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La vie créditiste - V

Louis Even le dimanche, 15 septembre 1940. Dans La vie créditiste

Avec de la collaboration

Dites donc, monsieur Even, au nom des bons créditistes de l’Abitibi, puis-je avoir une place, un tout petit coin dans votre journal?

— Mais certainement, monsieur Forest. Le journal est à vous, les créditistes, pas à monsieur le banquier. C’est vous, non pas le banquier, qui le faites vivre. Si le banquier a pris le Canada, il n’a pas encore pris votre journal, et par votre journal nous lui reprendrons notre Canada.

— C’est que nous, créditistes de l’Abitibi, sentons le besoin de dire à tous les amis de la cause qu’il y a du sang créditiste, et du vigoureux, dans le Québec du nord.

Je vous crois. Comme tous ceux qui prennent la peine de réfléchir sans préjugé, vos concitoyens jugent qu’ils ont droit de vivre chez eux. Puis ils sont fatigués de se laisser bourrer le crâne avec des sonorités et des sottises de toutes sortes.

— Mais je tiens à signaler que, si le Crédit Social s’est rapidement développé dans l’Abitibi depuis quelque temps, nous le devons à l’esprit de coopération de gens qui sont formés à la coopération. Les membres de nos coopératives, les membres de l’U. C. C., surtout dans la partie ouest, se sont levés pour réclamer le droit de vivre et se sont donné la main pour obtenir des réalisations.

— Et je constate qu’ils sont sur la voie des réalisations. Rarement a-t-on vu un mouvement faire autant de progrès en si peu de temps.

— Nous sommes partis de rien ou de presque rien et nous avons fait quelque chose de grand, de remarquable, parce que tous, comprenant qu’ils ont les mêmes besoins et veulent la même chose, y ont mis du leur. Il fallait des moyens d’action pour les organisateurs qui ont préparé votre tournée. On a lancé l’appel et les mains ont exploré le fond de poches déjà bien drainées pour en sortir ce qui pouvait rester. Les Roy, les Lapierre, les Goyet, les Larose, les Noël, les Hervieux, les Rompré, les Fortin, les Trottier, et combien d’autres, ont fait leur large part.

Puis le chapeau a passé aux assemblées et les sous ont fait des dollars, et les dollars ont permis des merveilles.

Aussi, je profite de l’occasion pour souligner que le beau succès de la tournée est l’oeuvre d’un grand nombre. C’est le fruit de la coopération, de l’esprit d’union mis au service d’un objectif commun.

À tous les collaborateurs un simple mais sincère merci.

J.-Aldéo FOREST organisateur créditiste de l’Abitibi, Amos

La rectitude morale d’un seul vaut mieux que le salut temporel de tout le peuple, et jamais le plus formidable intérêt temporel collectif ne justifiera la moindre faute morale personnelle.” J. V. Ducatillon, o. p.

En Abitibi

La flamme était allumée en Abitibi. Il fallait activer le feu et établir l’action solidement pour les mois à venir.

Déjà des organisateurs locaux, sous l’impulsion de M. Aldéo Forest, d’Amos, avaient fait adresser la parole dans divers centres par le Dr Wm Desrosiers de Val d’Or. Tous réclamaient maintenant la visite de monsieur Louis Even lui-même.

À quoi notre directeur répondit avec joie dès que tout fut prêt.

La tournée est un succès. À l’heure où ce rapport est rédigé, le conférencier connu a porté la parole dans quinze paroisses différentes. Beau temps, mauvais temps, les salles sont bien fournies. Des colons viennent aussi des paroisses voisines.

On a vu des voitures traînées par des chevaux reprendre, à minuit, une route de deux heures, par un temps désagréable, et pas un des occupants ne regrettait une soirée qui l’avait enlevé à son foyer dès six heures du soir.

C’est d’ailleurs le pays des héroïsmes. On pourrait même citer tel colon de Rivière Turgeon qui, en une occasion, fit 15 milles à pied pour venir, à La Sarre, entendre une conférence sur le Crédit Social. Le même, se faisant apôtre, marchait 60 milles pour grossir de cinq le nombre des abonnés à Vers Demain.

