitence. Je dirai que si on veut annoncer avec fruit le Crédit Social, il faut aussi jeûner, faire des pénitences, des pèlerinages. Cet après-midi, nous ferons une procession jusqu’à la paroisse Saint Michel.
Il y a quelque chose d’une grande gravité parce qu’il en va du salut des âmes. Donc je voulais encore une fois souligner et remercier la qualité de l’enseignement, la pédagogie de Monsieur Pilote, qui a su aussi nous apaiser en nous présentant les choses calmement, c’est-à-dire selon les enseignements de Monsieur Even. Et on y arrive, malgré ce bouillonnement qui vient de ce sentiment d’injustice qui pourrait tendre à la révolte. Bien, on l’apaise au pied de la Croix de Notre-Seigneur et on trouve là une force pour continuer notre cheminement intellectuel d’apprentissage.
Seulement, il me semble qu’il faut revenir, souvent et régulièrement, aux enseignements de Monsieur Even. On a la chance d’avoir, pour les francophones, les enregistrements sur les DVD et les CD. C’est la « bible » du créditiste, n’est-ce pas ! Si bien que je souhaite que plus tard l’Église reconnaisse la sainteté de monsieur Even, qu’elle l’élève à la gloire des autels, et qui sait si après cela le Pape d’alors en fera un docteur de l’Église, « es doctrine sociale de l’Église ». Il suffit de voir comment les enseignements de Monsieur Even sont profitables et bouleversants pour tous les laïcs, pour tous les prêtres et même pour tous les évêques qui viennent ici, qui le reconnaissent.
Donc il y a vraiment un intérêt à continuer à apprendre pendant l’année en lisant les documents. C’est vrai qu’ils sont publiés par les Pèlerins de Saint Michel mais aussi en allant vraiment à la source, au fondement, c’est-à-dire les enseignements de Monsieur Even. Et vous avez vu comment tous les jours, on avait ces petites conférences qui vraiment fondent notre pensée, notre réflexion… M. Even est un maître, un maître pour présenter et enseigner cela.
Ça c’était le premier point, la question de l’approfondissement, de la connaissance du Crédit Social qui nous fait faire un chemin spirituel qui nous amène jusqu’au pied de la Croix, et la Croix, c’est la mission d’annoncer l’amour de Dieu jusqu’au prix de sa vie-même, s’il le faut.
Deuxième point, c’est ce que disait monsieur Even dans la conférence du congrès de Trois-Rivières en 1957, il répondait à une question qui disait : « À quand l’application du crédit social ? » C’est souvent une opposition qui m’est faite quand j’en parle. Quand est-ce qu’on va l’appliquer, où est-ce que ça va s’appliquer ? Monsieur Even dit : « Ça dépend du Seigneur, c’est dans le cœur de Dieu. » Un peu comme le retour du Christ, Dieu seul sait. Il citait cette phrase de l’Évangile. C’est vrai que le Crédit Social, ça parait un aboutissement pour la vie de l’humanité, une vie de l’humanité qui conduira à la pleine reconnaissance de l’Évangile. Donc c’est pour demain.
Et je terminerai par une dernière chose, c’est : quelle est la fin du Crédit Social ? Parce qu’on y parle beaucoup de bien être, de respect, d’équité dans les échanges économiques pour que chacun puisse vivre, est-ce que c’est ça la fin du Crédit Social, ou bien ce n’est qu’un moyen qui nous est donné en accord avec la doctrine sociale de l’Église ?
Eh bien, ce n’est qu’un moyen. Parce que la fin de l’application du Crédit Social, c’est le salut des âmes. C’est le pape Pie XII qui l’a dit : « Le Crédit Social créerait dans le monde un climat qui permettrait l’épanouissement de la famille et du christianisme. » Mais pourquoi la famille ? Vous, parents, pourquoi avez-vous donné la vie à vos enfants ? Pour leur faire gagner le ciel, pour peupler le ciel. Pas pour peupler la terre et ensuite tomber en enfer. Non, c’est comme une échelle : on peuple la terre pour aller au ciel, c’est une étape. C’est ça le but. Et c’est par les sacrements que l’Église dispense que nous allons au ciel.
Aujourd’hui, le monde est complètement désordonné, dans le chaos à cause de Mammon. Et alors, ça crée un accroissement du désordre dans les consciences, dans les cœurs, à cause par exemple de l’argent qui fait dans les medias de la propagande pour des valeurs qui sont contre celles que le Christ nous a enseignées.
Donc, si on met de l’ordre dans la société, ça sera la paix, la paix dans les ménages, la paix dans les pays, la paix dans les nations, la paix entre les nations. Et alors, nous pourrons nous entraider pour faire croître la sainteté. Ce sera quand on aura appliqué le Crédit Social dans un pays, et puis d’autres, et puis le monde entier.
Alors nous pouvons faire une petite course à l’émulation : quel sera le premier des pays que nous habitons, d’où nous venons qui habitera le Crédit Social. Ça viendra d’Afrique ? D’Amérique du Sud ? D’Amérique du Nord ? De l’Europe ? De l’Asie ?
Bon ! Eh bien, on pourra attribuer un beau trophée au premier pays qui le mettra en pratique. Et après ça se répandra comme le feu de la charité, le feu de l’amour, une contagion comme des dominos ! On voudra imiter quand on verra l’abondance bien distribuée, le bonheur qui habitera ce pays, les autres pays vont vouloir faire de même, et ensuite la planète entière. Et une fois qu’on sera tous dans des conditions bien ordonnées, où tout le monde pourra bien vivre en paix dans la concorde avec son frère, son voisin, la nation voisine, eh bien, là c’est l’éducation morale et de la foi qui vont pouvoir battre son plein, et nous pourrons donc gagner beaucoup, beaucoup d’âmes pour le Seigneur. Et on pourra aussi prier beaucoup pour nos fidèles défunts qui sont au purgatoire. Voila !
Je le dis avec d’autant plus de force que je viens d’un pays qui porte un triste trophée, c’est le trophée de la Révolution Française, c’est une boucherie c’est un torrent de sang, c’est des destructions infinies aussi bien dans la culture que dans la religion... Mais en même temps, il y a une grande espérance, c’est l’espérance que ce pays va être converti, comme l’avait dit Marthe Robin : « Un jour la France va tomber tellement bas, qu’elle se relèvera mais par la grâce de Dieu et par le Cœur Immaculé de Marie ».
C’est là où, en fait, notre combat de créditiste doit se faire d’abord ; il doit commencer à genoux le matin très tôt, à genoux à la chapelle, pour prier devant le Saint-Sacrement, devant le Cœur Immaculé. Comme sainte mère Theresa qui commençait par adorer le Seigneur avant d’aller s’occuper des pauvres. Voilà ce que je voulais vous dire.
La fraternité entre les peuples, c’était un bonheur de voir que nous la vivons ici déjà, dans cette Maison de l’Immaculée et cette Maison Saint Michel à Rougemont. Parce que nous sommes de tous les continents et que nous vivons, nous essayons de nous connaitre, de nous aimer, les uns les autres, de nous apprécier chacun avec les richesses que le Bon Dieu a mis dans nos cœurs et dans nos cultures. Amen !