L’abbé Fernand Albert, du Nouveau-Brunswick, est décédé le 13 mars 2013 (jour de l’élection du Pape François), à l’âge de 86 ans. Assoiffé de justice, il a compris l’Œuvre de Vers Demain. Curé de paroisse, il accueillait généreusement dans son presbytère, les missionnaires à plein temps des Pèlerins de saint Michel qui allaient de porte en porte visiter les familles de sa région.
En nous annonçant le décès de son frère, M. Raymond Albert nous a écrit:
“Le Père Fernand était et fut le pasteur par excellence des pauvres, des déshérités et des abandonnés. D’une immense générosité, il s’est tout donné jusqu’à l’épuisement.”
Aux funérailles de l’abbé Fernand, c’est l’abbé Wesley Wade, administrateur diocésain de Bathurst, qui a fait l’homélie. Nous en publions des extraits:
«En écoutant les différentes priorités de la vie pastorale de notre nouveau pasteur universel (S.S. le pape François), j’étais heureux d’apprendre sa prédilection pour les pauvres et les sans-voix de son diocèse. Ceux et celles qui connaissent le parcours pastoral du Père Fernand, savent jusqu’à quel point il était proche des pauvres et des moins nantis dans notre société. Dans les années 60 et 70, il allait jusqu’à construire des maisons se servant de ses talents de menuisier et même d’architecte pour les personnes qui vivaient dans des conditions de logements pitoyables.
«Je me rappelle, comme jeune prêtre, comment j’avais été impressionné en le visitant dans la paroisse de Lorne, quand il me montrait et m’expliquait toutes les poutres qu’il avait placées, dans l’attique de l’église de Lorne afin de la solidifier. Je vous avoue que je n’avais pas tout compris ses explications d’expert en la matière… Il le faisait avec tellement d’enthousiasme et traduisait ainsi son amour et son attachement pour la portion du peuple qui lui était confiée...
«J’ai toujours perçu le Père Fernand, comme un homme de profondes convictions au niveau théologique, pastoral et autres éléments touchant la vie économique du peuple. C’était un homme zélé, dévoué, un amoureux du Christ et de son Église. Il aimait ses confrères et notre Église diocésaine.
«Aujourd’hui en Église nous bénissons le Seigneur pour la vie, le témoignage et le grand dévouement du Père Fernand auprès des communautés paroissiales qui lui étaient confiées. Au nom de l’Église diocésaine, je remercie sa famille pour l’encouragement et le soutien qu’elle a toujours manifestés à son endroit lui permettant de répondre à l’appel du Seigneur à devenir prêtre, au service du peuple de Dieu.
«Aujourd’hui dans notre esprit de foi et d’espérance, nous confions notre confrère à la bonté et à la miséricorde de Dieu… Le Père Fernand croyait profondément dans le pardon et la miséricorde du Seigneur. Il en était l’instrument et le signe par son ministère, par le Sacrement du Pardon et les autres sacrements qu’il présidait. C’est avec joie, gratitude et espérance que nous puisons dans la miséricorde du Seigneur, manifestée par son cœur ouvert sur la croix en demandant au Seigneur pour et avec notre frère Fernand des grâces de pardon et de réconciliation. Notre espérance pour ce pardon et la promesse de la vie éternelle trouvent leur fondement dans la mort et la résurrection du Christ, ce qu’on appelle le mystère pascal.
«Nous demandons au Christ Ressuscité d’accueillir son serviteur, son pasteur et notre ami Fernand dans son Royaume. Oui, Seigneur, accueille notre ami et comble-le de ta paix et de ta joie éternelle. Et du cœur de Dieu, Fernand, continue à veiller sur nous, sur ta famille et sur notre Église diocésaine. Fernand, tu as été un serviteur vaillant et dévoué. Nous te confions à Dieu. Nous te disons adieu. Un jour nous nous retrouverons. Amen.»
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L’abbé Fernand était le fils de M. et Mme Jérôme Albert, de Caraquet, qui étaient membres de l’Œuvre de Vers Demain. Toute cette famille acadienne a compris la grande vérité du Crédit Social qui assurerait le pain quotidien à tous.
Vers Demain a toujours pris la défense des pauvres. Particulièrement dans les années 1955-1965, Vers Demain avait dénoncé la cruauté des percepteurs de taxes auprès des familles pauvres du Nouveau-Brunswick, menacées de perdre leurs maisons pour des arrérages de taxes. Ils n’avaient pas de sous à donner pour les taxes. Ils ne réussissaient même pas à nourrir leurs familles nombreuses et à entretenir leurs cabanes extrêmement pauvres. Un shérif allait chaque mois aux maisons collecter les taxes foncières et intimidait ces familles démunies de tout.
De longues listes de maisons à vendre étaient publiées dans le journal acadien. Louis Even, notre vénéré fondateur, a dénoncé ces graves injustices dans des émissions de radio et télévision. Le journal Vers Demain a mis dans ses pages des photographies de ces familles misérables et de leurs pauvres maisons qu’on voulait leur enlever, le seul bien qu’elles possédaient.
Grâce aux dénonciations de Vers Demain contre ces graves injustices et contre l’escroquerie du système bancaire, la cause première des taxes, les autorités civiles ont cessé d’envoyer un shérif aux maisons et ont été moins mesquins. Louis Even avait fait ressortir une clause de la loi sur la fiscalité qui permettait aux familles très pauvres d’être exemptées de taxes.
L’abbé Fernand Albert a été curé à Lorne pendant 30 ans. Quand il est arrivé dans cette paroisse, en 1965, il remarqua que les maisons étaient très pauvres et avaient besoin de réparation. Il organisa des cours de menuiserie au printemps 1966. Il contribuera à la formation d’un organisme de construction de maisons. En dix ans, 75 nouvelles maisons furent construites pour loger décemment des familles.
L’abbé Fernand Albert a bien compris cette parole du Pape Pie XI, publiée en 1931: «Telles sont les conditions de la vie économique et sociale, qu’un nombre très considérable d’hommes y trouvent les plus grandes difficultés pour opérer l’œuvre, seule nécessaire, de leur salut éternel.»
Les directeurs, les Plein-Temps et les grands apôtres des Pèlerins de saint Michel de toutes les régions du Canada unissent leurs prières à celles de la belle famille Albert, de Caraquet, Nouveau-Brunswick, pour le repos de l’âme de leur cher frère défunt, le révérend Père Fernand. Nous offrons à chacun et chacune des membres de la famille, nos plus profondes et affectueuses sympathies. Dimanche, le 24 mars, les Pèlerins de saint Michel étant réunis à leur assemblée mensuelle, à St-Michel de Rougemont, ont fait célébrer la Sainte Messe pour le repos éternel du très dévoué et distingué Pasteur des âmes, Père Fernand Albert, qu’ils ont tous connu et aimé.
Les Directeurs de Vers Demain