D’autres s’organisent pour venir debout en camion, chantant sous la pluie.

Les deux assemblées régionales, celle d’Amos et surtout celle de La Sarre, furent un grandiose succès. Par le nombre, oui; par l’attention soutenue plus de deux heures durant, oui; mais aussi par la réponse à l’appel à l’étude, à l’appel au sacrifice. Pas le sacrifice pour engraisser le banquier, celui-là, mais le sacrifice pour se débarrasser de son exploitation.

Le dimanche 8 septembre, aux trois assemblées de La Reine, La Sarre et Dupuy, le journal a recruté plus d’abonnés qu’il n’en avait jamais recrutés en une seule journée jusqu’ici. Même le dimanche de la Beauce, qui tenait le record jusqu’ici, est éclipsé par l’Abitibi.

L’Institut compte maintenant (10 septembre) des membres dans 30 paroisses de l’Abitibi. Le conférencier en a encore une dizaine à visiter. Dimanche prochain, après Landrienne, il parlera à Malartic et à Val d’Or.

Une délégation venue de Rouyn à Macamic l’a prié de rester une journée de plus dans la région et de la donner à Rouyn. Notre directeur l’a accepté de bon coeur et il sera dans cette ville minière le lundi 16 septembre.

Les créditistes de l’Abitibi souhaitent que le mouvement gagne le Témiscamingue. Plusieurs se proposent d’écrire à leurs parents et amis du comté voisin, ou même d’autres comtés, pour leur “introduire” le Crédit Social et leur demander de pousser l’idée et préparer leurs paroisses respectives en vue d’une tournée, par M. Even, semblable à celle de l’Abitibi. C’est un acte à imiter; nous le suggérons aux lecteurs de Vers Demain où qu’ils soient. Tout vrai créditiste prend toutes les occasions d’être un apôtre.

Nous ne voulons point faire ici la liste de ceux qui ont aidé MM. Forest et Goyet d’Amos, et MM. Roy et Lapierre de La Sarre, à la réalisation d’un programme idéal. Elle serait longue et des noms méritants resteraient sans doute dans l’ombre. À tous félicitations et merci; c’est pour une cause commune.

Notre directeur quittera donc cette région de bâtisseurs du pays, en y laissant un Institut bien établi pour continuer le magnifique travail d’éducation. Un rayon d’espoir grandissant luit désormais sur quelques milliers de familles lasses de peiner, de se priver, de travailler pour des exploiteurs.

L’Abitibi va maintenant recevoir une autre visite, sur un autre ton et dans d’autres conditions celle-là. Les journaux l’ont annoncée et réannoncée. Il s’agit du solennel voyage de l’honorable premier-ministre, de l’honorable ministre de la voirie, d’une bonne représentation de députés que nous ne voulons pas qualifier et de Chambres de commerce qui savent si bien applaudir les grands du jour.

Cette caravane distinguée défilera dans le pays des colons et des mineurs. Réception civique à Amos, banquet au Château Inn, grand souper à Rouyn, lunch de couronnement à Val d’Or — rien ne manquera pour donner de la splendeur à cette excursion aux frais de la province, qui apportera sans doute beaucoup de soulagement aux arracheurs de souches et aux payeurs de taxes !

Deux objectifs, deux manières.

Un défi du nord

Les créditistes de l’Abitibi ont lu le défi lancé par leurs confrères de la Beauce à ceux du Lac Saint-Jean. À leur tour, ils lancent un défi à la Beauce aussi bien qu’au Lac-St-Jean. Les membres de l’I. A. P. de l’Abitibi sont bien décidés à placer leur comté au premier rang pour le nombre d’abonnés avant la Saint-Sylvestre.

Assemblées prochaines

M. Louis Even sera le conférencier aux assemblées suivantes, ainsi qu’à quelques autres dont le lieu n’est pas définitivement fixé à l’heure où nous mettons sous presse:...

Louis Even

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